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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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de Valentine qui s’apaisait,
dans sa chair comme dans sa colère. Elle se mit à lui caresser tendrement les
cheveux, sans se douter de la dérive de ses pensées. Il la libéra en se
retournant sur le côté, elle se replia aussitôt en chien de fusil, serrant les
cuisses sur la semence de son époux. Elle ne voulait en perdre goutte, obsédée
par le désir d’enfant, d’un héritier.
    — Et s’il était mort ? murmura-t-elle
rêveusement, au bout d’un moment.
    Le jeune duc sursauta, arraché à ses rêves
coupables.
    — Qui donc ?
    — Le roi, et qui donc ? Car enfin cette
absence n’est pas naturelle.
    Louis en resta médusé. Il
avait pris l’habitude des périodes de profondes prostrations de son frère, mais
jamais aussi longues, il est vrai.
    — Mort ? Mais alors ce serait un crime
de lèse-majesté ? lança-t-il enfin en se redressant.
    — Comme tu y vas. Une mauvaise chute sur le
chemin, ou une vilaine fièvre…
    — Je ne parle pas de Charles, mais de moi. S’il
est mort, je suis le roi, et me le cacher est un crime contre ma majesté !
    — Certaine aurait de bonnes raisons de faire
lanterner la nouvelle. Isabelle n’a que des filles, veuve, elle n’est plus rien.
Il lui faut le temps de s’accaparer tout l’or possible…
    Elle s’interrompit alors que l’on toquait à l’huis
de la chambre à petits coups insistants.
    — Que nous veut-on ? brailla Louis, dérangé
dans son mirage de fleurs de lys.
    — S’il est décent d’entrer, j’ai des messages
pour vous, criailla la voix de Capucine.
    — Entre, et garde-toi de nous importuner pour
rien, gronda le jeune duc.
    — Le bon après-midi, vos seigneuries ! lança
le nain en poussant la porte et en trottinant vers le lit, tenant sous son bras
courtaud deux parchemins. Nous avez-vous fait bel enfant, et sera-t-il aussi
braillard que sa mère ?
    Valentine, qui n’avait pas rabattu la courtepointe
sur sa nudité, éclata de rire. Elle avait une faiblesse pour le fou de Louis
qui l’amusait beaucoup, et qui prenait toujours son parti contre son maître
avec une malice qui la ravissait.
    — Je finirai par te bâillonner, gronda le duc
à l’adresse de sa femme, tout en réajustant sa brayette. Et je vois que ce ne
serait pas pour te déplaire, ajouta-t-il comme elle souriait plus encore.
    — À étalon en puissance, jument hennissante, susurra
Capucine qui avait l’ouïe fine.
    Ce nouveau trait fit encore pouffer la duchesse, mais
Louis se leva menaçant, et Capucine s’empressa de lui tendre les rouleaux en
guise de protection. Le duc s’en saisit, l’un d’eux portait le sceau royal. Il
rejeta l’autre sur le lit.
    Le sceau aux trois fleurs de lys, de cire verte
sur lacs de soie verts et rouges, était réservé pour les actes solennels ou à
effet perpétuel. Entre lui et son frère, ils utilisaient la cire rouge qui indiquait
une correspondance privée.
    — Que veut dire ceci ? Est-il possible
que l’on m’annonce là sa mort ? demanda-t-il en décachetant fébrilement le
parchemin officiel.
    — Espère toujours, roi d’Épiphanie.
    Louis ne releva pas la nouvelle impertinence de Capucine,
il parcourait la lettre avec avidité. Enfin, il la laissa retomber au bout de
son bras.
    — Ce soir, nous sommes d’un souper chez le
roi qui aura chose prodigieuse à annoncer pour l’honneur du royaume et la
gloire de toute la Chrétienté, résuma-t-il avec stupéfaction.
    — Mon frère est vif, alléluia ! ironisa
Capucine. Et vous, dame, que vous dit-on ? lui lança le fou, grimpant sans
vergogne sur la couche de Valentine qui déchiffrait la deuxième missive au
sceau vermillon.
    — C’est du sire de Craon de retour de
Bretagne, il nous annonce sa visite, répondit-elle négligemment.
    — Quelle chose prodigieuse Charles veut-il
nous annoncer à ce souper ? dit Orléans qui restait perplexe.
    — Il me semble à moi, dit Capucine, niché
dans un oreiller auprès de la duchesse, que, après s’être pris pour Guillaume
le Conquérant en voulant envahir l’Angleterre [24] , notre roi charme
l’âme de Saint Louis.
    — Saint Louis ? interrogea le duc, plus
perplexe que jamais.
    — Dieu le veut ! lança encore le nain.
    C’était la devise et le cri de guerre des
chevaliers de la guerre sainte.
    — Une croisade ! Se peut-il qu’il songe
à faire croisade ? comprit enfin Valentine.
    — « Pour l’honneur du royaume et la
gloire de toute la Chrétienté », récita

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