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Don Juan

Don Juan

Titel: Don Juan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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voilée. Juan Tenorio sursauta et frémit. Léonor se contint, sûre désormais que l’imposteur serait démasqué. Ulloa regarda autour de lui.
    Mais il ne vit personne !…
    Il ne vit personne… et il fut convaincu qu’il venait d’avoir une hallucination…
    Pendant quelques longues secondes, don Juan attendit l’apparition qui, selon lui, devait suivre aussitôt l’intervention de la voix. Mais rien ne se montra.
    Il était très pâle. Et sa parole fut moins assurée. Ce fut d’un accent contraint, comme s’il eût douté de lui-même, qu’il continua :
    – De quoi est morte Christa, monseigneur ? C’est ce que je ne puis expliquer.
    – Mais, continua-t-il, à diverses reprises, je l’ai entendue se plaindre de soudains étouffements, et d’étranges élancements au cœur. Mon cher et noble seigneur, ah ! laissez-moi vous dire la pensée qui me hanta dès que j’eus l’immense honneur de parler à Christa : cet ange n’était pas pour la terre ! Dieu ne pouvait permettre que cette pureté suave demeurât longtemps éloignée du ciel ! Christa, monseigneur, c’était une fleur précieuse… Son parfum s’est évanoui soudain… Christa, c’était un inestimable diamant… et ce diamant était sans doute destiné à prendre place sur la couronne de la Vierge… Ne cherchons pas pourquoi Christa est morte, monseigneur ! Étonnons-nous plutôt qu’elle ait pu si longtemps habiter la terre !…
    Et don Juan éclata en sanglots… en sincères sanglots. Il se prenait à son émotion. Il en était victime, et son mensonge, en son esprit chaotique, s’érigeait comme une étincelante vérité.
    Le Commandeur frémissait et songeait : ô ma Christa !… Serait-il possible !…
    Léonor s’était mise en prières, et se défendait d’écouter, d’entendre même cet homme… elle attendait que la foudre tombât sur l’effroyable imposteur.
    Et don Juan, dans un mouvement passionné, les mains tendues vers le Commandeur :
    – Oh ! Laissez-moi vous appeler mon père, comme Christa m’avait permis de l’appeler sa sœur ! Oh ! daignez me permettre de vous révéler mon cœur comme je l’avais révélé à l’ange qui n’est plus ! La vérité, la délicieuse et sublime vérité, la voici : j’aime, monseigneur ! J’aime celle qui nous écoute ici ! J’aime de toute mon âme votre fille Léonor, et jamais je n’ai aimé qu’elle au monde, et je vous supplie humblement de me permettre de l’adorer !…
    À ce moment, la voix répéta :
    – IL MENT !…
    Et cette voix, ah ! cette fois, la voix venait de retentir derrière Juan Tenorio ! Et cette fois, don Sanche d’Ulloa vit la porte s’ouvrir. Il vit une femme s’avancer, une femme vêtue de deuil, pareille à quelque sombre fantôme. Et, cette fois, Léonor, d’une voix éclatante, prononça :
    – L’épouse ! Voici l’épouse de don Juan Tenorio !…
    – Silvia ! hurla don Juan, haletant, l’œil en feu, l’écume aux lèvres.
    – Silvia ! dit l’épouse avec une tranquillité sinistre. Sanche d’Ulloa, cet homme ment. Sanche d’Ulloa, je suis Silvia d’Oritza, épouse de Juan Tenorio ! Sanche d’Ulloa, ta fille Christa est morte de honte la veille du jour où secrètement elle devait épouser mon époux… Épouser mon époux ! Entends-tu cela, Sanche d’Ulloa ! Ta fille Christa est morte parce que ce jour-là, moi, Silvia d’Oritza, je suis venue lui dire : « Vous ne pouvez épouser Juan Tenorio parce qu’il est déjà mon époux !… » Juan, je t’ai juré que toujours tu me verrais dressée entre tes victimes et toi, Juan, le ciel est las de tes crimes et de tes impostures. Christa est morte, mais je sauverai sa sœur Léonor que tu poursuis depuis Séville. Et toi, écoute, tu le sais, Juan ! Tu as été prévenu dans la chapelle du couvent des franciscains : C’est sous la main d’Ulloa que tu succomberas… sous la main du père de Christa… sous l’étreinte du Commandeur… Sanche d’Ulloa, faites votre devoir. Accomplissez l’ordre qui vous fut dicté par Dieu dans la chapelle où repose votre fille. Sanche d’Ulloa, de votre main puissante, étouffez l’imposteur !…
    Silvia s’inclina devant le Commandeur, et sans jeter un regard à don Juan, se retira, de son pas majestueux, funèbre apparition qui semblait rentrer à la tombe.
    L’instant d’après, elle avait disparu sans que Sanche d’Ulloa eût eu la pensée de lui parler, de lui poser une

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