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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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s’incliner. Nous n’attendîmes que
quelques secondes l’arrivée du propriétaire en personne.
    Il était tout en rondeurs, depuis sa bedaine jusqu’à sa
couronne de cheveux soigneusement huilée et coiffée, en passant par un gros
nez. Ses joues étaient grotesquement fardées de rouge, et son goût en matière
de bijoux égalait ses excès en matière de décoration. C’était le vivant
spectacle de l’épicurien en décomposition ; quant à sa reconstitution d’un
lupanar levantin, elle confinait à la parodie. Les Romains ne réussissent pas
toujours à imiter l’Orient. La grâce et le luxe ne se laissent pas copier si
facilement, ni ne s’achètent en gros.
    — Citoyen, dit-il, tu arrives bien tôt. Mais c’est tant
mieux. Tu n’auras que l’embarras du choix, et sans devoir attendre. La plupart
de mes filles dorment encore, mais je me ferai un plaisir de les tirer du lit.
C’est alors que je les préfère, au réveil, fraîches et fleurant encore le
sommeil, comme la fleur du matin humide de rosée.
    — A vrai dire, je pensais à une personne en
particulier.
    — Qui ça ?
    — Elle m’a été vivement recommandée. Elle s’appelle
Elena.
    L’homme me regarda sans expression et prit son temps pour
répondre. Je n’y détectai aucune ruse, seulement le manque de mémoire chez
celui qui a tant négocié de corps qu’ils lui sont devenus indifférents.
    — Elena, fît-il, comme si c’était un mot étranger. Et
qui te l’a recommandée ?
    — Oh, un ami. Mais il n’est pas venu depuis longtemps.
Ses affaires le tiennent éloigné de Rome. Il m’en parle toujours avec un
souvenir ému et m’écrit dans ses lettres qu’il aurait aimé trouver une femme qui
lui donne ne fut-ce qu’une fraction du plaisir qu’il a connu dans ses bras.
    — Ah !
    L’homme joignit ses doigts et parut compter ses bagues.
Derrière lui, le mur représentait Priape courtisant une bande de nymphes
dévêtues, effarouchées comme il se doit, par la queue démesurée qui s’élevait
entre les jambes du dieu.
    — Pourrais-tu me la décrire, en ce cas ?
    Je réfléchis et secouai la tête.
    — Hélas ! mon ami ne m’a rien précisé. Seulement
que je ne serais pas déçu.
    Le visage de mon hôte s’éclaira.
    — Cela, je peux te le garantir de toutes mes filles.
    — Tu es donc sûr qu’Elena ne travaille plus ici ?
    — Écoute, le nom me dit quelque chose. Si je me
souviens bien, elle a été vendue, il y a déjà un bout de temps – à un
particulier, pas à la concurrence ajouta-t-il rapidement, comme pour me
dissuader d’aller chercher ailleurs.
    — Un particulier ? Mon ami sera grandement déçu de
l’apprendre. Je me demande si je connais l’acheteur. Tu ne saurais pas de qui
il s’agit ?
    — Je ne me rappelle pas le détail. À moins de consulter
mon comptable ? Mais je dois te prévenir que la direction ne souhaite pas
discuter des conditions de la vente, sinon avec un acheteur potentiel.
    — Je comprends.
    — Ah, voilà Stabius qui nous amène quatre filles
ravissantes. Laquelle préfères-tu ? Souhaiterais-tu en prendre deux d’un
coup ? Ou les essayer l’une après l’autre ? Mes filles ont le pouvoir
de transformer n’importe qui en satyre, et tu ne m’as pas l’air d’être n’importe
qui.
    Par rapport aux maisons d’Antioche ou d’Alexandrie, l’offre
de mon hôte était désespérément banale. Toutes les quatre étaient brunes. Deux
d’entre elles me semblèrent quelconques, sauf qu’elles possédaient, pour ceux
que la chose intéresse, d’amples attributs au-dessus et au-dessous de la
ceinture. Les deux autres étaient plutôt jolies, mais aucune n’égalait Polia,
du moins avant que la jeune veuve n’ait connu la souffrance. Elles portaient
des robes de couleur vive, sans manches, si moulantes que seuls étaient
dissimulés les détails les plus intimes de leur corps. Mon hôte mit en avant la
plus jeune et la plus jolie.
    — Tenez, je vous offre la rose le plus fraîchement
éclose de mon jardin : Talia. Aussi mignonne qu’une enfant, mais déjà
femme, n’ayez crainte.
    Il se plaça derrière elle et souleva doucement sa robe. Elle
s’ouvrit par le milieu et la fille fut exposée toute nue. Je sentis Tiron
tressaillir.
    Le maître des lieux caressa gentiment ses seins, laissant
courir ses doigts sur son abdomen. Talia baissait les yeux.
    — Elle rougit, regardez ce teint de rose !
    Il la recouvrit.
    — Malgré sa

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