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En Route

Titel: En Route Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Joris-Karl Huysmans
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l'intéresse ; je pourrais le consulter sur divers points. Oui, mais lesquels ? Je ne me suis pas occupé de cette sainte depuis longtemps et il faudrait relire les indigents bouquins de ses biographes. Au fond, il serait plus simple et il serait plus digne d'agir franchement, de lui dire : voici le motif de ma venue ; je vais vous demander des conseils que je ne suis pas résolu à suivre, mais j'ai tant besoin de causer, de me débrider l'âme, que je vous supplie de me faire la charité de perdre pour moi une heure.
    Et il le fera certainement et de bon coeur.
    Alors est-ce entendu ? Si j'y allais, demain ? - et aussitôt il s'ébroua. Rien ne pressait ; il serait toujours temps ; mieux valait réfléchir encore ; ah ! mais j'y pense, voici Noël ; je ne puis décemment importuner ce prêtre qui doit confesser ses clients, car l'on communie beaucoup ce jour-là. Laissons passer son coup de feu, nous verrons après.
    Il fut d'abord ravi de s'être inventé cette excuse ; puis, il dut intérieurement s'avouer qu'elle n'était pas trop valide, car enfin rien ne prouvait que ce prêtre, qui n'était pas attaché à une paroisse, fut occupé à confesser des fidèles.
    Ce n'était guère probable, mais il essaya de se convaincre qu'il pouvait néanmoins en être ainsi ; et ses hésitations recommencèrent. Exaspéré, à la fin, par ces débats, il adopta un moyen terme. Il n'irait, pour plus de sûreté, chez l'abbé qu'après Noël, seulement il ne dépasserait pas la date qu'il allait se fixer, et il prit un almanach et jura de tenir sa promesse, trois jours après cette fête.
    q

Chapitre 4
    A h  ! Cette messe de minuit ! Il avait eu la malencontreuse idée de s'y rendre à Noël. Il était entré à Saint-Séverin, y avait trouvé installé, à la place de la maîtrise, un externat de demoiselles qui tricotaient avec des voix en aiguilles la laine fatiguée des cantiques. Il avait fui jusqu'à Saint-Sulpice, était tombé dans une foule qui se promenait et causait comme en plein vent ; il y avait écouté des marches d'orphéons, des valses de guinguettes, des airs de feux d'artifice, et, indigné, il était sorti.
    Il lui avait semblé superflu de faire escale à Saint-Germain-des-prés, car il avait cette église en horreur. Outre l'ennui que dégage sa lourde coque si mal rafistolée et les mornes peintures dont la chargea Flandrin, le clergé y était d'une laideur spéciale, presque inquiétante, et la maîtrise y était vraiment infâme. C'était un ramas de gâte-sauces, d'enfants qui crachaient de la vinaigrette et de vieux chantres qui mitonnaient dans le fourneau de leur gorge une sorte de panade vocale, une vraie bouillie de sons.
    Il ne songeait pas non plus à se réfugier à Saint-Thomas d'Aquin dont il redoutait et les aboiements et les flons-flons ; restait Sainte-Clotilde où la psallette tient au moins debout et n'a point, ainsi que celle de Saint-Thomas, perdu toute vergogne. Il y pénétra, mais, là encore, il se heurta à un bal d'airs profanes, à un sabbat mondain.
    Il avait fini par se coucher, furieux, se disant : tout de même, à Paris, quel singulier baptême musical on réserve au Nouveau-Né !
    Le lendemain, en se réveillant, il se sentit sans courage pour affronter les églises ; les sacrilèges de cette nuit vont continuer, pensa-t-il ; et comme le temps était à peu près beau, il sortit, erra dans le Luxembourg, rejoignit le carrefour de l'Observatoire et le boulevard de Port-Royal et, machinalement, il enfila l'interminable rue de la Santé.
    Cette rue, il la connaissait de longue date ; il y faisait souvent de mélancoliques promenades, attiré par sa détresse casanière de province pauvre ; puis elle était accessible aux rêveries, car elle était bordée, à droite, par les murs de la prison de la Santé et de l'asile des aliénés de Sainte-Anne, à gauche par des couvents. L'air, le jour, coulaient dans l'intérieur de cette rue, mais il semblait que, derrière elle, tout devint noir ; elle était, en quelque sorte, une allée de prison, côtoyée par des cellules où les uns subissaient de force de temporaires condamnations et où les autres souffraient, de leur plein gré, d'éternelles peines.
    Je me la figure assez bien, peinte par un Primitif des Flandres, se disait Durtal ; le long de la chaussée que pavèrent de patients pinceaux, des étages de maisons ouvertes, du haut en bas, ainsi que des armoires ; et, d'un côté, des cachots

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