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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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plaint aux commissaires de paix : « Il y a longtemps de cela, cette terre appartenait à nos pères ; mais quand je me rends au bord de la rivière, je vois des campements de soldats sur les berges. Ces soldats coupent mes arbres ; ils tuent mes bisons ; et en voyant cela, c’est comme si mon cœur explosait ; je me désole. »
    Les guerriers restés sur la réserve passèrent la Lune-d’été de 1870 à harceler Kicking Bird pour ses positions en faveur de l’agriculture au détriment de la chasse. Enfin, Kicking Bird en eut assez. Il constitua un groupe de guerriers et invita ceux qui l’avaient tourmenté le plus cruellement – Lone Wolf, White Horse et le vieux Satank – à l’accompagner pour un raid au Texas. Frêle, nerveux et clair de peau, Kicking Bird n’avait pas le corps massif et musclé de Satanta. Peut-être le fait de n’être pas un pur Kiowa – il avait un grand-père crow – le rendait-il particulièrement sensible.
    Suivi d’une centaine de guerriers, il traversa la Red River et captura une diligence transportant du courrier, dans le seul but de défier les soldats de Fort Richardson (Texas). Lorsque les Tuniques Bleues arrivèrent, Kicking Bird fit une démonstration brillante de ses talents de tacticien en engageant ses ennemis dans un combat frontal pendant que deux colonnes les prenaient en tenailles sur les flancs et en arrière. Après avoir harcelé les Tuniques Bleues huit heures durant sous un soleil de plomb, Kicking Bird rappela ses troupes et rentra triomphant à la réserve. Il avait assis sa position de chef, mais à compter de ce jour-là, il œuvra exclusivement pour la paix avec l’homme blanc.
    À l’arrivée des premiers froids, de nombreuses bandes nomades regagnèrent leurs campements près de Fort Sill. Mais cet hiver-là, plusieurs centaines de jeunes Kiowas et Comanches restèrent sur les Plaines. Le général Grierson et Crâne-Chauve reprochèrent aux chefs les raids effectués au Texas, mais ne purent rien dire en voyant les chasseurs revenir avec la viande de bison séchée et les peaux qui permettraient à leurs familles de survivre à une autre saison de maigres rations gouvernementales.
    Cet hiver-là, lors des veillées autour du feu, les Kiowas parlèrent beaucoup de ces Blancs qui, venus des quatre directions, se rapprochaient de plus en plus. Le vieux Satank pleurait la mort de son fils, tué cette année-là par les Texans. Il avait ramené les ossements du défunt et les avait déposés sur une plate-forme funéraire à l’intérieur d’un tipi. À présent, il évoquait son enfant comme s’il n’était pas mort, mais simplement endormi. Chaque jour, il déposait de la nourriture et de l’eau à proximité afin que le jeune homme puisse manger et boire à son réveil. Le soir, le vieil homme s’asseyait en regardant les flammes, les yeux plissés, et en caressant les poils gris de sa moustache. Il semblait attendre quelque chose.
    Satanta, lui, ne cessait de s’agiter, de parler, de dire aux autres chefs ce qu’ils devraient faire. De toutes parts arrivaient des rumeurs faisant état de rails d’acier posés au beau milieu de leurs terres à bisons pour y faire venir le cheval de fer. Les Indiens savaient que le chemin de fer avait fait fuir les troupeaux des vallées de la Platte et de la Smoky Hill. Il était hors de question de le laisser passer chez eux. Satanta voulait parler aux officiers du fort pour les convaincre de retirer leurs soldats et de laisser les Kiowas vivre comme ils l’avaient toujours fait, sans trains pour effrayer les bisons.
    Big Tree proposa une solution plus directe : aller au fort pendant la nuit, incendier les bâtiments et tuer tous les soldats. Le vieux Satank protesta. D’une part, parler aux officiers reviendrait à gâcher sa salive. Par ailleurs, même à supposer qu’ils puissent tuer tous les soldats du fort, d’autres viendraient prendre leur place. Les Blancs étaient comme les coyotes : on avait beau les éliminer, il en venait toujours davantage. Si les Kiowas voulaient les chasser de leurs terres et sauver les bisons, ils devaient tout d’abord s’en prendre aux colons qui installaient des clôtures sur la prairie, construisaient des maisons, posaient des rails et détruisaient tout le gibier.
    Au début du printemps 1871, le général Grierson envoya ses patrouilles de soldats noirs garder les gués de la Red River. Mais les guerriers, pressés de retrouver les bisons, réussirent

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