Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Elora

Elora

Titel: Elora Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
compagnons. À d’autres moments, il discutait. Le prévôt voulait tout savoir de leur vie à Choranche. En échange, il lui avait parlé de son passé, lui permettant de comprendre enfin l’intérêt qu’il portait au Mathieu.
    Le prévôt lui avait appris qu’il avait été chargé d’une mission par le grand prieur d’Auvergne : retrouver son fils naturel, un certain Philibert de Montoison, mystérieusement disparu alors qu’il traquait sa fiancée en fuite, Hélène de Sassenage. Le prieur avait demandé à Luirieux de découvrir la vérité, en échange de quoi il recevrait des terres giboyeuses et riches ainsi qu’une rente conséquente. Petit Pierre avait demandé en quoi cette sombre affaire concernait son père. C’est ainsi qu’il avait appris qu’Algonde, alors l’épouse de Mathieu, était la dame de compagnie d’Hélène de Sassenage. Sa confidente. Mathieu savait forcément, par sa femme, ce qu’il était advenu du sire de Montoison. Comme le grand prieur, Luirieux n’avait aucun doute sur sa mort, mais il voulait apprendre comment et où, seule condition pour empocher sa récompense. Or la fin d’Algonde avait précipité Mathieu chez les brigands. Redevenu civil, Hugues de Luirieux avait battu la contrée pour le retrouver et, sur la recommandation du grand prieur d’Auvergne, avait été investi de la charge de prévôt pour avoir une chance d’y parvenir. Il lui avait fallu dix ans avant que Fanette lui en fournisse l’occasion.
    À présent, Petit Pierre connaissait le lien qui unissait son père à cet homme. Tous deux avaient des raisons d’en vouloir à cette Hélène. Hugues de Luirieux la faisait surveiller par un de ses hommes. Ce dernier interceptait depuis des années le courrier qu’elle recevait du prince, mais cela n’avait pas été suffisant. Tout au plus avait-il appris qu’elle avait donné au Turc un fils mort-né. Il lui fallait une preuve. Lorsqu’il l’aurait, il laisserait le Mathieu s’accorder à sa vengeance.
    De tout cela, Petit Pierre avait compris l’essentiel. Son père était pour l’heure infiniment précieux à cet homme. Alors, stupidement, il avait demandé s’il partagerait avec lui l’or et les terres. Nouveau rire de Hugues de Luirieux, qui l’avait poignardé d’un regard méprisant.
    « La réhabilitation sera bien suffisante pour un misérable de son espèce. Mais avec ses deux complices, il pourra continuer de travailler sous mes ordres et toi aussi, cela va de soi… »
     
    Ce qui allait de soi pour Petit Pierre, à l’instant où la porte s’ouvrit sur Briseur et La Malice, c’était qu’ils avaient désormais, lui et son père, deux alliés de poids, qui comprendraient tout et rétabliraient la justice. Non pas celle des gens de bien. Mais celle des gens d’en bas.
    Comme ils l’avaient toujours fait, ils prendraient ce qui leur revenait, occiraient ce triste sire et quitteraient le pays, libres et fortunés.
    Petit Pierre se jeta dans leurs bras puants de la crasse du cachot, un franc sourire aux lèvres. Lui qui avait douté ne doutait plus. Il était un des leurs. De toute son âme.
    *
    Il avait fallu neuf jours à Elora pour atteindre le campement des bohémiens repoussé loin de Rome par les soldats qui continuaient d’affluer. Renseignée sur leur itinéraire à chaque contrôle et grâce au sauf-conduit qu’elle avait obtenu du roi par l’intermédiaire du maréchal de Gié, elle avait pu traverser les lignes sans être inquiétée. Malgré cela, Julie n’avait cessé de trembler et de se tasser sur son siège, craignant de voir un Français se pencher dans la voiture et la reconnaître. Cela n’avait pas été. On s’était seulement étonné de leur passage en ces temps troublés, avant de fondre en courbettes devant le sceau royal. À présent, pourtant, qu’elle savait devoir continuer sous la seule protection de l’évêque d’Alatri qui s’était joint à eux, Julie était la terreur même. Elle serrait en permanence la petite Laura contre sa poitrine, rabattant à chaque arrêt sur le visage de l’enfançonne, la couverture dans laquelle elle l’avait enroulée. Khalil, lui, trépignait d’impatience et de curiosité. Impatience à retrouver les siens. Curiosité des armes et des mises de la soldatesque qu’ils croisaient. Relevant le volet au grand désespoir de Julie, il penchait la tête au-dehors, avalait les éclaboussures de neige boueuse, en revenait maculé mais riant aux

Weitere Kostenlose Bücher