Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Eclose entre les lys

Eclose entre les lys

Titel: Eclose entre les lys Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Chantal Touzet
Vom Netzwerk:
de Marguerite. Puis il quitta les lieux. Ce qui allait à présent se
passer ne concernait pas les hommes.
    Les chambrières déshabillèrent Catherine, la
séchèrent, lui passèrent une chemise chaude. Tout aussitôt, un flot de
menstrues vint la tacher.
    — Mon Dieu, tout ce sang, s’alarma Ozanne. Il
faut arrêter ça. De la charpie ! Qu’on m’amène de la charpie et des linges
propres. Faites bouillir de l’eau !
    Les femmes s’affairaient sous les ordres de la
dame d’honneur. Catherine se mit à gémir alors qu’on la changeait à nouveau. Ozanne
la prit dans ses bras.
    — Je vais tout faire, douce amie, je vais
tout faire pour garder ton enfançon. Je te le jure.
    Ce serment, elle était loin d’être sûre de pouvoir
le tenir. Le choc avait été rude, et tout semblait indiquer que le fruit
risquait d’être perdu, le sang pouvant entraîner avec lui l’embryon. Si elle le
contenait, peut-être l’enfant tiendrait-il ; il fallait qu’il tienne.
    — Allez aux cuisines, demanda-t-elle à une
servante, qu’on y prépare une tisane à la cendre de hérisson.
    — J’ai mal, gémit Catherine, j’ai soif.
    — De l’eau, donnez-moi de l’eau, ordonna la
demoiselle de Louvain.
    Tout aussitôt, une femme apporta une aiguière d’argent
sur un plateau et une timbale, elle y versa de l’eau pure. Ozanne s’aperçut que
ses mains tremblaient en prenant le verre. Elle s’affolait, il fallait qu’elle
reprenne ses esprits. La souffrance de Catherine lui était insupportable. Elle
se sentait terriblement démunie, ignorante, impuissante. Elle déplora à nouveau
l’absence de la ventrière de la duchesse de Bourgogne et sa froide
efficacité. « Il n’y a nulle matrone au château », songea-t-elle avec
détresse, alors qu’elle la faisait boire.
    À peine bue, Catherine rejeta l’eau et grimaça de
douleur. Cette souffrance était mauvais signe. On apportait sur le lit les
linges et la charpie. Ozanne retroussa la chemise de la chambellane sur son
ventre.
    — Préparez un linge imbibé de vinaigre, demanda-t-elle.
(Puis elle s’adressa à Catherine.) Pardonne-moi, je vais te faire un peu mal. Il
faut que j’arrête le sang. Ouvre les jambes.
    Le sang coulait entre les cuisses de Catherine. Sans
s’occuper des gémissements de son amie, Ozanne enfonça des tampons de charpie
dans son ventre pour l’empêcher de saigner. Puis elle prit le linge humide qu’on
lui tendait et lui lava les jambes.
    — Il faut à nouveau la changer, sa chemise
est souillée.
    La dame d’honneur garnit Catherine de linge alors
qu’on lui repassait une tunique de lin. À ce moment, elle s’aperçut qu’on lui
présentait un bol d’étain fumant.
    C’était une énorme femme au faciès rougeaud, dame
Arégonde, maîtresse cuisinière du château.
    — La décoction à la cendre de hérisson, dit
cette dernière, en observant la parturiente. Mais elle sera sans effet sur une
femme en fausse couche.
    — Ce n’est pas une fausse couche, répliqua
Ozanne avec la hargne du désespoir.
    Les mains de cette dernière tremblaient toujours
alors qu’elle prenait le bol. Elle s’y brûla. Inexplicablement, la douleur qu’elle
endurait la calma, lui fit reprendre son sang-froid. C’était comme si elle
partageait un peu les tourments de Catherine.
    — Soutiens-la, intima-t-elle à dame Arégonde.
    La cuisinière souleva Catherine par les épaules, la
cala contre son énorme poitrine, et la tint assise.
    — Bois ! intima fermement Ozanne en
approchant le bol de ses lèvres.
    — Sauve l’enfant, Ozanne. Par toutes les
douleurs du Christ, sauve l’enfant d’Adémard, supplia Catherine, refusant le
bol.
    — Vous êtes jeune et forte. Vous aurez de
beaux enfants à foison, intervint Arégonde.
    — Non ! cria Catherine. Je veux celui d’Adémard.
    — Bois ! ordonna encore Ozanne.
    Catherine trempa ses lèvres dans le breuvage. Une
nouvelle douleur la secoua, et elle vomit à nouveau. La cuisinière eut le temps
de lui tendre une écuelle sous le menton.
    Tandis que les servantes nettoyaient et
recouchaient la malade, Arégonde entraîna Ozanne à l’écart.
    — Que lui avez-vous fait ? demanda-t-elle.
    — J’ai arrêté le sang avec de la charpie pour
éviter la chute de l’enfant.
    La grosse dame jeta un coup d’œil vers le lit.
    — C’est trop tard. Tant de sang signifie que
l’enfant est décroché.
    Alors que la dame d’honneur s’entretenait avec la
matrone,

Weitere Kostenlose Bücher