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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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s’exciter, si bien que, libérée de la tenaille de l’autre, elle s’en fut d’elle-même se pencher en avant sur la table rectangulaire encombrée de hanaps qui meublait la petite tour de guet.
    — Vite, vite, appela-t-elle en claquant son fessier d’une main impatiente.
    Le rouquin éclata d’un rire satisfait et se rajusta tandis que son compère enfilait ce derrière dénudé.
    Plus jeune et mieux doté par la nature, le second lui donna son content et Fanette s’accorda à reconnaître que quoi qu’il ressorte de son plan, elle n’avait pas perdu sa journée.
    — Rajuste-toi, lui ordonna le rouquin comme son acolyte se rhabillait.
    Elle obéit en silence, tout en louchant sur la gourde emplie de bière qu’il était occupé à vider.
    — T’en veux ?
    — J’en veux…
    Il la reboucha et la lança dans sa direction. Fanette la récupéra au vol et termina le fond à la goulée avant de s’essuyer la bouche d’un revers de manche. Ses yeux roulèrent de l’un à l’autre des gardes.
    — J’attends mon merci, dit-elle.
    Le rouquin dodelina de la tête, frotta sa joue, plissa les yeux sous le poids d’une profonde réflexion avant de se décider sous l’œil de Fanette qui noircissait.
    — C’est bon, j’va t’mener, mais jacte un mot de ta troussée et ce s’ra pas ton cul que j’va trouer !
    Fanette acquiesça d’un hochement de tête et lui emboîta le pas.

7
     
    Dans un des salons, Hélène et Djem se tenaient côte à côte sur une banquette de velours grenat, face à la cheminée sculptée d’angelots. Près d’eux, installés dans des fauteuils à l’assise moelleuse, Jacques de Sassenage et Aymar de Grolée gardaient le front soucieux.
    Djem venait de leur brosser de la situation à Rome un tableau bien sombre.
    Sur la Ville régnait en maître la très puissante famille Borgia, et surtout son plus illustre représentant, Rodrigo. Servie par un caractère impitoyable et une aptitude toute particulière à la rouerie, l’ascension de Rodrigo Borgia dans la hiérarchie de l’Église avait été irrésistible. Déjà possesseur d’une fortune immense, maniant le poison aussi sûrement que le poignard, l’homme affectionnait le stupre. Au fil des années de sa jeunesse, fort de l’exemple d’une Église corrompue, il s’était abandonné de coucheries en débauches orgiaques où le vin disputait aux femmes son tempérament libidineux.
    De cette vie dissolue étaient nés sept enfants, mais seuls quatre trouvèrent grâce à ses yeux. Faisant la fierté de leur père, Juan, César, Lucrèce et Gioffré s’imposèrent dès l’enfance par leur caractère trempé. Rodrigo eut tôt fait de leur inculquer le sens de la fratrie. Ne rêvait-il pas d’étendre l’influence des Borgia aux quatre coins du monde, y compris celui qu’un dénommé Christophe Colomb venait de découvrir par-delà les océans ?
    Succédant à Innocent VIII, Rodrigo revêtit la tiare le douze août 1492, après avoir acheté au prix fort les cardinaux présents au conclave, mais il ne renonça pas pour autant à sa vie de débauche, loin de là.
    Désormais, Rome vivait au rythme décadent d’Alexandre VI, dont les enfants, en grandissant, affichèrent sous des visages d’anges les mêmes penchants que leur père. La sainte ville voyait ses rues, ses places et ses palais grouiller de prostituées et de sodomites, de voleurs et de coupe-jarrets. Les meurtres s’y succédaient en toute impunité, les indulgences s’achetaient à prix d’or, et les prélats assoiffés de vice se livraient à toutes sortes de dépravations.
    Mais depuis peu, Alexandre VI était malmené sur deux fronts à la fois. D’un côté, ses détracteurs se faisaient entendre haut et fort. Portés par la voix d’un prédicateur nommé Savonarole, beaucoup ne supportaient plus la décadence dans laquelle le Vatican avait sombré et exigeaient un retour aux valeurs moralisatrices de la chrétienté.
    D’un autre côté, le roi Charles de France avait repris à son compte l’idée de croisade lancée par le précédent pape. Idée de croisade qui justifiait à la fois de soutenir le prince Djem contre son frère le sultan Bayezid et de reconquérir Naples, associée historiquement et depuis longtemps au tombeau du Christ. Or Alexandre VI ne pouvait se passer ni de Bayezid ni de Naples dont il avait fait ses alliés. Exaspéré, le roi Charles avait levé l’host royal et fondait sur Rome, défaisant de

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