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Emile Zola

Emile Zola

Titel: Emile Zola Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edmond Lepelletier
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circulant çà et là. Le docteur Deberle rencontre Hélène. Ici un effarement réciproque. Elle tremble, et il frissonne. Il est derrière elle. Son souffle lui passe dans les cheveux.
    Elle sent qu'il va parler ; elle n'a pas la force de fuir, et faible, vaincue, heureuse au fond, elle reçoit ce premier aveu, haleine embrasée qui la brûle :-«Je vous aime ! oh ! je vous aime !»
    Voilà l'exposition terminée et le drame noué. La catastrophe est proche : l'aveu fait et subi, Hélène et Henri Deberle se sont trouvés séparés par les choses, autant que par eux-mêmes. Une sorte d'effarouchement des sens s'est emparé d'eux, et, sans s'éviter, ils n'ont rien tenté pour se rapprocher. Mais le mois de mai est venu. Un souffle tiède envahit la nature et les êtres. Le clergé, qui sait merveilleusement tirer parti des admirables accessoires que lui fournit l'inépuisable magasin du monde, use de ce mois et s'en sert pour une toute-puissante mise en scène. Il l'appelle le mois de Marie, et en fait la pieuse saturnale des fleurs fraîches écloses, des bonnes odeurs des feuilles vertes, des arômes qui caressent et des chants qui consolent. Aux voix des vierges se mêlent les senteurs des roses ; l'orgue, l'encens, les cantiques rivalisent avec les moissons de bouquets et les gerbes de feuillages, pour célébrer Marie.
    Cette fête de la femme, cette fête de mai, attire, passionne et exalte les femmes. Le moment du renouveau est propice. La féminine nervosité, toujours prête à subir l'excitation, ébranlée par tout cet appareil décoratif plein d'art et de douceur, aspire les capiteuses ivresses du printemps. Une sorte de rut mystique pousse ces créatures impressionnables aux églises discrètes et parfumées.
    C'est dans l'église qu'Hélène revoit Henri. Avec réserve tous deux se retrouvent. Ils évitent de paraître se souvenir de la scène vive et brusque du bal d'enfants. Un apaisement profond et une sensation nouvelle de passion réfrénée accompagnent ces entrevues. On ne se permet pas un serrement de main. On garde tout. Le coeur s'emplit à éclater. Pas un muscle du visage ne bouge. C'est là le bonheur de tous deux. Les forts et les chastes ont goûté de ces joies. Henri a beau se taire, Hélène l'entend. N'est-ce pas lui qui, d'une voix plus belle, chante, avec l'orgue, leur amour infini et leur volupté sans bornes ? L'extase lui vient à entendre ces cantiques où débordent les passions divines, et elle ne peut s'arrêter quand elle a commencé à converser de ses amours, avec Marie.
    Mais les extases célestes descendent et se prolongent sur la terre. Un soir, grâce à l'hypocrite intervention d'une vieille hideuse, la mère Fétu, qui retient Jeanne lui faisant l'aumône, Henri et Hélène se trouvent seuls, ensemble, dans la rue, et les mains des deux amants se rencontrent.
    Les voilà repris au piège éternel.
    Cependant le mois de Marie s'achève, et il va falloir renoncer aux délicieux retours de l'église, quand Jeanne vient encore une fois servir de lien fatal entre ces deux êtres.
    Une après-midi, tandis que sa mère, agenouillée à l'église, demeure abîmée dans ses rêveries sans fin, Jeanne, saisie par la fraîcheur qui tombe des voûtes, éprouve un sourd malaise, mais elle ne se plaint pas. Elle regarde trop attentivement et trop tristement les ouvriers qui démolissent cette chapelle de Marie, qui lui paraissait si belle, et qu'elle s'imaginait devoir durer toujours ; son coeur se gonfle de chagrin à voir emporter les grands bouquets de roses qui fleurissaient l'autel.
    Quand la Vierge, vêtue de dentelles, chancelle et tombe aux mains des ouvriers, Jeanne jette un cri, chancelle et tombe comme la Vierge. Le terrible mal qui lui vient de son aïeule, la folle des Tulettes, la ramène à ce petit lit où, par une nuit paisible, à la clarté faible de la veilleuse brûlant sur la cheminée dans un cornet bleuâtre, sa mère dévêtue, au châle glissant, à la chevelure défaite, s'était rencontrée, pour la première fois, avec un homme dont le veston mal boutonné, laissait voir le cou nu.
    Toute cette première moitié d'Une Page d'Amour est traitée avec un art de composition et une perfection de touche qu'on ne saurait surpasser. Tout y est à sa place, au point ; pas une dissonance, pas une faute de perspective. Modestement, dans une courte mais ferme préface, l'auteur a été amené, par incidence d'ailleurs, à qualifier son livre, et il l'a

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