Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi

Titel: Don Juan de Tolède, mousquetaire du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Abtey
Vom Netzwerk:
restent.
    Germain Hackard de La Hache, le père, le maître, la main de la Justice ; Belles-Manières, homme à tout faire, œil de loup, poigne de fer et cœur de lion ; Edmond de Villefranche, un bras ballant, tête haute, regard clair, impeccable bretteur, digne gentilhomme ; Margaux la frondeuse, faible et brisée, une dague dans chaque main, une paire de pistolets sous la ceinture ; enfin, c’est encore don Juan de Tolède, tête brûlée, intrépide meneur, et pour finir, votre serviteur d’Artagnan aux avant-postes, éclairant la marche, flambeau levé.
    Nous descendons l’escalier sans rencontrer d’obstacles jusqu’au dernier niveau. Il faut briser une porte close, traverser un couloir, affronter encore trois hommes en chemin, ils sont fauchés en pleine course par l’épée de maître de La Hache, maniant son glaive comme une cognée. Fargis n’est pas loin, nous l’apercevons. Il dévale les marches d’un autre escalier menant à la salle des gardes, en soubassement. La salle est vide, de gardes point. Le long de cette salle, il y a encore toute une galerie, en hauteur, avec unautre escalier, à l’opposé. Don Juan, Germain de La Hache et moi-même traversons ce balcon pour fermer la route de Fargis, nous sommes descendus avant qu’il ait pu s’échapper.
    Le voilà pris entre deux fers.
    Trois hommes d’un côté, trois lames de l’autre et lui au milieu.
    — Laissez-le moi, dit Edmond de Villefranche en fouettant l’air du tranchant de l’épée.
    — Faites face, dit-il à Fargis, et venez mourir.
    Le duel s’engage, c’est le cliquetis des lames.
    Nous restons à l’écart, tenus en haleine, surveillant les entrées et les sorties.
    Edmond pousse son adversaire au pas de retrait, mais Fargis rompt pour mieux revenir. Il se fend, Edmond esquive à temps. Il s’écarte. Fargis reprend l’avantage et cette fois, c’est le gentilhomme qui doit fléchir, opposer, sans pouvoir rendre les coups. Fargis le heurte de l’épaule, Edmond tombe et lâche sa rapière. Le voici désarmé.
    Fargis se rapproche, il va porter une dernière pointe, fatale, mais l’Alouette est plus rapide, elle lance une dague qu’elle fait glisser au sol, dans la main du gentilhomme qui s’en saisit in extremis . Il remonte le bras, quand l’autre est à découvert.
    La dague s’enfonce jusqu’à la garde.
    Un pouce de plus, un temps de moins, et Edmond était mort.
    Fargis n’en croit pas ses yeux, il en a le souffle coupé. Il se meurt.
    — À vaillant homme, courte épée, dit Edmond en retirant la dague.
    Fargis tombe à terre.
    — Permettez, dit encore Edmond en fouillant le pourpoint sanglant. Il en retire le trophée de la victoire. Le parchemin.
    — Saluez votre maître, finit Edmond en s’inclinant vers le trépassé.

Impasse
    Maintenant que nous sommes en bas, nous espérons prendre la fuite par la grande porte, à l’aide de la charrette ou des chevaux que l’on trouverait dans la cour. Mais nous arrivons trop tard.
    Ce n’est plus une garde ni même une relève qui arrive au camp, mais tout un régiment. Cette compagnie de gens de guerre à chevalescorte un carrosse roulant devant. Nous n’allons pouvoir dévisager son propriétaire, mais c’est un Grand, assurément. Un Grand qui voulut faire le déplacement pour voir de ses yeux la fille de Son Éminence, prise de roi.
    Beaufort ? C’est probable.
    Qui aurait assez de cran et de moyens pour mener à sa suite autant de cavaliers empanachés, pour oser montrer sa tête quand tous se gardent de la laisser paraître ?
    Quoi qu’il en soit, la sortie est encombrée.
    La cour va être envahie. Les hommes vont se diriger vers la tour. Ils vont voir les morts, la cellule vide, porte ouverte. Il est peu probable que ce magnifique arrivant monte aux étages avec son armée au complet, des troupes vont surveiller les entrées. Il faut donc rebrousser chemin et filer par le haut.
    Nous remontons les marches de l’escalier quatre à quatre.
    Nous venons d’atteindre le dernier palier. Le vent se lève, il vient jusqu’à nous, par l’ouverture. Il nous rafraîchit le visage, trempé de sueur. Bientôt la sortie… quelques mètres encore… et nous gagnerons le chemin de ronde, le grappin, la corde, en espérant que les instruments de notre évasion soient toujours là.
    Oui, il faut se hâter.
    Nous entendons des hommes monter, des paroles échangées.
    Ils vont bientôt s’alarmer, venir en force.
    Le visiteur semble pressé de

Weitere Kostenlose Bücher