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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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rameau fleuri qui bat le flanc de leur vaisseau, la Pinta.
    L’espoir qui renaît. Enguerrand se souvient de cette attente bercée du bruissement de l’eau contre l’étrave à la dérive. Du hurlement de la vigie. Du coup de canon. De la masse sombre et hautaine d’une terre émergeant de l’océan sous un manteau d’étoiles.
    Son œil avait gardé la trace de son émerveillement, lorsque, accoudé au bastingage face à la splendeur du levant, il avait découvert la frange sableuse d’un nouveau monde. Il revoyait ces hommes, ces femmes et ces enfants, nus comme au premier temps de la Création, monter dans des barques d’écorce pour venir à leur rencontre en agitant leurs mains brunes. Il n’avait pas oublié l’innocence de leur regard. Pas non plus celui, avide, de Colomb qui s’était agenouillé sur le sable et y avait planté l’étendard d’Espagne sous le nez traversé d’or d’un des indigènes.
    La suite, le retour, Enguerrand se contenta de l’évoquer. À quoi bon briser la magie, raconter sa dispute avec Colomb qu’il avait cru son ami mais qu’il découvrait assoiffé d’or, de richesses et d’honneur.
    Le vingt-cinq septembre 1493, sans regret, Enguerrand l’avait laissé repartir au commandement de dix-sept caravelles et de mille cinq cents hommes, tous brûlants de cupidité. Il avait passé quelques mois à chercher de son côté un armateur susceptible de financer une autre expédition, plus au nord, avant d’abandonner son projet. Il avait eu son content d’aventure, n’aspirait plus qu’à retrouver les siens, à se poser.
    Enguerrand étira ses longues jambes, poussa un profond soupir, puis se leva pour aider sa mère à se redresser. Sous le coup d’une émotion non feinte, nul ne bougea ; tous étaient enveloppés de ce silence recueilli que les confessions ont l’art d’éveiller.
    D’une voix éraillée par son monologue, Enguerrand le brisa :
    — Admettez ma lassitude, mes amis, et souffrez que je me retire à présent avec ma mère. Nous avons encore elle et moi beaucoup à échanger.
    Sans attendre il descendit les deux marches de l’estrade, Sidonie, emplie de fierté, pendue à son bras, et, avec elle, fendit ce parterre coloré de jupes en corolle et de chevilles à peine dévoilées.
    Ils eurent à peine passé la double porte massive que, semblant s’éveiller d’un rêve improbable, la basse-cour se remettait à caqueter.
    — Allons dans le bureau de Jacques, nous y serons tranquilles, décida Sidonie.
    Enguerrand se laissa guider, sans autre mot échangé. Sa mère avait compris que l’essentiel ne pouvait souffrir d’oreilles indiscrètes et c’était tout ce qu’il souhaitait.
    *
    Fanette se débattit pour la forme, car à aucun moment elle n’avait douté de ce qui l’attendrait en se présentant au corps de garde. Elle connaissait trop les manières des soudards et, à la vérité, avait fait ce qu’il fallait pour les aguicher en déchirant un peu plus ses hardes. Sans cela, ils l’auraient repoussée à l’entrée au lieu de l’entraîner dans la tourelle.
    Lui brisant les bras sur les reins, l’un la tenait fermement tandis que l’autre, un géant aux cheveux aussi roux que les siens, malaxait ses seins à travers la toile de son corsage.
    — Alors comme ça, t’étais prisonnière de brigands, l’empesta-t-il d’une haleine putride.
    — Puisque je vous le dis, gronda-t-elle en gigotant de plus belle pour se dégager. J’exige de voir votre capitaine.
    Le sourire aux dents gâtées chercha sa gorge.
    — L’est pas là de c’t’heure. Mais on va l’attendre gentiment. J’suis sûr qu’y t’ont appris à aimer ça dans les bois…
    L’autre ricana bêtement.
    Deux mains calleuses empoignèrent ses cuisses pour les écarter. Fanette abandonna toute résistance. Non seulement cela faisait longtemps qu’un sexe d’homme ne l’avait pas pénétrée, mais encore elle savait qu’ils seraient plus enclins à l’écouter lorsqu’ils se seraient satisfaits.
    Elle chougna.
    — Faut me mener à Dumas après… Je sais tout de leur bande. Je vous conduirai à leur repaire…
    Le rouquin dégrafa ses braies.
    — Fais ta putain et j’verra…
    C’était une faveur que Fanette avait concédée à d’autres sans rechigner. D’un mouvement de reins, elle enroula ses jambes autour de la taille épaisse du rouquin et l’attira sous ses jupons relevés.
    Il jouit si vite que Fanette eut à peine le temps de

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