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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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cela, il faudra se porter sur deux fronts.
    Don Juan de Tolède se chargera d’infiltrer la troupe de Lanteaume, et de mon côté, je tâcherai de reprendre à monsieur Hubert de Gaillusac, notre ambassadeur, cette autre moitié de la lettre qu’il va mettre sous clé. Pour ce faire, je prendrai le relais d’Edmond de Villefranche en approchant l’épouse Adélaïde. Mais nous n’en sommes pas encore là. Avant cela, il faut d’abord suivre la belle frondeuse, Margaux, dite l’Alouette. N’oublions pas qu’elleest attendue, au bois du roi Jean, devant la tombe de l’inconnu, par un gentilhomme des plus mystérieux et des plus inquiétants. Qu’a-t-il à offrir ? A-t-il bien partie liée avec la Cabale des Importants ? À quel titre ? Quel est son plan, quelles sont ses résolutions ? Nous allons bientôt le découvrir.
    Dès que la voie nous paraît libre, nous courons, Amadéor et moi-même, retrouver nos montures. Là encore, il faudra précéder les autres.
    Nous nous remettons en selle et reprenons notre route en forçant l’allure. Quelques instants plus tard, au débouché d’une course folle, nous arrivons à proximité du point de rendez-vous. Nous laissons nos chevaux au pied d’un arbre, nous marchons à travers bois, à pas feutrés, jusqu’à destination. La tombe de l’inconnu, illustre monument taillé par le ciseau d’un maître anonyme, est un foyer de légendes. L’absence de date, de signature, permettant d’identifier l’auguste trépassé, la finesse de l’ouvrage, ornée de figures allégoriques, son imposante masse, sa situation retranchée, toutes ces merveilles et ces questions laissées sans réponse sont autant d’énigmes insolubles que seuls les poètes pourraient prétendre résoudre. Ce tombeau, c’est un rêve de pierre en pleine nature. Nul n’a jamais osé y porter la main, pour le flétrir ou le dégrader. Le temps lui-même semble vouloir l’épargner, en retardant son vieillissement.
    Aux alentours, les arbres se tiennent à l’écart, le protégeant à l’ombre de leurs feuillages tout en se gardant d’y porter ces racines qui pourraient lui nuire. Un collier de pierres et de rochers le ceinture avec respect, écrin sauvage ornant le joyau de granit.
    Nous nous séparons Amadéor et moi-même, en nous dissimulant à quelques pas l’un de l’autre. J’ai trouvé un emplacement idéal, entre deux roches étroitement rapprochées. Le jour qui les sépare n’est guère plus large que la fente d’une meurtrière. Je vais pouvoir y glisser un œil.
    En effet, il était temps de prendre place.
    Le cavalier arrive à vive allure. Je me colle à ma fenêtre et je l’observe. Il tire les rênes, se tient droit, regarde de tous côtés. Il est vêtu d’un habit clair, il porte un chapeau, des gants, et des bottes de couleur brune. Comme s’il voulait faire le tour du propriétaire, déposer son empreinte le long du périmètre, il inspecteles environs, au petit pas. Il s’approche. Je dois me coucher à terre. J’entends souffler sa jument, le bruit des sabots heurtant la pierre. Le cavalier est au plus près. Je suis à couvert, mais si l’homme avance encore, d’un ou deux pas, il me verra. Je reste immobile, le cœur battant. Par chance, un bruit sec, celui d’une branche rompue, détourne l’attention du cavalier, qui revient dans ses traces.
    — Dieu merci, vous êtes là, s’exclame-t-il avec chaleur.
    La frondeuse arrive in extremis.
    Je me relève lentement et reprends mon observation tandis que le gentilhomme s’écarte de ma cachette et se rapproche du tombeau, près duquel se tient la cavalière.
    — J’étais certain que vous viendriez, dit le cavalier en se découvrant.
    — Vous avez piqué ma curiosité. Je vous écoute, répond la frondeuse en le laissant venir.
    — Patience, mademoiselle.
    — Pourtant, hier, dit-elle, vous sembliez si pressé de tout me révéler… ce plan…
    — Oui, je vais tout vous dire, mais voyez ce lieu. Goûtons cet instant. Hier, nous étions dans Paris, près des autres, aujourd’hui, nous sommes seuls dans ce temple. Enfant, je venais souvent m’isoler ici.
    — Vraiment ? demande la cavalière, gagnée comme malgré elle par l’émotion.
    — Oui, j’étais différent. On ne me comprenait pas. J’aimais le calme de la nature, le chant des oiseaux. Déjà, je voulais être libre et ne recevoir aucun ordre. Ne riez pas… je rêvais de vivre comme un sauvage, au milieu des arbres, loin des

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