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Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
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valoir son autorité absolue, mais d’Artagnan ne céda point. Un temps pour tout, Votre Majesté , dit-il, en s’éclipsant à reculons. D’ailleurs, tout rétabli qu’il était, le roi devait aussi donner leur part aux médecins. Chose heureuse, le soleil revenait en gloire, il était temps de sortir, d’aller courir dans les jardins.
     
    C’est donc le lendemain, au petit matin, que d’Artagnan retrouve sa place en reprenant la parole.

Le faux de la Cabale
    « — Messieurs, soyez les bienvenus nous dit le cardinal en nous invitant à entrer dans son repaire, une cellule haut perchée dans l’une des tours de la prison, un donjon muni d’une unique fenêtre à croisillons, éclairé par les feux d’un chandelier d’argent, un cabinet de travail où les cartes ornent les murs, recouvrent les tables.Des pigeons voyageurs roucoulent dans leur cage. Le cardinal va régulièrement les nourrir. Ces pigeons sont aussi ses agents du secret. La nuit étant fraîche, la cheminée brûle. Il fait bon, bien meilleur que dans les couloirs humides et venteux des degrés inférieurs.
    Après avoir renvoyé notre escorte, Son Éminence ouvre un petit placard, sort une carafe et trois verres. Monsieur votre parrain nous invite à savourer les arômes d’un vin de Madère, breuvage de qualité, récompense symbolique offerte aux fidèles serviteurs, aux espions remarquables.
    Le temps de notre employeur étant compté, nous devons aller au vif.
    Debout, heureux de pouvoir se dégourdir les jambes, Amadéor fait son rapport en quelques mots tranchés, après avoir vidé son verre, d’un seul trait, comme un soldat, au risque de vexer l’amateur éclairé :
    — J’ai infiltré la troupe de Lanteaume, j’ai gagné sa confiance, mais j’ai été démasqué par cette femme, Desdémone, venue rendre visite à Lanteaume. Dans quel but ? Je l’ignore. Je suis parvenu à m’échapper en laissant croire à mes poursuivants qu’ils m’avaient tué. Dans ma fuite, j’ai été blessé, comme tu peux le voir, au crâne, je suis resté longtemps inconscient, puis toute une journée amnésique. Enfin j’ai regagné Paris en toute hâte pour y être fait prisonnier par le chevalier du guet, ma tête étant officiellement mise à prix. Je n’ai pas le document de Lanteaume et j’ignore où il se trouve.
    Le cardinal écoute patiemment le compte-rendu avant de prendre la parole :
    — Je crois savoir pourquoi Desdémone est venue rendre visite à Lanteaume. Mais j’ignore comment elle a su que tu étais mon agent, et j’ignore encore pourquoi elle t’a dénoncé. Qu’importe. Simple question, par curiosité : es-tu parvenu à séduire cette jeune Margaux, la protégée de Lanteaume ?
    Le don Juan prend son temps avant de répondre :
    — Il se pourrait que dame Nature se soit rebellée et que la chèvre ait pris le loup.
    Le cardinal se lève, en laissant son verre, à moitié plein. Il n’a plus soif.
    — Messieurs, dégustez votre breuvage, mais il est encore trop tôt pour boire du vin sautant. Sans cette lettre, ce document signé, je ne puis aller plus loin, dire : échec et mat. Mais je dois vous expliquer, cher Amadéor, comment nous sommes parvenus à déjouer cette embuscade, à la retourner contre nos ennemis, pris à leur propre jeu.
     
    “Hier, en fin de journée, je recevais un billet. Voici ce qu’il contenait, dit Son Éminence, en sortant une lettre de sa veste, je vous en fais la lecture :
     
    La Cabale de vos ennemis, Éminence, vient de signer un contrat d’alliance avec monsieur de Lanteaume et sa troupe armée. On veut vous tendre un guet-apens. Je peux vous indiquer la date précise et le lieu de ce traquenard où vous serez conduit, malgré vous. Je peux encore vous apporter des preuves impliquant mon mari et tous les responsables de cette conspiration. J’ose croire que vous saurez vous montrez reconnaissant. Monsieur de Villefranche est mort, hélas… mais je sais que nous parviendrons à désigner ensemble un heureux et riche parti qui saura rapidement me faire oublier les tristesses du veuvage. Il serait de bon ton, par ailleurs, que je puisse le recevoir dignement, en faisant heureux usage de cette fortune que feu mon époux aura bien voulu me laisser en partant. Je vous invite donc à procéder à l’échange, mes pièces contre vos signatures, dès ce soir. Prière de voyager seul, à bord de ce carrosse avec lequel vous aurez l’obligeance de venir me prendre devant la porte

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