En ce sang versé
source d’approvisionnement en viande.
3 - Fauconneau pas encore sorti du nid, donc incapable de voler et de se débrouiller. Au figuré, a donné la signification actuelle.
4 - Croix celtique.
5 - Héritier.
6 - Derrière, postérieur.
7 - Bouche bée, en général de stupéfaction ou d’indignation. A donné plus tard « bégueule » qui se dit d’une femme d’une grande pruderie.
8 - Très surpris, stupéfait.
9 - Contrairement au loup, craint mais méprisé, le renard était symbole de courage et d’intelligence au Moyen Âge.
10 - Chausse-trape. De chaucher , « fouler », et treper , « trépigner ».
11 - Les premières « branches » des bois en partant du crâne.
12 - Le terme est ancien dans son sens de « gros ventre » et vient de l’ancien français boudine , « nombril ».
XI
Nogent-le-Rotrou, novembre 1305
L a jeune baronne Mahaut de Vigonrin, née Leu de Cérainville, âgée de presque vingt-trois ans, tentait d’apercevoir l’esplanade du château Saint-Jean depuis la mince fenêtre de la tour carrée où elle était tenue en attendant son procès. On y dressait le chafaud les jours d’alléchantes exécutions : notoire brigand ou personnage de haut. Le seigneur bailli, Guy de Trais, avait tenu à ce qu’elle fût traitée avec les égards dus à son rang. Aussi lui avait-on réservé une pièce d’agréables dimensions, chauffée de deux cheminées, aux murs tendus de dorsaux. Le lit en était confortable, les quelques meubles et tapis convenables, et elle avait tout particulièrement apprécié la délicatesse de de Trais en découvrant une petite collection de livres de dame, romans courtois ou poésie, sans doute ceux de son épouse dont on le disait très épris.
Après l’affolement, la terreur, les pleurs, une sorte de détachement l’avait envahie, seulement troublé par les bourrasques de panique qui la suffoquaient lorsqu’elle songeait au sort réservé à Guillaume, son fils de cinq ans, si elle était condamnée et déchue de sa noblesse. Seule la prière l’apaisait alors. Elle suppliait la très bonne et très sainte Vierge de veiller toujours sur l’enfant, quitte à ce que Dieu réclame sa vie à elle.
Quelle étrange et courte vie avait été la sienne. Quelle série d’errements, de fâcheuses coïncidences. Au fond, n’était-elle pas bien coupable de s’en être remise aux autres, au sort, sans jamais consentir l’effort de l’incliner à son besoin ? Le souvenir de Marie, sa sœur aimée, faisait de fréquentes incursions dans son esprit. Marie, si parfaitement bonne, aimable et douce, en plus d’être belle comme une étoile, mais Marie pugnace, décidée, si ferme, refusant de se laisser mener au gré des autres. Pauvre chère et délicieuse Marie, brûlée vive parce qu’elle n’avait pas lâché prise face à un scélérat violeur, exigeant que l’on reconnût l’outrage dont elle avait été victime et son droit. Bien que se ressemblant étonnamment, au point qu’on les crut longtemps jumelles, leur essence était si différente. Certaine que sa belle naissance et sa sidérante beauté lui garantissaient le meilleur de la vie, Mahaut s’était laissé porter, remettant sa vie entre mains selon elle plus compétentes. Quelle cuisante déception, quel cinglant camouflet ! Pis, elle ne pouvait s’en prendre qu’à elle, à sa paresse, à sa langueur si seyante pour une dame, mais si traîtresse.
Elle venait d’avoir quinze ans lorsque François de Vigonrin père s’était annoncé chez eux. La très jeune fille se doutait bien qu’un mariage se dessinait pour elle, son père et le baron étant en cordialité d’affaires. Le baron avait requis permission de se promener en compagnie de l’alors jeune fille, afin de recueillir son sentiment sur une union avec son fils François. Elle en était tombée follement amoureuse en quelques minutes. Du père. Dieu qu’il était beau, en dépit de son âge, drôle, charmant, vibrant d’une énergie qui fascinait Mahaut. La presque femme avait ressenti pour la première fois les prémices de cette mystérieuse alchimie qui donne aux plus sages, aux plus réservées l’envie de s’offrir, sur un coup de passion. Connaisseur et admirateur amusé de la douce gent, le baron avait sans doute perçu l’émoi qu’elle ne savait guère dissimuler. Il avait eu l’honneur et l’élégance de ne point le laisser paraître, afin d’épargner sa pudeur, s’attachant
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