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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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tombe
amoureux d’une prostituée, il la rachète à son maître et l’intègre à sa
maisonnée. Ou même il l’affranchit et l’installe dans son propre logement, où
elle peut élever son enfant en citoyen. Dans ses rêves les plus fous, le père
reconnaît le bâtard et en fait son héritier. Cela s’est vu. Elena était encore
assez jeune pour y croire.
    — Et comment le rêve s’est-il terminé ?
    — Sextus a cessé de venir. Elena a fait front pendant
quelque temps, mais sa grossesse commençait à se voir, et les jours passaient
sans qu’on ait de nouvelles de lui. Je la prenais dans mes bras quand elle
pleurait la nuit. La cruauté des hommes…
    — Où est-elle à présent ?
    — Le maître l’a vendue.
    — À qui ?
    — Je ne sais pas. J’ai cru que Sextus l’avait rachetée,
finalement. Tu m’apprends qu’il est mort – et que tu ne sais rien d’Elena.
    Je fis non de la tête.
    — Ils sont venus la chercher fin septembre. Sans
prévenir. Stabius est entré en trombe et lui a dit de rassembler ses affaires.
Le maître l’avait vendue, elle quittait les lieux immédiatement. Elle
tremblait, la pauvre chatte. Elle pleurait d’émotion, et moi avec elle. Elle ne
s’est même pas préoccupée de ses habits, disant que Sextus lui en achèterait de
plus beaux. C’est moi qui l’ai accompagnée ; ils l’attendaient dans le
vestibule. J’ai compris dès que je les ai vus qu’il y avait quelque chose de
louche. Elle aussi, je crois, mais elle a fait comme si de rien n’était. Elle m’a
embrassée et les a rejoints en souriant.
    — Sextus n’était pas parmi eux. Il était mort à cette
date.
    — Ils étaient deux. Je n’aimais pas leur mine, ni celle
du grand blond, ni celle du boiteux.
    J’ai dû faire un bruit ou un signe sans m’en apercevoir.
Electra me fixa par-dessus son miroir.
    — Qu’y a-t-il ? Tu les connais ?
    — Pas encore.
    — Quelle est cette énigme ? fit-elle d’une voix
courroucée. Sais-tu où se trouve Elena ou non ? Qu’est-elle devenue ?
    — J’ignore tout.
    — Mensonge !
    Tiron se fit tout petit sur son siège. Je crois que je n’avais
jamais entendu une esclave s’adresser sur ce ton à un citoyen.
    — D’accord, j’ai menti. Il y a une chose que je sais d’elle.
Voici : la nuit où Sextus a été assassiné – pas loin, Electra, à
quelques pas d’ici –, il sortait d’un dîner chez une grande dame de la
noblesse, Cæcilia Metella. Ce nom te dit quelque chose ?
    — Non.
    — La nuit était tombée, quand un messager est arrivé.
Il était chargé d’un mot pour Sextus, de la part d’Elena. Elle le priait de
venir instamment à la Maison aux Cygnes.
    — C’est impossible.
    — Pourquoi ?
    — Elena ne savait pas écrire.
    — Quelqu’un de la maison aura pu l’aider ?
    — Stabius se débrouille. Le comptable aussi, bien sûr,
mais nous ne le voyons jamais. De toute façon, déranger un riche vieillard dans
la maison d’une matrone, le faire quérir comme un chien… Elena se faisait
peut-être des idées, mais elle n’était pas folle. Elle n’aurait jamais fait une
chose pareille, du moins sans me consulter.
    — Tu es sûre ?
    — Certaine.
    Je hochai la tête. Le sable continuait à s’écouler.
    — Je crois que nous avons assez parlé, dis-je.
    Electra regarda le sablier à son tour. Elle ferma les yeux
un long moment. L’agitation et l’angoisse s’évanouirent de ses traits. Elle se
leva et défît sa ceinture.
    — Une dernière chose, murmura-t-elle. Si tu obtiens des
nouvelles d’Elena et de son bébé, je te serais reconnaissante de me tenir au
courant. Même si ce sont de mauvaises nouvelles. Tu n’es pas obligé de revenir
me voir si tu n’en as pas envie. Stabius veillera à me faire passer le message.
    — Je te le promets.
    Inclinant la tête avec courtoisie, elle laissa tomber la
robe à ses pieds. Elle se tenait immobile, les pieds légèrement décalés, les
mains sur les hanches, me permettant d’étudier les lignes de son corps, de
respirer l’odeur de sa chair.
    — Tu es une belle femme, Electra.
    — Quelques hommes l’ont pensé.
    — Mais ce n’est pas parce que j’avais besoin d’une
femme que je suis venu ici. Je suis à la recherche d’Elena.
    — Je sais. (Elle me regarda.) Mais il nous reste du
temps.
    — Non. Pas pour moi. Pas aujourd’hui. En revanche, tu
peux m’accorder une faveur.
    — Oui ?
    — Le garçon. (Je

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