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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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règles et des usages, des mensonges et des prêtres rôdant dans les couloirs, me faisant la leçon. Je les avais en horreur. J’ai haï cette figure de douleur qu’ils voulaient me voir adorer. Mon Dieu à moi ne parlait pas latin, ne se tenait pas les bras en croix, il ne flagellait pas la chair, il ne murait pas l’esprit entre quatre murs, ceux d’une chambre froide… Il ne m’obligeait pas à radoter des prières. Dieu, je n’avais pas besoin d’y croire pour l’approcher. Sa voix vibrante, douce et rassurante, me parlait au cœur par le vent, le murmure de la rivière courant entre les pierres.
    Le cavalier se rapproche encore, la frondeuse ne recule pas.
    — Et que vous disait-il ? demande la belle Margaux.
    — Il me prédisait qu’un jour je vous rencontrerais, et qu’alors tout prendrait sens. Nous aurons de l’or, mais nous partagerons, nous serons riches, mais cela n’aura aucune importance.
    — Embrassez-moi.
    — Le voulez-vous vraiment ?
    — De toute mon âme.
    La frondeuse approche ses lèvres. Elle ferme les yeux et se laisse embrasser. Un long baiser.
    — Je suis comblé, dit le gentilhomme en s’écartant légèrement et en posant sa main sur le visage de la jeune femme. Maintenant, reprend-t-il, je dois ne rien vous cacher. Approchez-vous, que cela soit comme un secret entre nous, un secret de confident, je veux vous parler au creux de l’oreille au sujet de cette grande action que nous allons mener ensemble.
    Le gentilhomme se penche.
    Ce qu’il dit, hélas, nous ne pouvons l’entendre.
    La révélation achevée, la protégée de Lanteaume tire les rênes de sa jument, lui faisant faire un pas de retrait. La cavalière reste figée, ses lèvres sont scellées.
    — Qu’avez-vous, vous sentez-vous mal ? lui demande son interlocuteur. Cela vous effraie-t-il ? Ne voyez-vous pas l’opportunité à saisir ? C’est votre chance. L’amour nous a réunis, assemblons nos forces et accomplissons un acte héroïque digne de couronner notre alliance !
    Mais le gentilhomme ne peut en dire davantage.
    La paix vient d’être troublée. La cavalière se retourne.
    — Qui est là ? demande-t-elle en empoignant l’un de ses pistolets. Montrez-vous ! Ou je fais feu !
    Main-gauche fait parler les espions
    « Non, Majesté, reprend d’Artagnan, Amadéor n’a pas quitté son abri, et je suis resté à ma place. Trois hommes sortent des buissons, en rentrant dans mon champ de vision. Ils en traînent un autre. Ils sont armés.
    La frondeuse a reconnu cet homme que les intrus laissent retomber à terre.
    — Main-gauche ! dit-elle.
    Sans lâcher son arme, la frondeuse descend de cheval, elle sort un second pistolet.
    — Qui êtes-vous ? demande-t-elle à ces importuns.
    — Pour le savoir, adressez-vous donc à votre bel ami, dit l’un des hommes d’un ton railleur. Un beau comédien, ma foi ! Cher de La Veyre, vous méritez une place à l’hôtel de Bourgogne ! D’ailleurs, nous payons la représentation au prix convenu, nous sommes perdants, vous êtes vainqueurs.
    Ce disant, l’homme décroche une bourse à sa ceinture et la fait voler aux mains du cavalier qui saisit son butin sans remords.
    — Vous n’êtes pas les bienvenus, messieurs, j’allais remporter une partie double et le plus gros était à jouer ! Ne pouviez-vous pas demeurer en retrait, au silence, le temps de me laisser conclure ?
    La frondeuse ne sait plus que penser.
    — Qu’est-ce que tout cela signifie, monsieur ? demande-t-elle d’une voix fébrile à son prétendant.
    Mais le gentilhomme se garde de répondre. C’est l’un des ses compagnons qui le fait à sa place :
    — Cela signifie que vous étiez l’objet d’un pari, chère mademoiselle. On vous dit farouche, imprenable comme une citadelle. Monsieur Philippe de La Veyre, notre ami ici présent, releva le défi que nous lui lançâmes, il y a quelques jours, à La Tour d’Auvergne . Il était certain de vous séduire, et d’obtenir en moins d’une semaine le plus éclatant des trophées : un baiser de vos lèvres ! C’est chose faite !
    L’un des trois hommes prend la parole à la suite de son compagnon :
    — Mais La Veyre a la folie des grandeurs. Il en veut toujours trop. Non content de prendre la place, il veut encore la manœuvrer à sa guise, remarquez que nous ignorons le fin mot de l’histoire. Nous sommes ses amis, pas ses intimes. S’il nous a invités à regarder la pièce, afin que puissions solder nos dettes en cas de

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