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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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place en place les alliés du pape.
    La guerre était aux portes de la ville et Djem, pour de nombreuses raisons, en était l’enjeu.
     
    Le silence était retombé depuis quelques secondes, troublé par le crépitement des braises autour de la bûche humide qu’Aymar avait jetée dans l’âtre.
    Hélène, que rien ne voulait attrister, haussa les épaules.
    — Je ne vois là rien qui compromette notre séjour. Les débauches des Borgia m’indiffèrent. Nous n’avons pas à nous en mêler.
    Jacques tordit la bouche.
    — Tu oublies l’attirance de Lucrèce, la fille du pape, pour Djem. Les Borgia ne sont pas gens à s’embarrasser de rivalité.
    Il se tourna vers le prince.
    — Tout de même, Djem, je n’arrive pas à croire que ces rumeurs d’inceste soient fondées.
    Le visage de Djem se barra d’une moue d’écœurement.
    — J’ai surpris hélas ! nombre de gestes obscènes entre Lucrèce et son frère César. De plus, messire Burckhardt, le cérémoniaire du palais avec lequel j’ai noué amitié, m’a assuré que l’ambition la plus profonde d’Alexandre VI serait une descendance issue de l’union charnelle entre ses enfants pour asseoir une lignée de sang pur. Ces gens ne reculent devant rien… Absente de longs mois, Lucrèce est revenue hier avec son époux Giovanni Sforza. Ils n’étaient pas seulement installés qu’elle s’est empressée de venir me saluer.
    Avec grâce, il enleva la main d’Hélène pour y porter un baiser.
    — Elle m’a avoué sa flamme, affirmant qu’elle n’éprouvait aucun véritable plaisir dans les bras de César, sans parler de son époux trop gras qu’elle tient en stérilité avec ses poisons. Elle prétend n’accomplir l’acte de chair que pour satisfaire l’orgueil de son père. Ta présence ne peut que l’agacer, ma douce. En vérité, je crains pour toi.
    Un frisson de jalousie rattrapa Hélène.
    — Il en faut davantage pour m’effrayer !
    Aymar et Jacques soupirèrent de concert.
    — Vous avez attendu si longtemps cette liberté prochaine. Ne le peux-tu encore quelques mois, en sécurité, hors de Rome ?
    Hélène tapa du pied sur le parquet marqueté.
    — Non, non et non. Inutile d’insister.
    Et pour bien marquer sa détermination, elle croisa les bras sur sa poitrine, afficha une moue furieuse et se rencogna dans la profondeur des coussins.
    Jacques de Sassenage lissa sa barbe presque blanche. Il connaissait trop bien sa fille pour espérer la faire changer d’idée. D’autant que Djem, lui-même, transfiguré par sa présence, ne parvenait à l’en supplier.
    — Il existe peut-être un moyen de la tromper, intervint Aymar de Grolée.
    Hélène apprécia le sourire malicieux qui venait d’éclairer ses traits.
    — Est-ce à dire que je reste ?
    — Pas en tant que telle, ma mie, pas en tant que telle, car un semblable engagement exige des sacrifices et celui qu’il te faut accepter n’est rien de moins que de perdre ta beauté…
    *
    Le sire Dumas commandait la garde de Jacques de Sassenage depuis plus de vingt ans et l’escortait d’ordinaire dans tous ses déplacements. Cette fois pourtant, avec ces malandrins qui tenaient le prévôt en échec et rançonnaient jusqu’en les fermes isolées, le baron Jacques n’avait voulu confier à personne d’autre qu’à lui la garde de la Bâtie en son absence. Dumas avait donc délégué à son bras droit le soin de mener leurs seigneuries à Rome. Sans le moindre regret, à la vérité. Une des lingères de la maisonnée allait bientôt lui donner ce fils qu’il n’espérait plus, et lui qui n’avait jamais songé aux épousailles se prenait d’envie de marier cette jeune veuve qu’il aimait.
    Lorsque, à son invitation, le rouquin pénétra dans l’annexe de la salle des gardes où il tenait ses quartiers, Dumas se trouvait occupé à vérifier les comptes des pièces d’armurerie. L’homme lui exposa l’histoire servie par Fanette.
    — Alors je m’suis dit… termina le rouquin, mal à l’aise face au visage fermé de son supérieur retranché derrière la barrière du bureau disparaissant sous les registres.
    Dumas prit le temps de ranger sa plume dans l’encrier et de rabattre la couverture de cuir qui protégeait les feuillets avant de décider :
    — Fais-la entrer.
    Le rouquin se hâta d’obtempérer. Le sire Dumas, pour juste qu’il soit et apprécié de ses hommes, n’était pas de ceux qu’il fallait chatouiller.
    Fanette le

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