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En ce sang versé

En ce sang versé

Titel: En ce sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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confiées les tâches les plus dures et salissantes.

    2 - Utilisé au féminin ou au masculin, le terme à l’époque s’adressait aussi bien à des amis qu’à des amants. Il n’a pris sa signification strictement amoureuse que plus tard.

    3 - Les Enquêtes de M. de Mortagne , bourreau , tome I, Le Brasier de Justice , Flammarion, 2011.

    4 - Armoire montée sur quatre pieds et fermée de deux vantaux, dont l’intérieur était équipé de multiples tiroirs, dont certains secrets.

    5 - Robe.

    6 - Sorte de long manteau sans manche, porté indifféremment à l’intérieur ou à l’extérieur.

    7 - De l’ancien français, frioler (frire), c’est-à-dire, au sens propre, des mets qui excitaient les papilles pour désigner au figuré une personne ou une situation suscitant l’envie ou le désir.

    8 - Espion, délateur.

    9 - Du francique. Venant de « vache », le terme était particulièrement injurieux lorsqu’il était destiné à un être humain.

    10 - Porche principal où les commères bavardaient après la messe.

    11 - Le terme, très ancien, vient de palefroi , un cheval de promenade et de voyage, voire de parade.

    12 - Environ 4 kilomètres.

    13 - Babioles.

V
    Mortagne-au-Perche, novembre 1305
    H ardouin cadet-Venelle avait confié Fringant au valet qui tenait l’un de ses louages de chevaux et d’attelages, situé à l’entrée de la ville. À son habitude, il n’arborait pas le baston sur sa manche de jaque 1 . S’ajoutait aujourd’hui à son insolite 2 mais coutumière rébellion, la certitude qu’il devait passer le plus inaperçu possible. Ce qui, jusque-là, n’avait été qu’une envie de calme, de paix, adoptait une allure de stratégie. Hardouin s’était protégé grâce à une discrétion qui confinait à la clandestinité afin de se défaire parfois de la pesanteur suffocante engendrée par la souffrance et la mort qui accompagnaient chacune de ses journées. Il ne s’agissait point tant du mélange de crainte, de dégoût, de mépris qu’il lisait dans les regards des autres, mais plutôt d’une distance qu’il s’imposait à lui-même afin de vivre en mitoyenneté avec son existence de bourreau. Un autre lui-même qu’il ne fréquentait que contraint par les besoins de sa charge.
    Le visage dissimulé derrière le masque de cuir noir qui lui descendait jusqu’à la gorge lors des exécutions, fort peu connaissaient ses traits. Il avait pu ainsi aborder en aise des témoins, ou ses malfaisantes proies. Étrange incohérence que cette précaution dont le but avoué était de s’assurer que les proches d’un condamné n’oindraient pas la paume 3 du bourreau pour abréger les souffrances ou l’agonie d’un être aimé, puisque, dans le même temps, on leur imposait le port du baston afin de les désigner à tous. Bah, si les hommes faisaient preuve de cohérence, cela se saurait depuis belle heurette 4  !

    Il suivit la rue Saint-Jean, le long de laquelle s’élevaient de robustes maisons cossues, souvent à double solier 5 , des hauteurs assez rares qui trahissaient l’opulence de leurs propriétaires, tout autant que leurs toits d’ardoises de Loire 6 , très prisées pour leur teinte et leur longévité. Les autres demeures, plus modestes, étaient couvertes de tuiles ou de bardeaux de châtaignier que l’on tentait d’interdire dans les villes en raison des risques de propagation d’incendies.
    L’hôtel qu’occupait messire Arnaud de Tisans lorsqu’il avait affaire en Mortagne était situé en bout de rue. Hardouin pénétra dans l’ouvroir 7 , s’étonnant de ne voir aucun garde en faction. En revanche, lorsqu’il grimpa les marches de bois presque noir conduisant à l’étage, l’affairement, pour ne pas dire l’affolement, qu’il découvrit le stupéfia. Un ballet chaotique et presque muet de valets, de serviteurs et de secrétaires qui allaient, venaient, leurs mines concentrées, sévères, voire sinistres.
    Il parvint à en immobiliser un en l’attrapant par la manche de sa livrée et s’enquit, d’un ton incertain :
    — Messire de Tisans est-il céans ? Je requiers audience de lui.
    L’autre lui destina un regard de fin du monde et murmura d’une voix chevrotante :
    — Oh… messire, je ne crois pas que… Enfin…
    — Que se passe-t-il ?
    — Votre pardon, je ne puis… s’énerva le valet en se dégageant d’un mouvement brusque et en fonçant vers l’extrémité opposée du palier.
    Dérouté, Hardouin

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