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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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l’heure du rendez-vous. Pour le coup, tout se déroule selon les prévisions. Les brigands de Lanteaume font feu, réduisant le corps défunt de monsieur de Gaillusac à l’état de charpie. Pas un pouce de chair qui ne loge sa balle de plomb. C’est un tir groupé des plus admirable. Les archers sortent de leurs abris, enfermant la place, encerclant le périmètre. Ils ordonnent aux hors-la-loi de se rendre. Ceux-ci doivent recharger leurs canons, les nôtres ne demandent qu’à lancer la représaille. Cette arrestation massive, à laquelle participe d’Artagnan en bonne place, n’est pas accomplie, nous nous en doutons, sans pertes et fracas. Les hommes de Lanteaume, séquestrés dans leurs enclos, tentent le tout pour le tout : une échappée. Il y a prise de fer, corps à corps dans la rue, des escaliers jusqu’aux étages. Acculés, cernés, blessés vingt fois, tombant un à un, le corps en sang, les brigands se défendent avec la vigueur acharnée des Thermopyles… Lanteaume, toujours protégé par sa garde épuisée, met fin au carnage en demandant un cessez-le-feu.Il se rend pour épargner ce qu’il reste de ses troupes, pourtant prêtes à essuyer vaillamment la défaite en acceptant de mourir jusqu’au dernier.
    Je dois faire tomber une tête. Cela ne me réjouit guère.
    Mais Lanteaume montera sur l’échafaud où demain la discorde renaîtra de ses cendres. À l’heure qu’il est, le tourmenteur le soumet à la question. Vile méthode, mais en l’immédiat et pour une fois, la fin justifie les moyens. Nous espérons qu’il nous dira où se trouve la moitié de ce document – la liste des conjurés – qu’il détient.
    Cependant, je ne me fais guère d’illusions : ce genre d’homme est capable d’endurer les pires souffrances sans desserrer les dents. Seul l’illustre maître Hackard de La Hache est encore capable de le briser.” »

Entre les lignes
    D’Artagnan doit interrompre son récit.
     
    — Plusieurs choses, Sire.
    La première, c’est que, vous vous en doutez, Son Éminence ignore encore la véritable identité d’Amadéor, de don Juan de Tolède. Il ne sait pas que son agent privilégié est le fils légitime du maître des hautes œuvres de Paris, le frère de l’homme qui interroge Lanteaume, en le soumettant à l’épreuve des brodequins et du fer chaud.
    Étrange parallèle pourtant entre ces deux hommes, votre parrain et son agent du secret, quand on y songe. Le rouge est leur couleur. Le cardinal est considéré par ses ennemis comme un parvenu, un homme de petite naissance. Il dut vaincre les préjugés, lutter contre la tyrannie du sang, obstacle auquel s’était heurté jadis, en ses vertes années, Jean Hackard de La Hache. Ils sont joueurs, tous deux. Ils aiment séduire, c’est vrai. L’alliance semble solide et durable. Pourtant le cardinal va vouloir y mettre fin.
     
    Vous l’avez compris, Sire, Mazarin sait à présent qui est sa fille.
     
    Desdémone et lui ont eu un long entretien.
     
    Pour l’avertir du piège qu’on lui tendait, elle dut tout dire.
    Quel coup au cœur pour Son Éminence ! Margaux, une hors-la-loi, est donc sa descendante. Là encore, le père naturel va envoyer à la mort le père de substitution. C’est commencer sur de bien mauvaises bases un éventuel rapprochement. Du reste, Son Éminence est fort embarrassé au sujet de son agent. Lui, amoureux ? D’elle, de surcroît ! Impossible. Un aventurier, un libertin, ce n’est certes pas le parti qu’il souhaitait offrir à sa fille.
    Voici pourquoi monsieur votre parrain va devoir tout tenter pour éloigner de son entourage, de France, cet inestimable présent que lui fit le dieu des armées.
    Mais revenons, si vous le voulez bien, dans le cabinet secret de Son Éminence…

Retour en Italie
    — Et la part de Gaillusac ? demande don Juan de Tolède. Où peut-elle être ?
    — Immédiatement après l’arrestation de Lanteaume, d’Artagnan s’est rendu chez feu notre ambassadeur, en compagnie d’une garde armée.
    — Hélas, dis-je en prenant la suite de Son Éminence, j’arrivai trop tard. Nous forçâmes les portes. La nouvelle du fiasco avait diligemment courue. Je découvris madame Adélaïde de Gaillusac mortellement blessée. Elle n’eut que la force de me raconter ce qui venait de se passer. Elle souhaitait s’emparer de cette part de parchemin que possédait son mari. Mais elle n’était pas seule à la vouloir : Fargis désirait également

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