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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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droit à leurs justes réclamations.
L’Université ferma ses portes.
    Charles VI avait bien une autre affaire
urgente, rappelée par la venue d’un inspiré, Robert l’Ermite. Ce dernier, qui
revenait de Syrie, lui assura qu’il avait vu dans les cieux une figure pure
comme le cristal, qui lui avait ordonné de se rendre à la cour de France pour
supplier le roi de faire la paix avec l’Angleterre, et tous ceux qui s’y
opposeraient le payeraient cher et fort cruellement.
    Charles, qui avait déjà échangé des courriers avec
son cousin Richard II Plantagenêt, pressa ce dernier plus encore, soucieux
d’écouter dorénavant tous les inspirés qui lui étaient envoyés : il n’oubliait
pas sa fâcheuse négligence de l’homme de la forêt du Mans. La rencontre entre
les deux belligérants fut fixée à Lelinghen, aux frontières du comté de
Boulogne, en juin.
    Il emmena avec lui les princes, Orléans traînait
dans son sillage le cardinal Pierre de Luna, qui assista avec lui aux
conférences. Il fut convenu que les oncles représenteraient les souverains :
le duc de Bourgogne et le duc de Lancastre.
    La rencontre fut faite selon un savant protocole, dans
un camp tendu de draps vermeils dans un pays en ruine, résultats de décennies
de guerre. Les pourparlers se passèrent dans une chapelle couverte de chaume, aux
murailles lépreuses et lézardées. On y accrocha des tapisseries de batailles
pour cacher la misère des murs. Le duc de Lancastre en voulut de plus
attrayantes. Au lieu de batailles, ce fut la représentation de la passion du
Christ, en images sanguinolentes, qui distrairait la noble assemblée.
    Charles VI, déçu par l’impasse du règlement
du Grand Schisme, comptait que celle de la paix avec l’Anglais serait menée à
bien. Mais les conférences butèrent de nouveau sur la question de Calais que
réclamaient les Français, et le solde de la rançon de Jean le Bon, exigé
par Lancastre. Encore une impasse qui fit tomber l’exaltation de Charles. Il
espérait tout, mais n’obtint qu’une prolongation de la trêve d’un an.
    Avant de se quitter, les Anglais, qui en tenaient
pour le pape Boniface de Rome, avaient reçu le cardinal Pierre de Luna qui
leur avait demandé audience. Le prélat avait plaidé sans vergogne en faveur du
pontife Clément. La délégation anglaise considéra sa plaidoirie comme une
provocation insultante. Une fois rentré à Londres, Lancastre envoya un courrier
impérieux, exigeant la destitution du faux pape d’Avignon, condition à toutes
futures négociations. L’avisé Pierre de Luna avait sapé l’équilibre entre
les deux forces.
    Les deux empêchements à la Grande Croisade se
télescopaient, il n’y avait rien qui pouvait se régler l’une sans l’autre, ni l’une
avec l’autre.
    La cour de Charles VI se tenait à Abbeville. Ce
fut dans cette ville qu’Olivier de Clisson, avant de mourir, fit parvenir
au roi son épée de connétable, brisée en deux. Charles fut fort contrit de la
méchante humeur du Boucher borgne pour qui il avait tant d’attachement, et de
sa mort, alors que les échecs du schisme et de la paix l’avaient déjà abattu.
    Début juillet, il rechuta tragiquement. Sa crise
de délire fut inouïe, une démence furieuse lui fit arracher ses vêtements et
les draperies, briser les vitres et vitraux, et tout ce qui lui tombait sous la
main. Chacun fuyait devant cette frénésie dévastatrice. Une accalmie permit de
le transporter en hâte au château de Creil, où sa rage le reprit, ne lui
laissant guère de répit.
    Il fut formellement interdit d’en informer la
reine qui était fortement enceinte, sous peine de châtiments exemplaires, et ce,
jusqu’à ses relevailles.
    Ainsi fut-elle tenue dans la totale ignorance de la
santé de son époux, auquel elle espérait donner un deuxième fils. Près de son
terme, Isabelle réclama pour la deuxième fois le Saint Prépuce de Jésus pour l’assister.
Mais l’abbaye de Coulombs fit valoir à la reine, avec grand regret, que « le
pape Clément VII avait su, par la malignité d’un rapporteur, la sortie de
la relique au profit de Sa Hautesse, et que Sa Sainteté interdisait dorénavant
tous déplacements de telles reliques en d’autres lieux, sous peine d’excommunication ».
Isabelle accoucha, à son grand désespoir, d’une fille, le 22 août 1393,
au château de Vincennes.

16
L’Élixir parfait
    Qui me garde en prison sans fermer ni ouvrir ?
    Ni ne me

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