Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
Vom Netzwerk:
entrepris cette tâche la nuit précédente et j’allais continuer la nuit prochaine, et la suivante, et celle d’après, jusqu’à ce que ce travail soit achevé.
    Je tentai une fois encore de dormir et, cette fois, constatai que la somnolence me gagnait rapidement. Je pensai aux sept autres corps allongés quelque part dans la ville, dans des endroits sombres, similaires, cherchant également à se revigorer par le sommeil. Tandis que je m’endormais, une pensée me vint : je me demandai comment ils étaient parvenus à dormir dans la campagne lorsque nous étions partis vers l’ouest pour retrouver les Russes dans leur avancée, sans la moindre certitude quant à l’endroit où nous serions le lendemain. La question n’occupa pas mon esprit assez pour me tenir éveillé.
    Pas plus que les implications de ce qu’avait fait Max, ou de ce qui s’était abattu sur lui. J’avais compris presque aussitôt après avoir découvert que les Opritchniki étaient des vampires que Max pouvait fort bien avoir fait tuer Simon, Iakov Alfeïinitch et Faddeï non pas en raison de sa loyauté envers la France, mais de sa loyauté envers l’humanité. «L’humanité». C’était le terme même qu’avait utilisé Max la dernière fois que nous avions parlé, quelques instants avant que je l’abandonne à ces créatures. Il semblait quasiment certain qu’il avait su ce qu’ils étaient. Il n’y avait pas non plus de doute quant au fait que sa mort avait été la plus horrible imaginable. Et pourtant, je parvins à dormir.

    Lorsque je m’éveillai, j’étais dans l’obscurité totale. Je bondis sur mes pieds, craignant d’avoir dormi toute la journée, mais tandis que je reprenais conscience, je me rendis compte qu’il faisait sombre parce que j’étais encore dans la crypte. Une douleur lourde et lancinante rongeait le côté droit de ma poitrine. Les événements de la nuit précédente me revinrent en une vague de souvenirs qui me submergea. La douleur dans ma poitrine était due au pieu qui avait perforé le corps de Varfolomeï. Je me dirigeai vers la porte et regardai dehors pour découvrir qu’il faisait encore jour : c’était le milieu de l’après-midi. L’odeur d’une ville en train de brûler flottait dans l’air.
    Je n’avais pas grand-chose à faire jusqu’à la rencontre du soir. J’arriverais tôt, espérant que Vadim et Dimitri seraient également en avance – avant qu’aucun des Opritchniki arrive. Nous aurions plus de chances à trois contre sept. C’était, d’une certaine façon, une bénédiction que mon esprit soit occupé par la nuit à venir car j’aurais sinon pu m’effondrer devant l’état auquel avait été réduite la ville. Des quartiers entiers de bâtiments autrefois grandioses n’étaient plus que des tas fumants de restes carbonisés. Les feuilles des arbres, certaines déjà brunies par l’arrivée de l’automne, étaient devenues grises, couvertes d’une fine couche de cendres. Se pouvait-il, me demandai-je, qu’une partie de ces cendres soit en fait des grains de la poussière provenant des corps désagrégés de Matfeï et Varfolomeï, balayée par le vent et mélangée à la fumée provenant des incendies ? Combien de temps faudrait-il à leurs restes pour être éparpillés dans l’ensemble de la ville, du pays, de la planète ? Quelle quantité de la poussière qui remplit nos maisons, que l’on extrait de nos tapis en les battant, que nous inhalons par inadvertance chaque jour, provient d’autres créatures de ce type, tuées il y a longtemps par des hommes vertueux, leurs restes propagés aux quatre coins de la terre ?
    Ici et là, parmi les bâtiments incendiés, des souvenirs des âmes y ayant jadis habité avaient survécu au feu. Des bols et assiettes de porcelaine jonchaient le sol où s’étaient trouvés, autrefois, les vaisseliers qui les contenaient. Dans une maison, une lourde table en chêne était indemne, tandis que tout autour d’elle avait été consumé. À l’intérieur d’une autre, il y avait une pile de reliures vides, leur contenu ayant brûlé tandis qu’elles avaient, par quelque hasard, survécu. Peu de gens avaient trouvé la mort dans les incendies. Même si Moscou n’avait pas déjà été abandonné par ses habitants, le feu dans une ville densément peuplée est toujours plus dangereux pour les bâtiments que pour les hommes. L’incendie est identifié à une extrémité de la rue. Les voisins crient. Les

Weitere Kostenlose Bücher