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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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lança la foudre qui les anéantit.
D’après ses Mémoires, quand
Sylla se réveilla, il débordait d’énergie et la victoire ne pouvait lui échapper.
    Quelle sorte d’homme peut avoir ce genre de rêve ? Un
fou ou un génie ? Ou simplement un enfant de Rome béni par la Fortune et à
qui la puissance divine qui guide sa destinée a envoyé ce message rassurant
pour lui inspirer confiance ?
    Avant l’aube, quand l’armée se rassembla, un agneau fut
immolé en sacrifice. À la lumière d’une torche, l’haruspice Postumius examina
les entrailles. Il se précipita vers Sylla et s’agenouilla devant lui, les
mains tendues, le suppliant de le mettre aux fers sur-le-champ au cas où il se
serait trompé dans ses prophéties. A ses yeux le triomphe de Sylla ne faisait
aucun doute. Du moins, c’est ce que rapporte la légende.
    Avec une force de trente-cinq mille hommes, Sylla lança son
attaque à l’est. La populace qui n’avait pas d’armes résista en jetant des
tuiles et des mœllons du haut des toits. Sylla fut le premier à aller de l’avant,
une torche à la main, et à incendier une maison où les résistants s’étaient
regroupés. Des archers lancèrent des flèches enflammées sur les toits. Des
familles entières furent brûlées vives ; d’autres perdirent leur maison et
furent ruinées. Les flammes ne faisaient aucune distinction entre les coupables
et les innocents, les ennemis et les amis. Tous furent la proie de l’incendie.
    Marius se replia dans le temple de Tellus. C’est alors que
son populisme se manifesta de la façon la plus radicale. En échange de leur
soutien il offrit la liberté aux esclaves de Rome. Sans doute se laissèrent-ils
guider par leur intuition, à moins que Marius ait perdu son autorité. Toujours
est-il que seuls trois esclaves se présentèrent. Marius et ses partisans s’enfuirent.
Le tribun Sulpicius, chef de l’Anti-Sénat, fut trahi par l’un de ses esclaves
et mis à mort. Sylla tout d’abord récompensa l’esclave en lui accordant la
liberté. Une fois qu’il fut libre, il le châtia en le faisant précipiter du
haut de la roche Tarpéienne.
     
    Je m’étais laissé entraîner à songer au passé en écoutant la
chanson de Metrobius, mais je revins brusquement à la réalité présente. La voix
de Metrobius imitait celle d’un enfant et psalmodiait avec un accent grec
affreusement vulgaire.
     
    Sylla a la figure ridée comme un pruneau,
    Couverte de pustules, tel un vieux saligaud.
    Sa femme est une pouffiasse aux tétons affaissés,
    Aux yeux concupiscents et à la voix cassée.
     
    Les convives étaient décontenancés. Certains s’agitaient
nerveusement. Chrysogonus se renfrogna. Le visage de Sylla avait perdu toute
expression. Rufus paraissait choqué. Hortensius se demandait s’il devait avaler
ce qu’il venait de mettre dans sa bouche. Le jeune poète dont la réputation
était minée était livide, la sueur perlait sur son front, il semblait près de
vomir, comme s’il avait mangé quelque chose d’indigeste. La lyre se tut et
Metrobius resta figé un long moment. Une note aiguë retentit. Metrobius
redressa la tête.
    — Eh bien ! s’exclama-t-il malicieusement. Ce n’est
sans doute pas du Sophocle ou même de l’Aristophane, mais cette chanson a du
chic.
    La tension tomba. Des rires fusèrent partout dans la salle,
même Rufus sourit. Hortensius finit par avaler sa bouchée et prit sa coupe. Le
jeune poète se leva avec peine et quitta précipitamment la salle en se tenant
le ventre.
    Le musicien joua quelques notes sur sa lyre. Metrobius
respira profondément et se remit à chanter.
     
    Sylla assuma de nouveau la charge de consul. Marius fut mis
hors la loi. Quand ses ennemis furent exilés, que le Sénat eut retrouvé la
sérénité et que la populace fut trop abasourdie pour se révolter, Sylla se mit
en route pour la Grèce afin d’en chasser Mithridate et de revenir auréolé de
gloire. Plus tard il fut l’objet de critiques : jamais campagne militaire
n’avait été aussi ruineuse dans toute l’histoire de Rome.
    Elle coûta encore plus cher aux Grecs. Jadis les généraux
romains qui avaient conquis la Grèce et la Macédoine avaient rendu hommage aux
divinités des sanctuaires et des temples en leur faisant des présents d’or et d’argent.
S’ils ne respectaient pas les habitants, du moins honoraient-ils la mémoire d’Alexandre
et de Périclès. Sylla se conduisit différemment. Il pilla les temples.

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