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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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toi.
    Roscius se tassa dans son siège. Côté muscles, il aurait
donné du fil à retordre à deux d’entre nous, tout affaibli qu’il était. Mais à
la bataille des mots, j’avais l’avantage.
    — Que veux-tu savoir ?
    — Où sont tes esclaves ?
    — A Ameria, au domaine.
    — Tous ? Tu n’as amené personne pour nettoyer,
faire la cuisine, s’occuper des filles ? Je ne comprends pas.
    Tiron se pencha vers Cicéron et lui chuchota quelque chose.
Cicéron hocha la tête ; Tiron sortit.
    — Quel petit esclave bien élevé tu as là, Cicéron !
Il demande à son maître la permission de pisser ! Ça ne pue pas autant d’habitude.
C’est cette fichue chaleur.
    — Nous parlions de tes esclaves, Sextus Roscius. Il y en a
deux en particulier qui m’intéressent. Les préférés de ton père, ceux qui
l’accompagnaient la nuit de sa mort. Félix et Chrestus. Sont-ils restés à
Amena ?
    — Comment veux-tu que je sache ? Ils ont dû se
sauver à l’heure qu’il est. Ou se faire trancher la gorge.
    — Et qui ferait une chose pareille ?
    — Les mêmes qui ont tué mon père, pardi.
    — Mais pourquoi ?
    — Parce qu’ils ont tout vu, quelle question !
    — Comment le sais-tu ?
    — Parce qu’ils me l’ont dit.
    — Ce sont eux qui t’ont appris la mort de ton père ?
    Roscius leva les yeux au ciel.
    — Oui. Ils m’ont envoyé un messager de Rome.
    — Tu te trouvais à Ameria la nuit de sa mort ?
    — Absolument. Vingt personnes te le confirmeront.
    — Et quand as-tu appris la nouvelle ?
    Roscius réfléchit.
    — Le messager est arrivé le surlendemain matin.
    — Alors qu’as-tu fait ?
    — Je suis parti pour Rome le jour même. Une sacrée
trotte. On peut y être en huit heures avec un bon cheval. Parti à l’aube,
arrivé au coucher du soleil – les journées sont courtes en automne.
Les esclaves m’ont montré son corps. Les blessures…
    Sa voix se brisa.
    — T’ont-ils montré dans quelle rue cela s’était passé ?
    Sextus gardait les yeux au sol.
    — Oui.
    — L’endroit exact ?
    Il frissonna.
    — Oui.
    — Il faudra que j’aille voir par moi-même.
    — Ne compte pas sur moi pour t’accompagner.
    — Je comprends. Les deux esclaves peuvent m’y emmener.
    J’observai son visage. Une lueur brilla dans ses yeux et j’eus
un soupçon, sans savoir de quoi.
    — Ah, j’oubliais. Sont-ils à Amena ?
    — Je viens de te le dire.
    Roscius paraissait trembler, malgré la chaleur.
    — Je dois y aller dès que possible. J’ai cru comprendre
que ton père se rendait dans un établissement nommé la Maison aux Cygnes. Le
meurtre a dû avoir lieu à proximité.
    — Je n’en ai jamais entendu parler.
    Était-il en train de mentir ? J’avais beau l’examiner,
mon intuition ne me disait rien.
    — Pourrais-tu quand même m’aider à localiser l’endroit ?
    Non seulement il le pouvait, mais il le fit, à ma surprise étant
donné son manque de familiarité avec Rome. Il y a des milliers de rues dans
cette ville, dont seules quelques-unes portent un nom. Entre Cicéron et moi,
avec les repères dont se souvenait Roscius, nous pûmes reconstituer le trajet.
Cicéron grommela quelque chose sur l’absence de Tiron. Heureusement, celui-ci
avait laissé son stylet et une tablette de cire. Rufus accepta de nous servir
de secrétaire.
    — A présent dis-moi, Sextus Roscius : sais-tu qui
a tué ton père ?
    Il baissa les yeux et garda le silence très longtemps. Il
avait l’air sonné par la chaleur.
    — Non.
    — Pourtant, tu as dit à Cicéron que tu craignais de
subir le même sort, que ces hommes sont déterminés à t’abattre, que le procès
lui-même est une machination.
    Roscius secoua la tête. Ses yeux s’assombrirent.
    — Non, non, gémit-il. Je n’ai rien dit de tel.
    Cicéron me jeta un regard étonné. Roscius enfla la voix.
    — Laissez tomber, tous autant que vous êtes !
Laissez tomber ! Je suis un homme condamné. On me jettera dans le Tibre,
cousu dans un sac. Tout ça pour quoi ? Pour rien ! Que deviendront
mes petites filles, mes jolies petites filles, mes filles chéries ?
    Il se mit à pleurer.
    Rufus alla poser la main sur son épaule. L’homme se dégagea
violemment. Je me levai et m’inclinai pour saluer.
    — Nous partons, je crois que ça suffit pour aujourd’hui.
    Cicéron se leva à contrecœur.
    — Mais nous venons à peine de commencer. Demande-lui si…
    Je posai un doigt sur mes

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