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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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le faire un peu plus tôt. Je sentis ensuite un coup sourd et douloureux du côté droit de ma poitrine, presque comme un coup de couteau, quand l’élan de son corps se transmit au pieu et, de là, à moi. Mais j’avais placé contre ma poitrine le bout arrondi du pieu et, bien que cela puisse me meurtrir, il ne risquait pas de me transpercer.
    Mon corps refusait de céder, tout comme l’éclat de bois, ne laissant qu’un dénouement possible. Le corps de Varfolomeï continua à descendre vers moi et je sentis l’air expulsé de mon corps lorsqu’il atterrit de tout son poids, mais ses dents ne firent aucune tentative pour entrer en contact avec ma gorge ; ses yeux n’examinaient plus mon visage, ni avec colère ni avec faim. Il était déjà mort. Pour que son corps atteigne le mien, il avait fallu que le pieu le transperce. J’avais déjà appris, grâce à la mort de Matfeï, qu’il n’avait pas besoin d’être en bois d’aubépine ; il devait simplement lui percer le cœur. La mort de Varfolomeï n’en était qu’une simple confirmation.
    Je sentais le poids de ce corps sans vie drapé sur moi comme une amante épuisée. Presque immédiatement, la charge commença à s’alléger. J’entendis un sifflement, comme de l’eau courante – les restes poussiéreux du corps décomposé de Varfolomeï se répandant en cascade depuis le mien jusqu’au sol. Tout comme ç’avait été le cas avec Matfeï, les années de pourrissement depuis sa première véritable mort étaient revenues prendre son corps en quelques secondes. Sa tête demeura intacte un court instant, son visage face au mien dénué des émotions les plus frustes et basiques dont les Opritchniki pouvaient faire montre quand ils étaient en vie. Puis elle s’effondra, ne laissant que ses vêtements vides s’accrocher à mon corps et remplissant ma bouche de poussière. Je bondis sur mes pieds pour la recracher, regrettant de ne pas avoir une gourde avec moi pour en rincer le goût. Non pas qu’elle en ait beaucoup. C’était l’idée, que j’avais besoin de chasser.
    Je quittai rapidement la cave, remontai l’escalier et sautai de nouveau par-dessus la barrière pour rejoindre la rue. Je marchai un petit moment jusqu’à ce que je voie une patrouille d’une demi-douzaine de Français environ se dirigeant vers moi. À leur tête était un jeune homme échevelé qui leur criait des choses dans un italien qu’ils comprenaient mal.
    — C’est par là. Ils étaient deux. Ils se battaient pour savoir lequel devait me tuer.
    C’était le jeune fantassin qui venait de s’échapper de la cave. Je me glissai dans une rue latérale. Je m’étais échappé. Quant à l’autre homme qui, croyait-il, se battait à son sujet, il n’en restait guère que de la poussière.

Chapitre 14
    J’étais à peu près aussi éloigné de mon lit qu’il était possible à Moscou. Tandis que je m’en retournais, l’air était lourd des relents de fumée. Des bâtiments étaient en feu partout – la moitié de la ville peut-être avait brûlé ou était encore en flammes. Même au sud de la rivière, à Zamoskvorechié, des maisons brûlaient.
    Les flammes n’avaient pas encore atteint l’étable où je logeais, mais je ne me sentais pas enclin à être surpris dans mon sommeil dans un bâtiment de bois si le feu l’atteignait effectivement durant la journée. Ma nuit de veille m’avait épuisé, et je soupçonnais que la nuit à venir exigerait des efforts similaires de ma part. De l’autre côté de la rue, il y avait une petite église, abandonnée par son prêtre et son entourage avant l’arrivée des Français et, point crucial, construite en pierre. Je rassemblai les quelques possessions que j’avais laissées dans l’étable et me rendis en face. Pénétrer dans la crypte ne me demanda guère d’efforts et je me glissai à l’intérieur.
    Il faisait froid et sombre. À l’extérieur, même si c’était maintenant le milieu de la matinée, la ville baignait dans un sinistre crépuscule causé par la fumée épaisse qui flottait au-dessus d’elle. Je parvenais à peine à distinguer le brillant disque solaire, affaibli par le mélange de brouillard et de fumée que les incendies tout autour renouvelaient constamment. À l’intérieur de la crypte, il faisait encore plus sombre. C’était un endroit idéal pour quiconque voulait dormir durant la journée sans être dérangé.
    Je marquai une pause, me rappelant qu’il restait

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