Du sang sur Rome
Sylla et Marius, et devait un jour provoquer le
chaos à Rome.
Sylla se rendit en Cappadoce, aux confins de l’Empire, où la
Fortune lui fit remporter de nouvelles » victoires. Envoyé en mission
diplomatique, il s’aventura jusqu’à l’Euphrate et fut le premier Romain qui,
officiellement, établit des relations amicales avec les Parthes, dont le
royaume couvrait le reste du monde. Son charme, ou peut-être son arrogance
aveugle, avait dû exercer une fascination extraordinaire sur l’ambassadeur
parthe, car celui-ci accepta de s’asseoir sur un siège plus bas que celui de
Sylla, comme s’il adressait une supplique à un supérieur. Plus tard le roi des
Parthes le mit à mort. Après avoir perdu la face, l’ambassadeur perdit la vie.
Marius regretta de voir Sylla rentrer à Rome. Les propos que
tinrent les deux hommes, chacun de son côté, dépassèrent les bornes si bien que
la rupture devint inévitable. Ils en seraient venus aux mains si la Guerre
sociale entre Rome et ses alliés italiens n’avait éclaté.
Cette guerre livrée sur le sol italien fut sans précédent.
Les souffrances et les dégâts qu’elle causa furent considérables. Elle se
termina par un compromis, et les rebelles les plus intraitables furent châtiés
sans merci. Rome survécut, mais tous les politiciens romains ne s’en tirèrent
pas aussi bien. Marius avait dépassé la soixantaine, son génie militaire l’avait
abandonné, sa santé était délabrée, aussi ne joua-t-il pour ainsi dire aucun
rôle dans la guerre. Sylla, lui, était dans la fleur de l’âge et tout lui
réussissait. On le voyait partout à la fois. Il se forgeait une réputation de
héros, de libérateur et d’assassin. Il cherchait à gagner la faveur des légions
et à renforcer son prestige politique.
Une fois la guerre terminée, Sylla fut consul pour la
première fois. Il avait cinquante ans. Rome sortait d’une terrible épreuve et
devait bientôt en subir une autre.
Le mouvement populaire de Marius avait atteint son apogée.
Le bras droit de Marius était un extrémiste, le tribun démagogue Sulpicius,
représentant élu du peuple. Par chacune de ses actions il narguait le pouvoir
et le prestige de la noblesse. Sous l’influence de Sulpicius, on vendit aux
enchères sur le Forum la citoyenneté romaine à des esclaves affranchis et à des
étrangers. Folle de colère, la vieille noblesse ne lui pardonna pas cet acte
impie. En secret il leva une armée privée de trois mille hommes recrutés dans
la classe équestre, des jeunes gens ambitieux et cruels, prêts à tout. Parmi
ceux-ci il se constitua une garde du corps de six cents hommes d’élite qui
arpentaient sans cesse le Forum. Sulpicius les appelait l’Anti-Sénat.
En Orient Mithridate dévastait les possessions romaines, y
compris la Grèce. Par un vote, le Sénat décida d’envoyer Sylla les reconquérir.
Ce commandement lui revenait de droit puisqu’il était consul et avait
précédemment rendu de grands services. Une campagne victorieuse en Orient est
censée rapporter des sommes fabuleuses, grâce aux tributs, aux taxes et au
pillage. De surcroît le général en chef acquiert un pouvoir immense. Jadis les
armées romaines acceptaient les décisions du Sénat, maintenant elles suivaient
leur chef. L’Anti-Sénat de Sulpicius décida que le commandement devait revenir
à Marius. On se battit au Forum. On fit pression sur le Sénat pour qu’il
transfère le commandement à Marius, et Sylla faillit être assassiné en pleine
rue.
Sylla s’enfuit de Rome et en appela directement à l’armée.
Quand les simples soldats apprirent ce qui s’était passé, ils jurèrent fidélité
à Sylla et lapidèrent leurs officiers nommés par Marius. Les partisans de
Marius réagirent en attaquant les fidèles de Sylla et en pillant leurs biens.
Pris de panique, les gens passèrent d’un camp à l’autre. Le Sénat capitula,
cédant aux exigences de Marius et de Sulpicius. Sylla marcha sur la capitale.
Ce qu’on n’aurait jamais pu imaginer se produisit : des
Romains attaquèrent Rome.
La veille des combats,
Sylla fit un rêve. Derrière lui se tenait la déesse Bellone. Son culte, célébré
en Orient, avait été introduit à Rome et Sylla lui-même avait visité ses
anciens temples en Cappadoce. Après lui avoir remis en main la foudre, la déesse
désigna nommément ses ennemis qui apparurent au loin sous forme de minuscules
silhouettes. Sur ordre de la déesse, Sylla
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