Duel de dames
charnel de son épouse. Il
lui redressa brutalement la tête. Il démêla sa chevelure avec plus de férocité
encore. Elle ne protestait pas, s’amollissait plutôt comme il s’y attendait, laissant
échapper des gémissements sourds à chaque coup de peigne.
— Sans compter que ta semence est fâcheuse, exhala-t-elle
en faisant allusion à la perte de son enfant en novembre dernier.
— À moins que la terre que je plante avec
tant de zèle soit si peu nourricière que nulle pousse n’y tienne ?
— Que ne t’y emploies-tu ? souffla-t-elle
enfin, à bout de désir.
Elle avait fermé les yeux. Alors il jeta le peigne
sur la tablette, et posa les mains sur ses épaules. Lentement, il fit glisser
le doublez, dénudant les bras, puis les seins. Il en prit possession dans ses
paumes et les pétrit, doucement d’abord, puis de plus en plus cruellement. Elle
se mit à gémir de douleur, jusqu’aux cris.
— Tu es méchante femme ! gronda-t-il en
lâchant ses seins pour empoigner ses cheveux sans ménagement. Il la contraignit
à se lever, à venir se plaquer contre lui, et lui prit la bouche d’un baiser
dévorant, brutal. Comme elle s’accrochait à son cou avec une ardeur animale, il
la rejeta et la poussa violemment, la faisant reculer et reculer encore, jusqu’au
lit à courtines, enclos dans l’alcôve. Une nouvelle poussée encore plus
violente la fit choir sur les marches qui y accédaient. De toute sa hauteur, il
la regarda effondrée, échevelée, gémissante.
— Ôte cette chemise et grimpe ! lui
ordonna-t-il en lui désignant le lit.
Elle troussa son doublez qu’elle fit passer
par-dessus sa tête. Nue, à quatre pattes, elle gravit les marches jusque sur la
courtepointe.
— Chienne enragée, lui dit-il encore en
dégrafant sa brayette, sortant son sexe gonflé qu’il tint comme une menace. Montre-moi
toute l’indignité de ta personne, intima-t-il en la rejoignant.
Allongée, les jambes serrées, elle secoua la tête
en signe de refus.
— Je l’ordonne ! Écarte-toi !
Elle exhala une longue plainte, releva les cuisses
et les ouvrit largement, en se cachant le visage de ses mains.
Il s’approcha d’elle sur les genoux, ne quittant
pas du regard la blessure intime de la toison blonde qui ruisselait de désir. Il
l’ouvrit à outrance, l’examinant tout à loisir.
— C’est trop de honte, larmoya-t-elle en le
laissant faire, haletante.
— Jamais trop de honte, tu l’as méritée.
Il enfonça ses doigts sans ménagement, la sondant
avec complaisance alors qu’elle se mettait à hurler, à mordre ses poings.
— Tu n’as pas fini de t’égosiller, madame la
fâcheuse ! Je vais te labourer les entrailles.
Il lui mit les jambes sur ses épaules, et la
pénétra avec force. Elle poussa un grand cri tandis qu’il la martelait
vigoureusement. Tout le lit en était ébranlé, Valentine en subissait les
secousses, ne cessant de hurler. Louis eut une sorte d’éblouissement, c’était
Isabelle qu’il forçait ainsi, c’était la reine qu’il soumettait à la fureur de
son coït, à sa loi virile.
Projetée par les violents soubresauts du corps de
sa femme, la bulle qu’elle portait au bout d’une chaînette lui sautait
méchamment à la figure, le ramenant à la réalité. Il la plaqua d’une main rageuse
entre ses seins sans cesser de la besogner. C’était un bijou fort courant, celui-ci
était en forme de sphère ovale faite d’une fine dentelle d’or qu’elle portait
en permanence, et qu’il ne lui avait jamais vu avant son départ. Les bulles, qui
s’ouvraient en deux en appuyant sur un minuscule poussoir, contenaient
ordinairement une relique, une amulette, ou encore un minuscule parchemin avec
une inscription sainte. Louis ignorait d’où elle tenait ce talisman, ni ce qu’il
contenait, ce qui l’avait fort intrigué. Elle n’avait rien voulu en dire, et
lui avait interdit de l’ouvrir, de crainte que sa protection n’en soit effacée.
Sous lui, Valentine poussa soudain un couinement
étrange en se cabrant, la bouche grande ouverte, tétanisée par l’orgasme. Alors
il jouit à son tour, et se laissa tomber sur elle comme un poids mort.
Comme il reprenait son souffle, il songea de
nouveau à la reine. Quand la tiendrait-il ainsi, suffoquée de plaisir, comme l’était
son épouse ? La brusque vision d’Isabelle pantelante entre les bras virils
de Bois-Bourdon lui ravagea le cœur de jalousie.
Il sentit sous son corps celui
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