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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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choisis étaient tout simplement les noms des douze apôtres. Au bout de six noms, je pense que même le moins religieux d’entre nous avait compris. Là encore, le christianisme laborieux semblait davantage destiné à railler qu’à glorifier.
    — Simon. Iakov Zevedaïinitch. Iakov Alfeïinitch.
    Vadim commença à tousser, ce qui, je le devinai, servait à étouffer son rire.
    — Foma. Faddeï. Iouda.
    Lorsque le nom de Foma fut appelé, je notai un échange de regards entre l’individu en question et certains de ses camarades. Je pouvais imaginer la scène au cours de laquelle ces noms avaient été attribués ; Piotr, Simon, Matfeï et la plupart des autres satisfaits de leurs noms, mais Foma devant avoir l’impression d’avoir tiré la courte paille, ne voulant pas être le Foma du groupe – celui qui ne croit que ce qu’il voit. J’aurais pu également croire qu’il y avait eu quelques dissensions sur le récipiendaire du nom « Iouda » mais, parmi ces hommes, je pouvais voir que ce serait un honneur plutôt qu’une disgrâce de se voir décerner le nom du traître.
    Iouda était le grand homme blond que j’avais remarqué précédemment.
    — Je ne peux que me désoler, continua leur chef, d’être trop vieux et trop fatigué moi-même pour me joindre à ces douze hommes courageux. Vous pouvez douter (et ses yeux tombèrent sur Max qui, j’en étais sûr, doutait effectivement de ce qu’il allait dire, quoi que ce soit) qu’un nombre aussi réduit puisse faire beaucoup. Mais, croyez-moi, ils possèdent ce qu’il faut. Ils ont le désir – la soif – de réussir.
    L’un des Opritchniki, Matfeï je crois – bien que je ne sois pas encore accoutumé à leurs noms – émit un commentaire dans sa propre langue indéchiffrable. Je soupçonne qu’il était lié au mot « soif ». Onze d’entre eux rirent de bon cœur, comme des soldats à l’écoute d’une blague salace, certains ne la comprenant pas, d’autres ne la trouvant pas drôle, mais riant tous parce qu’ils y étaient obligés. Seul Iouda était différent. Il ne rit pas, mais son visage trahit un sourire entendu, comme un adulte sans progéniture sourit à une plaisanterie d’enfant, amusé par sa naïveté mais n’appréciant pas son innocence. Il échangea un regard avec Zmiéïévitch et, en observant leur connivence fugitive, je me sentis soudainement mal à l’aise. J’eus la certitude que, quelles que soient les raisons pour lesquelles les onze autres Valaques étaient en Russie, ces deux-là poursuivaient un but supérieur. Toute trace de l’hilarité que j’avais pu partager avec Vadim s’évapora.
    Zmiéïévitch poursuivit quasiment instantanément.
    — Et je dois donc maintenant vous quitter. (Il marqua une pause, s’attendant, je pense, à quelques protestations de notre part à cette perspective. Aucune ne vint.) J’ai un long voyage pour revenir vers ma patrie, et vous, mes amis, avez bien du travail à abattre.
    Vadim se leva, se souvenant de ses devoirs d’hôte.
    — Ne voulez-vous pas au moins passer la nuit ici ? Vous pouvez partir demain matin.
    L’homme eut un rire vigoureux et artificiel.
    — Mon cher ami, vous me prenez au mot de façon beaucoup trop littérale. Je n’ai naturellement pas l’intention de voyager de nuit en ces temps dangereux, mais j’ai déjà arrangé mon hébergement ailleurs en ville. Je partirai aux premières lueurs du jour mais, pour nous, c’est le moment des adieux.
    Nous sortîmes tous les quatre avec lui dans le couloir pour prendre congé. Je fus heureux de quitter cette pièce pour un moment, de m’éloigner de la présence étrange et oppressante des douze Opritchniki. Alors que je fermais la porte, ils se mirent immédiatement à parler entre eux d’une voix basse de conspirateurs, et dans leur propre langue. Même à une certaine distance, être en compagnie de Zmiéïévitch dans le sombre corridor était une expérience que je ne souhaitais pas avoir à prolonger très longtemps.
    Il nous prit chacun à notre tour par la main et nous embrassa sur les deux joues. Lorsque son visage s’approcha du mien, un miasme soudain m’enveloppa et je me rendis compte qu’il s’agissait de la puanteur de son haleine. Je me rappelai, des années auparavant, m’être tenu auprès d’une fosse commune où les corps de braves soldats avaient été déposés depuis plusieurs jours. La même odeur de pourriture s’élevait des profondeurs de son estomac. Je

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