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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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passe-partout dont Bastoche m’a affublé : Jean Lavoie. Je signe le registre et je prends la chambre de mon choix.
    Une fois installé dans cet appartement que dut occuper avant moi ce mystérieux voyageur Fabien Delorme, je salue l’aventurier.
    Où va-t-il ? Chercher l’oubli dans l’ivresse ? Au bras d’une concubine ? Non, le temps va changer. Il est tard, mais la lampe des poètes au labeur brûle encore, comme un phare dans la nuit, quand les ténèbres s’installent.
    Don Juan de Tolède me quitte pour aller visiter François de Lyon.
    Il veut fermer les yeux en paix, en écoutant le murmure de la plume marchant sur le papier.
    Présentations avant exposition
    Le soir vient de tomber. Deux hommes me demandent.
    Ils n’ont pas voulu donner leur nom.
    Je me méfie.
    — Qu’ils montent, dis-je, en m’écartant de ma porte que j’ai laissé entrouverte, le pistolet au poing, rapière en main.
    Je baisse les armes.
    Messieurs Gilles Tancelin et monseigneur l’abbé Bernardin du Querroy me saluent bien bassement.
    — Voici monsieur Renard tout à fait rassuré, me dit don Juan en prenant d’ores et déjà sa voix de pieux vieillard. La qualité évidente et le bon air de ces visiteurs venus vous saluer ont épanoui soudain le cœur froid de l’hôtelier. Sa digne maison va retrouver tout son lustre. La Providence que vous représentez, monsieur d’Artagnan, malgré sa mine défaite et son allure ingrate, cache bien son jeu : que nul n’en doute, cette grande dame est bien une femme honnête, riche, confite en dévotion, philanthrope !
    Ce disant, don Juan de Tolède ou plutôt l’abbé Bernardin du Querroy tend la main, et monsieur Fortunio, métamorphosé, empâté, embourgeoisé, sort une pesante escarcelle de sa profonde poche pour la remettre aux bonnes mains noueuses de son complice.
    — Avec cela, le cardinal dit vrai, nous allons nous faire des amis !
    Les maquillages, le grimage, les vêtements, tout est parfait.
    C’est à se demander comment l’on a pu obtenir une telle réussite, un tel changement.
    — Alors, qu’en pensez-vous ? me demande Fortunio, en se désignant, en variant les profils, pour que je l’admire sous toutes les faces comme une ronde bosse.
    — Admirable ! dis-je , tout simplement admirable, messieurs, chapeau bas, vous êtes méconnaissables .
    — Dans ce cas, dit don Juan, pas une minute à perdre. Une voiture nous attend en bas. Le cardinal à qui j’ai fait parvenir votre nouvelle adresse a eu la bonne idée de mettre à notre disposition un coche des plus luxueux. Chevalier, il ne vous reste plus qu’à allumer un cierge et à prier pour nous. Je reviens vous voir dès que la fête est finie, quitte à vous sortir du lit !
     
    L’aube pointe quand don Juan de Tolède vient me tirer du sommeil. Je m’étais endormi. L’aventurier est débarrassé de tous ses postiches, le voilà redevenu Amadéor.
    — Ouvrez bien les oreilles, monsieur d’Artagnan, je vais vous rendre compte à livres, sous et deniers !
    Au centre de la toile…
    “Mais voici les faits, la situation, que mes yeux soient les vôtres. Monsieur de Barbezon n’a pas rechigné à la dépense. Il veut briller en société. Sa fête est une splendeur. Nous entrons, monsieur Tancelin et moi-même, en grand équipage, ne jurant point au milieu de ces carrosses roulant sur l’or. Et dans les paniers de ces voitures, quel éventail de jolies femmes ! On ne sait où fixer son attention, tant l’envie vous prend de comparer une à une ces gorges découvertes, ces regards de biches entre les rideaux, ces fleurs au balcon, ces colombes à la fenêtre… Mais, hélas, le devoir avant tout. Monsieur Tancelin m’ouvre la porte. Je sors à petits pas, canne en main, les yeux pétillants, plein de sève mais le dos courbé, la vue basse et l’ouïe comme indifférente à toutes ces envolées lyriques saluant l’arrivée des invités. Des luthistes et des flûtistes se succèdent, tels de vivantes statues, de marche en marche, le long des escaliers croulant sous les fleurs et les guirlandes. Monsieur Tancelin, amateur et connaisseur, apprécie à sa juste valeur le brio des instrumentistes :
    — Le bel accueil, mon père ! Ce monsieur de Gaillusac est décidément grand seigneur !
    — Parlez plus fort, mon jeune ami, lui dis-je en mettant la main au cornet, je n’entends rien à ce que vous dites, que de bruit, que de bruit…
    Une estrade a été aménagée, au centre de la cour.
    Nous allons

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