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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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dans Paris, librement. Mais je dois, avant cela, accomplir un acte d’importance. N’en soyez pas effrayée, nous allons à la Bastille.
    La Bastille, ce mot fait trembler la passagère.
    Elle passe la main sous sa cape et empoigne cette courte dague qu’elle garde dissimulée sous l’étoffe du manteau.
    En voyant le trouble se peindre dans les yeux de la jeune femme, Mazarin juge bon de s’expliquer :
    — Ces messieurs de la Force – par ailleurs de dévoués et loyaux serviteurs – ont commis hier une méprise judiciaire. Du reste, ils furent sans doute mal informés, induits en erreur par quelques calomniateurs qui voulaient les pousser à faire le ménage aux abords de la Ville. Le peuple le plus civilisé est encore bien superstitieux ! Il prête l’oreille aux légendes, il entretient une vieille tradition de persécution ! Hélas, l’étranger n’en finit pas de rassembler les haines, il nourrit les colères, il réveille la peur ! Le Juif est un mangeur d’or, il vide les coffres, il répand la peste et fait tourner l’eau du puits, l’Italien – j’en sais quelque chose – ne vaut guère mieux, pis, il aime le sang ! Quant aux bohémiens, ces gens-là sont des bourreaux d’enfants, ils mangent de la chair humaine et dansent avec le Diable ! Et notre Justice est habituée de longue date à leur faire payer le prix de leurs crimes. On condamne avant d’enquêter, on brûle sur simple dénonciation, on enchaîne par mesure de sécurité ! Il faut faire jurisprudence ! Oui, il est de mon devoir, puisque j’en ai lepouvoir, de libérer ces innocents. Je vais à la Bastille porter moi-même une grâce. Hier au soir, un campement de bohémiens a été mis aux fers. Les chefs d’accusation, des plus graves, sont parfaitement erronés.
     
    (Mais que le lecteur sache ce que contenait la lettre de l’Italienne, pour explication :)
    Mon ami, j’ai une faveur à vous demander.
    Votre Bastille abrite injustement, depuis quelques heures, un groupe de bohémiens de passage en votre bonne ville de Paris. Ils auraient eu pour projet d’enlever des fils de famille. Histoire insensée, je puis vous l’affirmer. Par ailleurs, je souhaite engager à mon service une partie de ces vagabonds. Merci d’agir promptement et de les remettre en liberté, je vous en saurai grâce.
    Desdémone
     
    — Une grâce, dites-vous… La main de la jeune femme relâche l’instrument d’exécution.
    — Mais c’est l’affaire d’un instant. Vous voilà toute pâle.
    — Cela change tout.
    — Que voulez-vous dire ?
    Valériane ne peut garder le silence, elle doit tout révéler, au risque de subir son châtiment :
    — Je ne suis pas votre fille. On vous a trompé, je vous ai menti.
    Le cardinal reste sans voix.
    Valériane poursuit :
    — Ces bohémiens, je suis l’une des leurs. J’étais là quand ils furent encerclés. Mais un gentilhomme est venu me délivrer alors qu’on allait me saisir et me conduire avec les autres au fond d’un cachot. Il m’a dit que je pouvais les sauver, qu’il était encore temps. Parmi les prisonniers, se trouve l’homme que j’aime. Pour lui, pour le délivrer, j’aurais fait n’importe quoi, et l’autre le savait. Il a dû tout manigancer. Il s’est servi de moi. Il m’a parlé de cette femme, Desdémone. Il m’a dit qu’elle était, autrefois… votre maîtresse. Qu’ensemble, vous aviez eu un enfant, une fille, que cette fille, vous ignoriez jusqu’alors son existence… qu’il y avait moyen de me faire passer pour elle, que j’avais son âge, et qu’ainsi, puisque vous ignoriez son visageet que vous attendiez qu’on vous la présente, qu’on vous la rende, je pouvais par cette simple lettre que je vous ai fait remettre, être reçue en audience particulière. Vous m’avez fait monter à bord de votre voiture, et si vous ne m’aviez pas dit ce que vous venez de me dire, je vous aurais tué, sans hésiter, avec cette dague que je porte contre moi, sous ce manteau. Cet homme m’avait assurée que ceux qui voulaient votre mort allaient être assez puissants, après votre trépas, pour me remercier en libérant les miens. J’ai donc obéi. Pour eux, pour le retrouver, lui. Je ne vous connaissais pas, j’allais moi aussi tuer un étranger , mais vous êtes un homme bon et généreux, j’implore votre pardon. Grâce, Votre Éminence, grâce, dit encore Valériane en s’effondrant aux pieds de Mazarin.
    En lieux sûrs
    Tombé de haut, ayant échappé d’un

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