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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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en ville encore sept autres créatures ayant besoin d’un endroit sombre et isolé pour dormir durant les heures du jour. Et si, par quelque malchance, un ou plusieurs des Opritchniki avaient choisi cet endroit pour dissimuler leurs cercueils ? Allais-je m’éveiller pour découvrir que j’avais dormi aux côtés des créatures que je souhaitais anéantir ?
    D’un autre côté, il y avait de très, très nombreuses églises dotées de cryptes à Moscou, et de nombreux autres endroits pareillement sûrs qui n’étaient pas des cryptes. Cela m’aurait surpris que les Opritchniki puissent même s’approcher d’un lieu saint tel qu’une église, mais je me rappelai immédiatement que Foma et Ioann m’avaient retrouvé devant une église moins de deux jours auparavant. J’étais toutefois très fatigué. Pour autant que je sache, la fumée dehors était si épaisse que les Opritchniki pouvaient tout à fait être en mesure de se promener à l’air libre sans avoir à craindre le soleil. Je m’allongeai, une marche de pierre en guise d’oreiller, mais, malgré mon épuisement, je ne pouvais pas dormir.
    Depuis la dernière fois que j’avais fermé les yeux, ma conception du monde avait été déchirée. Tant de choses qui avaient paru mystérieuses au sujet des Opritchniki pouvaient maintenant être expliquées : leur incroyable force, le fait qu’ils évitaient la lumière du soleil, les récits de mort qui avaient suivi leur progression le long du Don. Avant tout, je comprenais maintenant leur motivation. Ils ne se battaient ni pour leur pays ni pour le mien, mais pour l’instinct le plus primitif qui soit : ils se battaient pour de la nourriture. Mais même cela ne correspondait pas tout à fait. Ils tuaient plus que ce dont ils avaient besoin, certainement, pour se nourrir. À la ferme de Goriatchkino, à trois, ils avaient tué trente hommes. Leur en fallait-il dix à chacun pour satisfaire leurs envies ?
    « Satisfaits ». C’était le mot qu’avait utilisé Pierre quand il avait décrit leur attaque contre son camp. Ils avaient continué à tuer même s’ils étaient satisfaits – même s’ils avaient déjà ingurgité tout ce qu’ils pouvaient. Alors peut-être tuaient-ils pour d’autres raisons, qui allaient au-delà de l’alimentation : pour le plaisir, tout comme les hommes riches et oisifs (et je dois parfois m’inclure dans cette catégorie) chassent des animaux qu’ils ne pourront jamais manger. Ou peut-être tuaient-ils tant d’hommes pour une raison comparable à celle de l’armée russe – parce qu’ils étaient des ennemis sur notre terre. Peut-être faisaient-ils simplement ce que nous leurs avions volontiers demandé de faire – nous aider à tuer nos ennemis. Pouvais-je réellement leur reprocher de faire ce que j’avais demandé et d’en retirer une certaine jouissance ? J’avais choisi de rejoindre l’armée, tant d’années auparavant, parce que je voulais voyager. J’avais tué, je suppose, un homme pour chaque vingtaine de verstes que j’avais parcourue en Europe. Leur justification – le fait qu’ils aient besoin de se nourrir – n’était-elle pas meilleure que la mienne qui était, pour la réduire à sa plus simple expression, que j’étais curieux ?
    J’écartai de telles pensées de mon esprit. Je savais au fond de moi-même que ces créatures étaient le mal. Il y avait beaucoup de choses dans les connaissances des générations passées qu’un homme éclairé du XIX e siècle pouvait considérer comme primitives – en science, stratégie militaire, littérature et musique –, mais cela ne signifiait pas qu’elles devaient être entièrement rejetées. J’avais été assez arrogant pour rire des histoires de ma grand-mère – je riais pour cacher ma peur – mais, désormais, j’avais eu la preuve irréfutable qu’elle avait raison. Il me restait encore à découvrir certains détails, mais elle avait eu raison à propos de l’existence des vampires, et je n’allais pas contester leur nature abominable. Je n’allais pas entrer en désaccord avec des siècles de sagesse accumulée sur le bien et le mal, sur la justice et l’injustice. Tout, dans mon expérience et la sagesse qui m’avait été transmise par mes ancêtres, me dictait comment je devais voir ces créatures, et aucun examen logique et rationnel de leur comportement ne pouvait changer cela. Ils étaient des abominations envers Dieu et ils devaient mourir. J’avais

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