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Douze

Titel: Douze Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jasper Kent
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cela n’aurait pas eu le moindre effet.
    Mais elle avait cru que ce serait le cas. S’était-elle éveillée ce matin-là avec exactement la même sensation de surprise que j’avais éprouvée plus tard, lorsqu’elle avait découvert qu’il n’y avait pas eu le moindre changement en elle ? Avait-elle constaté, à sa grande horreur, qu’elle pouvait se tenir confortablement dans la lumière vive du soleil matinal, et avait-elle fondu en larmes lorsqu’elle avait compris qu’elle mourrait quand même, un jour, d’une mort humaine ? Elle avait dû réfléchir rapidement pour prétendre ensuite que c’était Margarita que j’avais vu. Non, c’était impossible. Elle avait dû décider préalablement de dire que c’était Margarita. Soit Iouda lui avait dit de procéder ainsi, soit ils avaient prévu cela ensemble. Il y avait fallu une chorégraphie soigneuse pour s’assurer que, observant depuis l’autre côté de la place, je ne voie jamais Domnikiia que de dos. Margarita avait-elle été mise au courant du plan ? Domnikiia avait semblé sincèrement choquée lorsque nous avions trouvé le corps de Margarita. Sincèrement ? Comment pouvais-je désormais considérer quoi que ce soit à son sujet comme sincère ? Une femme prête à devenir un vampire rechignerait à peine si la mort de sa meilleure amie devait faire partie du processus.
    Cela ne pouvait pas être vrai, et pourtant je ne pouvais pas voir la moindre faille dans ce raisonnement. J’avais moi-même été persuadé d’avoir vu Domnikiia avec Iouda, jusqu’à l’instant où j’avais découvert qu’elle n’était pas un vampire. J’en avais maintenant une meilleure explication. Étais-je vraiment assez stupide pour confondre Margarita et Domnikiia simplement parce que leurs chevelures étaient similaires, moi qui connaissais chaque pouce du corps de Domnikiia ? Je devais avoir vu quelque chose de plus, sans le remarquer consciemment, qui m’avait indiqué que c’était Domnikiia, et maintenant je savais que tout cela était vrai. Toute sa peine et son angoisse des jours qui avaient suivi avait été très convaincante mais, en fait, c’était sa spécialité. J’entendis Domnikiia me parler, mais elle ne répétait qu’un unique mot murmuré, encore et encore. Comme elle avait dû rire intérieurement lorsqu’elle me l’avait dit pour la première fois. « Prostak ! Prostak ! Prostak ! »
    Iouda posa une main consolatrice sur mon genou en disant :
    — Elle l’a fait pour vous, Liocha. Elle croyait qu’elle pourrait être avec vous pour toujours.
    Il était maintenant debout. À un moment donné, sans que je m’en aperçoive, il avait récupéré son couteau et s’en était servi pour trancher la corde autour de ses pieds. J’entendis le cri de l’un des soldats, adressé à l’autre, qui nous surveillaient, mais il était trop tard. L’autre nous avait momentanément tourné le dos et Iouda était déjà derrière lui. Un bref coup des lames dentelées sur son cou, et il tomba par terre, la neige pure et blanche autour de lui souillée par une tache rouge qui ne cessait de s’étendre, le sang jaillissant depuis sa gorge blessée, à peine entravé par l’étreinte de ses mains mourantes.
    L’autre soldat avait levé son mousquet, mais il avait hésité à faire feu tant qu’il risquait de toucher son camarade. À ce moment-là, il tira, mais il était trop tard. Iouda était de nouveau en mouvement, courbé bas et changeant tout le temps de direction. Je m’élançai à sa poursuite. Le garde fit de même, quelques pas derrière moi. Le reste du camp, absorbé par les préparatifs du départ, ne remarqua pas tout de suite ce qui se passait, mais rapidement nos cris alertèrent tout le monde de la fuite du prisonnier. Ceux qui se jetaient sur le chemin de Iouda ne représentaient qu’un obstacle minime pour lui. Il était bien plus brutal et efficace avec son couteau que n’importe quel vampire aurait pu l’être avec ses dents. Certains hommes s’attaquèrent à lui avec épées et baïonnettes, mais il ne montra aucune crainte et, bien que certaines des lames l’atteignent, il ne sembla guère en éprouver la moindre gène. Aucune des blessures n’était assez profonde pour causer des dommages sérieux et, en se faisant passer pour un vampire, il avait clairement appris à contrôler sa douleur – ainsi que tant d’autres sentiments –, de crainte que son humanité soit découverte.
    Nous étions

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