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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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Quelque chose d’encore plus infâme que ce que tu
crois.

4
    J’ouvris l’œil en suffoquant de chaleur ; il faisait
nuit noire. Malgré ma bouche sèche, je me sentais frais et dispos. J’avais
dormi d’un sommeil sans rêves. Je restai un moment allongé sur le dos,
jouissant de sentir la vie couler à l’intérieur de mes membres. Je réussis
péniblement à m’asseoir et à poser les pieds par terre. Je payai le prix de la
chevauchée de la veille.
    La porte de ma petite chambre grinça. Lucius passa la tête.
    — Ce n’est pas trop tôt, dit-il comme un enfant qui
imite ses parents, par deux fois j’ai essayé de te réveiller, sans même te
faire pousser un grognement. On est debout depuis des heures.
    — Est-il si tard que ça ?
    — Midi pile. Je rentre d’une course en ville et j’ai vu
le cadran solaire dans le jardin. Je suis monté voir si tu dormais encore.
    Je regardai autour de moi.
    — Mais comment suis-je arrivé ici ? Et qui m’a
déshabillé ?
    Je me baissai en gémissant pour ramasser ma tunique tombée
par terre.
    — Père et moi t’avons porté, tu ne te souviens pas ?
Un vrai sac de briques. Et impossible d’arrêter tes ronflements.
    — Je ne ronfle jamais. (C’est Bethesda qui me l’avait
dit.)
    — Passons. La vieille Naia a lavé tes habits avant de
se coucher. Il fait tellement chaud qu’ils sont déjà secs.
    Une fois habillé, je retournai à la fenêtre. Pas un souffle
de vent. Des esclaves travaillaient aux champs. La cour en bas était déserte,
excepté une petite fille qui jouait avec un chaton.
    — C’est impossible. Jamais je ne serai de retour à Rome
dans la journée…
    — Bonne nouvelle !
    C’était Titus Megarus, dont la silhouette austère se
découpait derrière son fils.
    — Je suis allé voir ta jument ce matin. Est-ce dans tes
habitudes de monter jusqu’à ce que mort s’ensuive ?
    — Ce n’est pas dans mes habitudes de monter tout court.
    — Ça se voit. Un cavalier digne de ce nom ménage sa
monture. Tu ne penses pas sérieusement à reprendre Vespa aujourd’hui ?
    — Si.
    — Je ne saurais le permettre.
    — Et je repars comment ?
    — Tu prendras l’un de mes chevaux.
    — Le maître de poste sera furieux.
    — J’y ai pensé. Tu m’as dit hier soir que le procès de
Sextus était prévu pour les ides ? Je viendrai à Rome un jour plus tôt, et
la lui ramènerai. Si cela peut aider, j’irai trouver cet avocat, Cicéron, pour
lui raconter ce que je sais. S’il veut m’appeler à la barre des témoins, je
suis prêt à comparaître, même devant Sylla. Et avant que j’oublie, prends ceci.
    Il sortit un rouleau de parchemin de sa tunique.
    — Qu’est-ce que c’est ?
    — La pétition que l’assemblée des notables d’Ameria a
présentée au dictateur – à Chrysogonus en fait – pour
protester contre la proscription de Sextus Roscius. L’original doit être
quelque part au Forum, mais tu sais la tendance qu’ont ces documents à
disparaître, quand ils deviennent gênants. C’est une copie officielle, qui
porte toutes nos signatures, y compris celle de Capito. Elle sera plus utile
entre les mains de Cicéron que dans mon coffre.
    « Le cheval que je te prête ne vaut pas le tien ;
mais il suffira d’aller deux fois moins vite. J’ai un cousin à mi-chemin entre
ici et Rome. Tu pourras y passer le nuit. Il me doit un service, alors n’hésite
pas à te rassasier à sa table ! Si tu es si pressé, tu pourras toujours le
convaincre d’échanger un cheval contre un autre et d’aller à bride abattue
jusqu’à Rome. »
    Je haussai les sourcils, puis acquiesçai. Titus se détendit.
C’était un vrai Romain, habitué à donner des leçons et à faire la loi chez lui.
Son devoir accompli, il sourit en ébouriffant les cheveux de son fils.
    — Et toi, va te laver la figure et les mains avant de
passer à table !
     
    La famille au complet s’était rassemblée à l’ombre d’un
grand figuier pour le déjeuner. En plus du fils et des deux filles de Titus,
deux beaux-frères, l’un d’eux accompagné de sa femme et ses enfants, les deux
grands-mères et un grand-père assistaient au repas ce jour-là. Les enfants
couraient en tous sens, les femmes étaient assises dans l’herbe, et deux
esclaves circulaient pour faire le service. La femme de Titus, adossée contre
le tronc, donnait le sein au petit dernier, tandis qu’une sœur chantait une
comptine qui s’égrenait comme

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