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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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vous étiez certain de pouvoir me convaincre. J’imagine pourtant que vous ne venez jusqu’à moi qu’en dernier recours, n’est-ce pas ?
    Gaillusac doit feindre la surprise, la lucidité de cet homme le désarme et manque de le paralyser :
    — Que voulez-vous dire ?
    — Les ombres sont sournoises, elles frappent de dos, elles terrassent à froid plutôt qu’en force, en guerre déclarée. Le poison fut l’idée première, n’est-ce pas ?
    L’ambassadeur commence à mieux comprendre quelle sorte d’homme est ce Lanteaume. Ne pas le prendre pour un imbécile. Aussi décide-t-il de jouer franc jeu, au risque de perdre la partie.
    — Vous avez raison, la clarté est garante des bonnes affaires. En effet, il fut bien question d’employer les services d’une empoisonneuse.
    — Desdémone, exact ?
    — Seriez-vous extralucide, monsieur ?
    — Je mène une vie de hibou, mais je vois loin et j’entends tout. Pour le reste, je fais les rapprochements qui s’imposent. J’aiappris que cette femme est à Paris. Mais revenons à nos moutons, poursuivez.
    Gaillusac doit reprendre contenance et répondre à la demande de ce diable d’homme. Il revient donc au manuscrit.
    — Enfin, vient en bas, sur la seconde moitié du document, la liste des conjurés. Il ne manque plus que votre signature…
    — Dans ce cas, partageons.
    — Que voulez-vous dire ?
    — Moitié-moitié.
    — Je ne vous entends pas, monsieur.
    — Déchirons le parchemin. Vous prenez le serment, la confession, je prends les noms. L’un ne vaut rien sans l’autre. Nous sommes liés. Cependant, je reste méfiant. Il serait tentant, afin de s’en laver les mains, d’envoyer à la corde celui qui prit le chemin de la Grève. Une fois la besogne abattue, vous pourriez chercher asile entre les jambes de vos protecteurs. Si vous voulez mener à bien cette affaire, il va falloir payer de votre personne. Je veux une caution : la moitié de votre fortune. Car vous êtes riche, n’est-ce pas ?
    — Ah, monsieur, on n’est jamais aussi riche qu’on veut le faire croire…
    — Entendons-nous. Dès demain, cet homme, dit Lanteaume en désignant Main-gauche, se présentera chez vous, vous lui remettrez cette somme. Quand tout sera fini, si vos employeurs honorent leurs promesses à mon égard, je vous rendrai ce qui vous appartient.
    — Monsieur…
    — Allons, c’est à prendre ou à laisser. Vous savez que je tiens parole. Décidez.
    — C’est bien, monsieur, vous me tirez à quatre, mais j’accepte, dit Hubert de Gaillusac en retirant son masque. Fargis fait de même. Cette fois, il est tout à fait identifiable.
    L’ambassadeur fait un signe à son homme. Fargis retourne au carrosse. Il revient avec un stylet et de l’encre.
    Il présente le tout à Hyppolite de Lanteaume.
    Celui-ci descend de cheval. Il enlève sa cape, puis son pourpoint, et remonte sa chemise. Il prend le stylet et tire d’un coup sec en fixant l’ambassadeur dans les yeux. Le sang coule.Fargis s’empresse de placer un godet sous la blessure afin de recueillir le précieux dépôt.
    Lanteaume n’a plus qu’à prendre la plume et à signer.
    La chose faite, le parchemin est plié, puis déchiré en deux.
    Chacun empoche sa moitié.
    Reste à convenir de la somme, sonnante et trébuchante. Pour le maître et la main-d’œuvre. Après quelques négociations, un accord de principe est conclu. L’ambassadeur remet une avance à Lanteaume pour preuve de notre bonne volonté.
    Le brigand a encore deux questions :
    — Où et quand ?
    — Dans quelques jours, nous vous tiendrons informé. Tenez-vous prêt et attendez nos consignes.
    Gaillusac donne son adresse, afin que l’émissaire de Lanteaume puisse se présenter à la bonne porte et repartir avec la caution.
    Les deux camps vont se séparer. L’ambassadeur salue le grand brigand et l’encourage :
    — Adieu, monsieur, et que Dieu vous vienne en aide.
    Mais Lanteaume remonte en selle, sans serrer la main qu’on lui tend. Il répond froidement, avant de commander le départ de ses troupes :
    — Pardonnez-moi, mais j’ai pour coutume d’agir seul, ou avec mes hommes, ce qui revient au même.
    Dans le creux de l’oreille
    « Voyez que tout se complique, Majesté, dit d’Artagnan en détaillant les enjeux à son jeune et glorieux auditeur. Nous devons mettre la main sur ce document, le pacte des conjurés. Cependant, il s’agit désormais de réunir ce qui vient d’être séparé. Tâche périlleuse.
    Pour

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