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Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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tienne, d’un bleu particulier, pailleté d’or. Dans les minutes qui suivirent, j’ai entendu deux hommes discuter. L’un était un eunuque, l’autre le gardien des fauves. Ils complotaient pour faire disparaître cet enfant, fils du sultan et d’une Égyptienne. J’ai aussitôt compris que nous n’étions arrivés là que pour le sauver d’une mort certaine. J’ai offert à l’eunuque de l’acheter et de disparaître.
    Il émit un petit rire désabusé.
    — On raconte tellement d’horreurs sur notre compte qu’il n’a pas douté un instant lorsque je lui ai affirmé que nous voulions le manger. Pire, il jubilait, le monstre, certain que la première épouse du sultan qui avait commandité l’assassinat s’en réjouirait.
    La grimace sur son visage céda la place à la tendresse.
    — Mon épouse et moi avons élevé Khalil comme notre fils, avec d’autant plus d’amour que nous n’avons pas réussi à en avoir avant qu’elle ne soit emportée par les fièvres l’hiver dernier. J’attendais qu’il soit adulte pour lui révéler la vérité, persuadé qu’il comprendrait à la fois mon geste et sa vérité. Mais je me trompais sur lui. Enfin… à moitié.
    Il avala le contenu du gobelet d’un trait, essuya ses moustaches d’un revers de manche avant de le reposer et de poursuivre :
    — Khalil parle en dormant. Il fait toujours le même rêve…
    — Il me l’a raconté, l’interrompit Elora.
    Nycola hocha la tête, puis poursuivit :
    — Il ne nous a jamais parlé de toi, mais une nuit, à la faveur de ce qu’il évoquait, j’ai compris qu’il t’avait rencontrée. Cette lumière bleue qui l’avait guéri, le pape qui voulait te brûler pour sorcellerie. Lorsqu’on vint nous signifier qu’il avait été arrêté pour avoir enlevé Sa Sainteté, j’ai compris qu’il avait été poussé par la même détermination que moi, autrefois, pour le sauver, sacrifiant tout ce que nous possédions de liquidités. Nous nous sommes conformés aux ordres de Sa Sainteté. Les autres inquiets. Moi confiant. Je savais que tu nous retrouverais et me le ramènerais.
    À cet instant, des pas résonnèrent sur les marches de bois et la porte s’ouvrit à la volée. Bouba se rua à l’intérieur et Khalil s’arrêta sur le seuil, jovial malgré sa surprise.
    — Qu’est-ce que vous faites ?
    Son père lui fit signe.
    — Approche mon garçon. Le temps est venu pour moi de te révéler qui tu es.
    Les minutes qui suivirent furent de déchirement. Khalil pleura en silence, renfrogné sur lui-même, refusant de n’être pas de leur race, de leur famille, de leur sang, jusqu’à ce que Nycola se redresse, empli de cette noblesse d’âme qu’il portait mieux que d’autres, celle d’épée.
    — Qui prétendrait que tu n’es pas mon fils m’insulterait assez pour que je le tue sans hésiter. Tu l’es, Khalil, et tu le resteras, quoi qu’il advienne, mais ce jourd’hui, ton destin te rattrape et il est lié à Elora, autant qu’au lourd secret de notre famille.
    Il fourragea dans son col, détacha de son cou une lourde chaîne en or et la tendit à Elora. Une émotion vive emporta les battements du cœur de celle-ci quand elle découvrit la clef ouvragée qui y était rattachée.
    — J’ignore à quoi elle sert et pourquoi elle a été confiée à mon aïeul il y a des siècles ?. Tout ce que l’on m’en a dit, c’est que je devais la garder précieusement. Pour toi, Elora, reine de lumière.

26
     
    Ce seize janvier, Celma avait décidé d’y retourner. Elle jugeait que suffisamment de temps avait passé pour que les soldats aient définitivement cessé de surveiller Choranche. Et puis elle suivrait le chemin de l’allée, escortée depuis les rivières souterraines par Algonde et ensuite, dans le boyau qui restait, serait vigilante pour ne pas tomber dans un piège qu’ils auraient laissé. L’idée d’être accompagnée de Fanette ne lui plaisait guère, mais la brigande avait insisté. Ses plaies étaient cicatrisées et bien qu’elle consacrât beaucoup de temps à son fils, elle en avait assez de l’oisiveté. Elles ne seraient pas trop de deux pour récupérer du matériel, certaines que le prévôt ou ses sbires ne s’étaient encombrés que du butin.
    Celma avait ajouté un second poignard à sa cheville, là où d’ordinaire elle n’en portait jamais, puis avait consulté ses runes, discrètement. Elles annonçaient à la fois une heureuse et une

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