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Du sang sur Rome

Du sang sur Rome

Titel: Du sang sur Rome Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Steven Saylor
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avait
des cheveux dorés, une mâchoire puissante et des yeux bleus étincelants. Il fit
un geste de la main. Soudain les musiciens, qui ne jouaient plus avec autant d’entrain,
retrouvèrent leur brio.
    La litière s’arrêta. Les Nubiens déposèrent leur fardeau.
Sylla se leva, souriant, impressionnant. Son visage rougeaud brillait à la
lumière des torches. Il portait une robe recherchée de style asiatique. Les
broderies d’argent rehaussaient les différentes nuances de vert. Ses cheveux,
jadis aussi blonds que ceux de Chrysogonus, étaient épais et ternes, couleur
filasse.
    Chrysogonus s’avança pour l’accueillir, en inclinant
légèrement la tête. Ils se donnèrent l’accolade, échangèrent quelques mots en
riant et disparurent dans la maison. De l’intérieur nous parvinrent des
acclamations et des applaudissements atténués par la distance. Le héros de la
fête était arrivé.
     
    Deux jours plus tôt, Rufus m’avait montré l’extérieur de la
demeure de Chrysogonus, il m’avait indiqué chaque entrée et expliqué de son
mieux, d’après ses souvenirs, l’emplacement de toutes les pièces à l’intérieur.
Au nord, après avoir dépassé l’angle de la maison, on découvrait, cachée par
une rangée de cyprès, une petite porte en bois dans un renfoncement du mur. Par
là, pensait Rufus, on arrivait dans un office qui jouxtait les vastes cuisines
à l’arrière de la maison. Nous devions attendre que Rufus vienne nous chercher,
à moins qu’il ne parvienne à trouver tout seul les esclaves de Sextus Roscius
père, Félix et Chrestus, auquel cas il nous les enverrait.
    Nous eûmes l’impression d’attendre très longtemps. Enfin la porte
s’ouvrit. Je m’aplatis contre l’arbre, prêt à fuir, mais ce n’était qu’une
esclave avec un seau d’eau sale. Elle le jeta à l’aveuglette dans le noir, fît
demi-tour et claqua la porte derrière elle. Je mis la main dans ma manche pour
m’assurer que mon couteau s’y trouvait bien, celui-là même que m’avait donné le
fils de Polia dans la rue qui mène à la Maison aux Cygnes, il y avait une
éternité, me semblait-il.
    Je somnolais quand la porte s’ouvrit à nouveau. Je serrai le
couteau dans ma main et me redressai.
    — Gordien ? murmura une voix.
    — Viens ici, Rufus. Ferme la porte derrière toi.
    Il la referma en faisant le moins de bruit possible, puis
resta immobile, clignant des yeux, ne voyant rien dans l’obscurité malgré le
clair de lune.
    — Tu les a trouvés ? demandai-je.
    — Oui, ils sont dans la maison. Du moins il y a deux
esclaves qui s’appellent Félix et Chrestus, des nouveaux venus, m’a dit une
esclave. Mais je ne les ai pas vus. Ils ne servent pas les invités. Ils n’ont
aucun contact avec l’extérieur. Chrysogonus les utilise pour son service
personnel. La jeune fille m’a dit qu’ils ne quittent presque jamais le premier
étage.
    — Elle pourrait leur porter un message, suggérai-je.
    — Je le lui ai déjà demandé. Impossible, dit-elle.
Chrysogonus serait dans une colère noire s’ils descendaient pendant la
réception. Mais elle accepte de vous conduire auprès d’eux.
    — Où se trouve cette jeune fille ?
    — Elle m’attend à l’office. Elle a trouvé une excuse
pour aller chercher quelque chose.
    — Ou bien elle pourrait en ce moment même aller voir
Chrysogonus.
    Rufus regarda la porte d’un air inquiet, puis secoua la
tête.
    — Je ne crois pas.
    — Pourquoi ?
    — Tu sais ce qui se passe. Il est facile de savoir si
une esclave accepte de jouer un sale tour à son maître derrière son dos. Cette
jeune fille n’apprécie pas beaucoup Chrysogonus. On dit toujours que les
esclaves détestent travailler pour un affranchi. L’ancien esclave n’est-il pas
le maître le plus cruel ?
    Je regardai la porte. La mort pourrait facilement rôder de l’autre
côté. Je respirai à fond et décidai de m’en remettre au jugement de Rufus.
    — Montre-nous le chemin.
    Il acquiesça et ouvrit la porte sans faire de bruit. Le
linteau était si bas que je dus baisser la tête. Tiron me suivit. Il n’avait
aucune raison de venir, et j’avais l’intention de le laisser dehors, mais quand
je regardai par-dessus mon épaule et vis son air décidé, j’acceptai. La porte
grinça légèrement quand il la referma derrière nous.
    La fille était jeune et belle, elle avait de longs cheveux
noirs et son teint clair prenait des reflets dorés à la lumière de la

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