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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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caverne. La lumière ne s’était pas éteinte pourtant. Quelqu’un d’autre la portait près d’eux, qu’elle n’avait pas vu de prime abord. Quelqu’un qui, à l’inverse de son fils, souriant, faisait peser sur elle tout son mépris. Celma. Il fallut quelques secondes encore à Fanette pour comprendre que son enfer était bien réel et la mort une faveur qu’Algonde avait refusé de lui accorder. Les bras de Jean, qui s’enroulèrent spontanément autour de son cou, achevèrent de la convaincre.
    — C’est fini, maan. On est tous sauvés.
    La carapace disparut avec sa peau étriquée. Fanette éclata en sanglots en broyant contre elle ce petit être si précieux soudain qu’elle ne pouvait plus s’en rassasier. Caressant ses joues, sa chevelure rousse et longue, ses épaules forcies par les jeux d’épée, elle le couvrit de baisers, amenant un rire dans la voix de son fils et une once d’apaisement dans les yeux de Celma.
     
    L’omoplate toujours douloureuse, la devineresse se retira vers le fond de la grotte éclairée de torches flamboyantes accrochées aux parois rocheuses. Bertille s’y trouvait avec le petit garçon velu vers lequel Algonde les avait menés. Étrange aréopage en vérité qui avait établi là ses quartiers.
    À quelques pas des enfants, surveillant sa créature, une louve étendait son pelage argenté près du rocher sur lequel Algonde s’était assise, la pointe de sa queue de serpent perdue dans l’eau émeraude d’un lac parcouru d’une lumière oblique et naturelle. Elle achevait de démêler ses longs cheveux châtains avec un peigne d’écaille, la mine réjouie par les retrouvailles de Fanette et de Jean dont l’écho lui parvenait.
    Cette évidence agaça Celma.
    — Tu aurais mieux fait de la noyer, grinça la devineresse en s’installant près d’elle.
    Leur amitié s’était nouée spontanément, sitôt qu’Algonde lui avait raconté pourquoi, imaginant cette situation provisoire, elle avait sciemment pris la place de Mélusine dans les eaux du Furon 2 . Mélusine était seule capable de vaincre sa sœur, Marthe. Du moins l’avaient-elles cru car, en vérité, c’était le contraire qui s’était passé. À la suite d’un combat acharné, Mélusine avait emporté le secret d’Algonde dans la tombe. Algonde était restée prisonnière des eaux souterraines. C’était là, dans cette salle, qu’elle avait élevé le fils de Djem et d’Hélène, ce petit Constantin velu que, de toute manière, sa différence aurait empêché de vivre parmi les hommes.
    La louve qui veillait sur eux n’en était pas une en réalité, mais la fée Presine, mère de Marthe et de Mélusine, dont le pouvoir était de modifier à l’envi son apparence. Sa droiture l’avait autrefois obligée à punir ses filles, insupportables de cruauté, contraignant Algonde, ce jourd’hui, à payer le prix d’une malédiction que seul l’amour d’un être pur pourrait lever. Algonde était loin de lui en vouloir pourtant. Depuis dix ans, une tendresse infinie les liait, si palpable que Celma en avait été touchée.
    Du coup, elle avait à son tour raconté l’histoire de ses origines.
    — Nous sommes demi-sœurs par ton père le charpentier, Algonde, avait-elle terminé dans un éclat de rire, laissant cette dernière médusée, avant d’ajouter que ni Mathieu ni personne n’en avait jamais rien su.
    Pour l’heure, elle était contrariée.
    Au fil des jours qui avaient vu Fanette, inconsciente, se tordre de douleur sur sa couche, Celma avait espéré la mort de la traîtresse, malgré l’attention dont Jean la couvrait. Lors, non seulement elle la voyait d’un mauvais œil se ranimer, mais en plus, différente par son attitude de la meneuse d’hommes qu’elle avait côtoyée.
     
    Algonde posa son peigne et entreprit de natter sa chevelure abondante, l’œil tourné vers Celma, renfrognée.
    — Qui suis-je, Celma, pour condamner des actes dont je suis en partie responsable ?
    Celma se rembrunit plus encore.
    — Non, tu ne l’es pas. Personne ne l’est. Fanette est mauvaise dans l’âme, c’est une évidence. Attends qu’elle se remette et tu verras que j’ai raison. Elle te poignardera dans le dos et nous avec pour venger son orgueil. Crois-moi, Algonde, c’est lui qui la mène, lui et lui seul. Pas l’amour. Elle ne sait pas ce que c’est !
    Algonde haussa les épaules.
    — Peut-être… Mais je me dois de le vérifier. Il faut parfois souffrir

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