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Duel de dames

Duel de dames

Titel: Duel de dames Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
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les
ronces du chemin qui menait à Creil. Mais la chambellane faisait retraite dans
un couvent, en grande contrition, la nouvelle mariée ne pouvant se consoler
dans le monde de la tragédie de son mariage.
    Dans les jours précédant la Chandeleur, le roi
décréta que le château de la Reine Blanche serait détruit et rasé, et il se
rendit en pèlerinage à Saint-Denis, avec les princes. Il commanda une châsse
pour la dépouille de M gr  Saint Louis et la voulut couverte d’or,
surmontée d’un chapiteau de cuivre ouvragé de pierreries. Berry et Bourgogne
devaient y contribuer de leurs deniers. Louis d’Orléans annonça qu’il ferait
construire, en repentance, l’église des Célestins, qui serait érigée à ses
frais et dépens, non loin de l’hôtel de Saint-Paul et du cloître du même nom. Il
engageait, pour ce faire, les revenus de Porchefontaine qui venaient des biens,
confisqués à son profit, du sire de Craon.
    La reine ne fut pas en reste, outre moult oraisons
et actions de grâce, elle fit des dons aux églises et aux congrégations. En mai
de l’année 1393, elle fit un pèlerinage à la fontaine miraculeuse du
prieuré de Saint-Santin de Chuisnes et à Chartres, où elle pria devant le
reliquaire qui contenait un linge blanc ayant appartenu à la Vierge, et la
remercia avec ferveur d’avoir protégé le roi. Puis elle offrit du vin et du
pain à la léproserie du Grand-Beaulieu-lès-Chartres. Enfin de retour, elle fit
fabriquer des Agnus Dei, pendentifs d’or et d’argent où l’on mettait une
hostie consacrée que portaient les femmes grosses, qu’elle fit distribuer
généreusement aux dames.
    Pour le roi, la tragédie du Bal des Ardents était
sans conteste un rappel sévère de Dieu. Il avait une mission sacrée, et il l’avait
encore une fois dévoyée par des galéjades. Pierre de Foissy n’était pas
sans le harceler pour ses fautes, son chapelain ne cessait de le tancer
vertement à propos de cette mascarade impie, indigne d’un roi de France, qui
avilissait la gloire de son sacre, et, s’il n’en avait réchappé, il aurait été
aussitôt précipité dans l’abîme des enfers. Foissy, qui aimait à se faire
prédicateur, invectivait aussi son auditoire en prêchant la réforme des mœurs
sous peine d’Apocalypse. Charles VI subissait les foudres de son
confesseur avec patience, il pensait avoir trahi saint Georges en ne consacrant
pas toute son énergie à la paix avec l’Angleterre, à la réunion des chrétiens, pour
en venir à l’apothéose de son règne : sa Grande Croisade.
    Dès lors, il ne ménagea pas sa peine.
    Charles VI avait appris, à la fin de l’année
précédente, que des chartreux, dom Pierre et dom Barthélémy, étaient
retenus contre leur gré par le pape d’Avignon. Ceux-ci, disait-on, étaient
porteurs d’une lettre du pape Boniface de Rome au roi de France, en faveur de
la réunion de l’Église. Les deux saints hommes étaient passés par Avignon pour
obtenir de la bonne volonté du pape Clément un écrit de même sorte. Mais
Clément avait exigé de lire la lettre de son rival, ce qui était impossible. Charles
avait alors envoyé une estafette à Avignon pour exprimer son courroux : « Très
Saint Père, vous osez différer mon courrier. » Clément avait alors relâché
les chartreux, en protestant qu’il ne souhaitait que l’union, quand bien même
cela devait lui coûter sa tiare.
    Dès février, le roi avait reçu les bonnes paroles
prononcées par Clément VII et la missive de Boniface. L’encre de ce
dernier devait être de l’eau bénite, tant il assurait au souverain français son
amour, son respect, sa bénédiction, et le souhait qu’il n’y eût qu’un seul pape,
pasteur de tous les chrétiens. Mais Rome ne disait rien sur les moyens d’y
parvenir. Par les chartreux encore, il apprit que le pape d’Avignon avait
composé une messe pour la fin du schisme, dans laquelle il se plaisait à prier :
« Dieu tout-puissant, unissez Votre Église, mais dans le respect de mon
trône pontifical acquis. »
    Si les temps étaient à la contrition, les papes s’en
tenaient à l’orgueil. Les deux rivaux se moquaient-ils du roi de France ?
    Charles prit alors langue avec l’Université de
Paris, laquelle Université vitupérait en vain depuis longtemps contre le
schisme. Les docteurs en théologie lui suggérèrent deux recommandations pour y
parvenir : la voie de cession proposait de les démettre

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