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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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pudeur juvénile, sachez qu’elle ne recule
devant rien au lit.
    — Depuis combien de temps est-elle chez vous ?
    — A peine un mois. Presque une vierge, et pourtant,
quelle artiste en amour ! Sa bouche est particulièrement gourmande…
    — Je ne suis pas intéressé.
    — Non ?
    — Je m’étais mis Elena en tête.
    Mon hôte serra les dents.
    — Qu’à cela ne tienne, dis-je. Puisqu’elle n’est pas
là, amène-moi ta catin la plus expérimentée. Je me fiche de son apparence. Ces
filles sont trop jeunes pour savoir ce qu’elles font. Je ne suis pas pédophile.
Amène-moi la plus ancienne de tes pensionnaires. Je veux une femme mûre, une
femme de tempérament, à qui aucun des jeux de l’amour n’est inconnu ! Et
qu’elle parle un latin acceptable. La moitié de mon plaisir réside dans la
conversation. Y a-t-il une telle recrue à la Maison aux Cygnes ?
    L’homme frappa des mains. Stabius refoula les filles. Talia,
le jeune bouton de rose qui avait rougi et baissé les yeux avec tant de
conviction, étouffa un bâillement.
    — Et ramène-nous Electra.
    La dame en question se fit attendre. Mais quand elle entra,
je sus que je ne m’étais pas trompé. Sa chevelure était éblouissante : une
masse de boucles noires relevées d’une touche de blanc sur les tempes. Son
maquillage témoignait d’un talent que seule l’expérience confère, et notre hôte
aurait bien fait de prendre modèle sur elle. Dans la lumière tamisée de l’atrium,
on pouvait dire sans hésitation que c’était une apparition éblouissante.
    Avec l’âge, elle avait conquis le droit de porter une robe
blanche, à manches longues et à large ceinture.
    Il y a toujours une femme de cette sorte dans chaque
lupanar. Electra était la Grande Mère. Non la mère de l’homme adulte, mais
celle qui rappelle l’enfance, non pas vieille, mais sage, avec un corps généreux
et nourricier.
    Tiron était éberlué par cette créature. Il ne devait pas en
rencontrer souvent au service de Cicéron.
    J’entamai la négociation. Évidemment, le propriétaire en
demandait trop. Je revins sur l’absence d’Elena. Il grimaça et baissa son prix.
Je persistai à me plaindre. Il baissa encore. J’acceptai, et donnai instruction
à Tiron de payer. Il tendit les pièces d’un air choqué, soit que la somme lui
semblât extravagante (elle venait de la poche de son maître), soit que le
marché l’eût épaté.
    Electra s’éloigna pour nous conduire à sa chambre. Je fis
signe à Tiron de nous suivre.
    Tiron tressaillit ; mon hôte aussi.
    — Citoyen, citoyen, je n’avais pas compris que tu
souhaitais être accompagné. Il faudra prévoir un supplément.
    — C’est ridicule. Partout où je vais, mon esclave me
suit.
    — Mais…
    — Autant me faire payer pour emporter mes sandales avec
moi. J’avais cru comprendre par mon ami que cet établissement était convivial.
Sans compter que je m’attendais à y trouver une certaine personne…
    Mon hôte fit tinter les pièces au creux de sa main,
entrechoquant ses bagues. Il leva les yeux au ciel, pinça les lèvres et s’écarta.
    La chambre d’Electra ne ressemblait en rien au reste. Elle l’avait
sans doute aménagée elle-même, avec la simplicité infaillible du goût grec, et
l’impression de confort qui naît de longues habitudes. Elle s’étendit sur un
divan profond. Il y avait deux chaises où nous prîmes place. Elle sourit de
nous voir si timides, ou prétendant l’être.
    — C’est plus confortable ici, dit-elle en caressant la
toile passée du divan.
    Elle avait un très léger accent.
    — Je n’en doute pas. Mais j’aimerais d’abord te parler.
    Elle haussa les épaules d’un air entendu.
    — Certes. Dois-je me déshabiller en même temps ?
    Tiron rougissait déjà.
    — Oui, répondis-je. Prends ton temps.
    Elle se leva, rejeta ses cheveux en arrière et défît l’agrafe
sur sa nuque. Sur une table de chevet derrière elle, j’aperçus un sablier. La
partie supérieure était remplie, elle avait dû le retourner en entrant, si
discrètement que je ne m’en étais pas aperçu. C’était une vraie
professionnelle.
    — Parle-moi d’Elena.
    Elle hésita le temps d’un soupir.
    — Tu es un ami à elle ? Un client ?
    — Non.
    — Comment la connais-tu ?
    — Je ne la connais pas.
    Ma réponse parut l’amuser.
    — Alors pourquoi veux-tu en parler ?
    Sa robe glissa avec souplesse, s’épanouit en corolle autour
de sa

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