Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
Vom Netzwerk:
seulement ? Les choses eussent été peut-être différentes.
    C’est un rêve qui décida Desdémone à sortir de chez elle, à déposer le voile. La veille, en effet, elle avait fort mal dormi. Elle fit un mauvais songe. Un songe qui avait toute l’apparence d’un rêve prémonitoire. Elle sentait confusément que sa fille était en danger. Des images lui restèrent au réveil : des combats, des morts.
    Elle s’en ouvre au brigand. Elle espère, sans doute, le décider par ce dernier argument. Mais Lanteaume tient ferme. Je ne crois pas à vos mirages, vos périls en peinture ne me font pas peur. Mais rassurez-vous, lui dit-il , pour les prochains jours, je veillerai à ce que Margaux soit mise à l’abri.
     
    Desdémone s’en va.
    Lanteaume raconte toute l’histoire à son lieutenant Main-gauche.
    Or Main-gauche est las de servir ce capitaine ombrageux, autoritaire, admiré de tous. Il le jalouse, il couve sa haine.
    Un émissaire vient au camp. Cet émissaire, c’est la Cabale qui l’envoie.
    Le coup de feu est prévu pour le lendemain, à minuit, porte Saint-Marcel. C’est là que les tireurs vont devoir prendre position.
    Lanteaume donne ordre à Main-gauche de conduire Margaux à l’abri. Reste près d’elle jusqu’à ce que tout soit fini , lui dit-il. Compte sur moi, lui répond ce traître.
    Main-gauche accompagne Margaux en lieu sûr.
    Mais il ne reste pas près d’elle. Il va rendre visite à Desdémone.
    Il se présente, se fait reconnaître et s’entretient secrètement avec l’illustre empoisonneuse.” »
    Un acteur de second rôle
    — Main-gauche ! dit le roi, ce Lamortdieu qui perdit son poing sous le couperet de maître de La Hache, devant les yeux de notre héros, don Juan de Tolède, ce Lamortdieu est un bien triste personnage ! Son malheur semble avoir scellé sa destiné.
    — Chaque homme a la possibilité d’en changer, Sire, l’homme décide et Dieu dispose, à moins qu’il ne s’efface, laissant l’âme égarée à ses chemins perdus, attendant en retrait et en confiance, le retour du disparu.
     
    « Oui, ce Main-gauche a quelque chose de fort pathétique. Je le vois se rendre chez Desdémone, je l’entends mot à mot lui adresser la parole. Le voici, Majesté, dans Paris. Il serre le poing, ce poing qui lui reste, ce poing monstrueux de folle puissance, ce poing qu’il a tant de fois déformé déjà, en l’obligeant à se souiller dans le sang, à accomplir de sales besognes.
    Il s’est fait beau, du reste. D’ailleurs, il n’est pas vilain garçon, mais ce rictus qui plisse ses lèvres quand il sourit fait reculer la sympathie. Ses yeux sont durs, ils brillent d’un éclat froid et terrible. Ces yeux jugent et mentent, ces yeux n’ont plus de larmes. Oui, il s’est fait beau, il se refuse à plaire, les circonstances ne s’y prêtent guère, mais il ne veut pas avoir l’air d’un faquin, d’un misérable, près de cette femme qui a toute la beauté aristocratiqueet distante d’une noble figure immortalisée par le génie de Léonard de Vinci.
    Faute de bagues aux armes de ses ancêtres et de médailles de saint Louis suspendues à son cou, il porte une longue dague à la garde damasquinée, rangée par-devant dans un fourreau du plus beau noir. Il est encore défendu par deux mains gauches , placées de chaque côté de la ceinture. Il est rasé, parfumé, coiffé d’un feutre chargé de plumes. Son manteau descendu sur l’épaule cache son bras privé de force.
    Il vient à cheval, il se présente devant le palais de l’empoisonneuse. Il fait porter un billet à la maîtresse de maison. Sur ce billet, quelques mots : J’ai le moyen de vous rendre votre fille. Je vous attends dehors, belle madame, sans garde, j’entends. Venez seule, prenez votre voiture ainsi que cette cassette que vous souhaitiez offrir généreusement à Lanteaume, en guise de dédommagement et de remerciement pour les services rendus. Conduisez-la en un lieu paisible, loin de tous regards. Je vous suivrai d’assez près pour ne pas vous perdre, d’assez loin pour ne pas attirer les attentions.
    Quelques instants plus tard, le brigand est entré dans la voiture. Il doit y apporter le soulagement, la délivrance, mais c’est l’effroi et l’ombre de la trahison qu’il fait entrer dans la cabine. Desdémone se domine.
    Le brigand admire la femme, se félicite de se trouver enfin au premier plan des négociations, de faire valoir ses droits, d’imposer ses conditions, à

Weitere Kostenlose Bücher