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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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heureuse
de les revoir.
    Le garçon continuait à lutter entre les bras de sa mère.
Elle lui donna une tape.
    — Pourquoi viens-tu nous harceler ? Rentre chez
toi !
    — Parce qu’un homme a été assassiné, et qu’un innocent
risque sa vie.
    — Qu’est-ce que ça peut bien me faire ?
rétorqua-t-elle. (Son aigreur lui ôtait tout reste de beauté.) Quel crime
avait-il commis, mon mari, quand il est mort de la fièvre ? Qu’avait-il
fait pour mériter de mourir ? Même les dieux ne sauraient répondre. Les
dieux s’en moquent ! Des hommes meurent chaque jour.
    — L’homme s’est fait tuer juste sous tes fenêtres. Tu
as dû voir quelque chose.
    — Et qui dit que je m’en souviendrais ?
    Polia commençait à haleter. L’enfant ne me quittait pas des
yeux.
    — Cela doit être difficile, d’oublier une chose
pareille. Regarde, on voit la tache de sang juste en bas. Mais je n’ai pas
besoin de te l’apprendre.
    Soudain, le gamin se libéra. Je reculai d’un bond. Tiron s’interposa,
mais ce n’était pas la peine. L’enfant éclata en larmes et s’enfuit de la
pièce.
    — Voilà ! Tu vois ce que tu as fait ? J’ai
évoqué son père devant lui. Sous prétexte qu’Eco est muet, les gens oublient qu’il
entend. Il parlait aussi, avant. Mais c’est fini depuis la mort de son père.
Plus un mot ! La fièvre les a frappés tous deux… Maintenant, partez. J’ai
rien à vous dire. Partez !
    Elle tripotait son coutelas en parlant, lorsqu’elle parut se
rendre compte de ce qu’elle tenait entre les doigts. Elle le pointa sur nous d’une
main peu sûre. J’avais plutôt peur pour elle que pour nous.
    — Partons, dis-je. Il n’y a rien à en tirer.
    Dehors, c’était la fournaise.
    Tiron restait en arrière, descendant à petits pas, l’air
perplexe.
    — Qu’y a-t-il ?
    — Pourquoi ne pas lui avoir proposé de l’argent ?
L’épicier a dit qu’elle avait vu le meurtre. Elle est sûrement dans le besoin.
    — Ma bourse n’est pas assez pleine pour la faire
parler. Tu ne vois pas ? Elle est terrifiée. Je ne pense pas qu’elle
aurait accepté. Elle n’est pas assez pauvre pour mendier. Pas encore, en tout
cas. Qui sait l’histoire de cette femme ? Je m’efforçai de durcir le ton.
La seule chose qui compte, c’est qu’on l’a fait taire bien avant notre arrivée.
Elle ne nous servira à rien.
    Je m’attendais presque à ce que Tiron réagisse, mais ce n’était
qu’un esclave, et tout jeune avec ça. Il ne voyait pas que j’avais manipulé
cette femme, aussi crûment que l’épicière ou les gardiens. Peut-être
aurait-elle parlé, si j’avais essayé un autre registre que la peur. Je marchais
à grands pas. J’étais en colère. Le soleil de midi tapait comme un poing sur ma
nuque. Le petit garçon arriva à contre-jour ; je lui rentrai dedans.
    Je poussai un juron. Eco, ébranlé, hoqueta. J’eus assez de
présence d’esprit pour vérifier qu’il avait les mains vides. Je le regardai un
instant dans les yeux, puis m’écartai pour reprendre ma route. Il me saisit par
la manche et montra la fenêtre.
    — Qu’est-ce que tu veux ? Nous avons laissé ta
mère tranquille. Ta place est auprès d’elle.
    Eco secoua la tête et tapa du pied. Il nous fît signe d’attendre
et fila à l’intérieur de l’immeuble.
    — Que signifie ce comportement ? demanda Tiron.
    — Je ne sais pas encore, dis-je avec un sentiment d’appréhension,
comme à l’approche d’une découverte.
    L’enfant réapparut aussitôt, une cape noire sur le bras. Il
dissimulait quelque chose dans les plis de sa tunique. Il fît glisser sa main :
une lame effilée brilla au soleil. Tiron tressaillit et me prit par le bras. Je
le repoussai doucement ; le coutelas n’était pas pour nous.
    L’enfant s’approcha de moi. Il n’y avait personne dans les
rues. C’était la canicule.
    — Je crois que ce garçon a des choses à nous dire.
    Il fit oui de la tête.
    — A propos de cette nuit de septembre ?
    Il désigna la tache de sang de la pointe du couteau.
    — Sur l’assassinat du vieillard. Le meurtre a eu lieu
une ou deux heures après le coucher du soleil, n’est-ce pas ?
    Il hocha la tête.
    — Comment as-tu pu voir autre chose que des ombres ?
    Il montra les supports des torches de loin en loin sur les murs
et dessina une sphère de ses mains.
    — Ah oui. C’étaient les ides. La lune était pleine.
Explique-moi : les tueurs, d’où

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