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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le serviteur portant la lanterne de papier…
    Don Juan, donc, mesura sa marche sur celle de ces quatre inconnus et assura sa dague dans sa main.
    Il les vit soudain tourner dans le chemin de la Corderie.
    – Au diable les importuns, songea-t-il.
    Mais il se rassura tout aussitôt : les quatre importuns disparaissaient dans l’hôtel Loraydan.
    – Oh ! fit Tenorio étonné. Chez ce gentilhomme qui m’attend demain ? Qui cela peut-il être ? Bon ! De quoi diable vais-je m’occuper là !… Puisque le chemin est libre, courons à l’hôtel d’Arronces !…
    Nous demandons la permission de quitter ici don Juan.
    Nous ne tarderons d’ailleurs pas à le retrouver.
    Pour le moment, nous voudrions bien achever d’indiquer vers quels horizons s’aiguillait la destinée de Jacquemin Corentin, humble personnage à coup sûr, mais qui nous intéresse à l’égal d’un Tenorio, d’un Loraydan ou d’un François I er , car dans la vaste chaudière où s’élaborent les destins de l’humanité, rois et valets, bourgeois et truands, gentilshommes et manants, financiers et savetiers, cuisent ensemble, assemblés de gré ou de force, chacun fournissant sa part de substance et de moelle en vue du Grand Œuvre.
    Nous dirons donc que, le lendemain matin, vers dix heures, Bel-Argent s’étant assuré que son maître, Clother de Ponthus, dormait du lourd sommeil qui suit les grandes fatigues de corps et d’esprit, sortit du logis et s’en vint droit à la Devinière, dans l’intention de mettre à sec un ou deux de ces flacons de Saumur qui faisaient la réputation de cette brave auberge, de concert avec ces fameux pâtés que M me  Grégoire préparait elle-même.
    Nous devons dire que Bel-Argent se trouvait en fonds.
    En ramenant l’avant-veille Clother de Ponthus jusqu’au logis de dame Jérôme Dimanche, Bel-Argent n’avait d’abord songé qu’à son maître ; il l’avait aidé à se coucher ; il lui avait lui-même préparé une boisson réconfortante…
    Le lendemain, Clother avait voulu se lever, mais une fois debout, il s’était aperçu que la tête lui tournait, que ses jambes se dérobaient, et, avec son bon sens d’homme réellement actif et brave, il s’était dit que le plus court était encore d’achever de reprendre ses forces par un suffisant repos et une nourriture substantielle.
    Après un bon dîner, donc, il s’était tout bonnement recouché.
    C’était le jour où Jacquemin Corentin devait reparaître en présence de Juan Tenorio.
    Le lendemain matin à huit heures, nouvelle tentative de Clother : nouvelle constatation d’une faiblesse qu’il se reprochait comme une faute. Au bout du compte, il y eut un fort dîner que ce brave Clother dévora avec une sorte de rage en se disant :
    – Que diable ! Je n’ai eu faim et soif que pendant quatre jours et autant de nuits. Il me semble bien que tout le dégât devrait être à cette heure réparé.
    Il paraît que le dégât n’était pas réparé. Car le jeune homme, en dépit de ses efforts, s’endormit d’un pesant sommeil que Bel-Argent constata avec satisfaction.
    – Il en a bien pour quelques heures, se dit le valet de Clother. Il semble que je puis maintenant m’accorder quelque joyeuse lippée. La Devinière est en face… Oui, mais je n’ai point d’argent ! Or, je connais ce bon M. Grégoire. À un moine, pour tout payement, il demande sa bénédiction. Mais, j’aurai beau le bénir…
    En raisonnant ainsi, Bel-Argent louchait vers la bourse de cuir que son maître avait insoucieusement jetée sur un coffre.
    Ce serait donner de la vertu de ce malandrin une trop haute idée à nos lecteurs que d’insinuer qu’il hésita plus d’une minute. Les yeux fixés sur Clother qui dormait de son mieux, Bel-Argent allongea les griffes vers la bourse en murmurant :
    – Il sourit, c’est un heureux songe qui le visite en ce moment, je suis sûr qu’il rêve qu’il me couvre d’or pour l’avoir arraché au damné Loraydan ; je ne fais donc que réaliser ce beau rêve et devancer les intentions de ce généreux gentilhomme.
    Et déjà l’opération était terminée… déjà une bonne demi-douzaine d’écus étaient tout à la douce sortis de la bourse… déjà, sur la pointe des pieds, Bel-Argent quittait la chambre.
    Quelques minutes plus tard, il faisait à la Devinière l’entrée assurée d’un homme qui a la conscience tranquille quant au payement final…
    Bel-Argent s’assit donc à une

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