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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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Il s’appelait Lawrie Tatum. Les Indiens le baptisèrent Crâne-Chauve.
    Arrivé au nouveau fort, le général Sheridan fit libérer Satanta et Lone Wolf et les convia à un conseil où il les tança pour leurs erreurs passées et les prévint qu’ils devraient obéir à leur agent.
    « Quoi que tu me dises, répondit Satanta, j’ai l’intention de m’y tenir. Je prendrai tes paroles et les tiendrai tout contre mon cœur. Que tu me prennes par la main ou que tu me pendes, cela ne change pas mon opinion le moins du monde. Elle reste la même. Ce que tu me dis aujourd’hui m’ouvre les yeux et mon cœur lui aussi est ouvert. Toute cette terre est tienne pour que tu y traces la route que nous prendrons. Après cela, je vais suivre le chemin de l’homme blanc, planter et cultiver du maïs. (…) Tu n’entendras plus jamais parler de Blancs tués par des Kiowas. (…) Je ne te dis pas de mensonge aujourd’hui. Je te dis la vérité.  »
    Lorsque arriva la saison où l’on plante le maïs, deux mille Kiowas étaient installés sur la nouvelle réserve, ainsi que deux mille cinq cents Comanches. Pour ces derniers, le fait d’être forcés par le gouvernement à abandonner la chasse au bison et à s’adonner à l’agriculture n’était pas sans ironie. À l’époque où ils vivaient au Texas, ils avaient en effet développé une économie basée sur l’agriculture, mais les Blancs étaient venus s’emparer de leurs terres, les forçant à chasser le bison pour survivre. Et maintenant, voilà que ce brave vieil homme, Crâne-Chauve Tatum, essayait de leur faire comprendre qu’ils devaient adopter les mœurs de l’homme blanc et devenir agriculteurs, comme s’ils ne savaient rien du tout de la culture du maïs ! Les Indiens n’avaient-ils pas appris aux colons blancs à le planter et à le cultiver ?
    Pour les Kiowas, c’était une autre histoire. Les guerriers considéraient le travail de la terre comme une tâche féminine, indigne de chasseurs et d’intrépides cavaliers comme eux. De plus, s’ils avaient vraiment besoin de maïs, ils pouvaient toujours l’obtenir auprès des Wichitas en échange de pemmican et de tuniques, ainsi qu’ils l’avaient toujours fait. Les Kiowas ne tardèrent pas à se plaindre auprès de Crâne-Chauve Tatum. « Je n’aime pas le maïs. Ça me fait mal aux dents », déclara Satanta, ajoutant qu’il en avait assez de manger de la viande filandreuse. Il réclama à Tatum des armes et des munitions pour que les siens puissent partir à la chasse au bison.
    À l’automne, les Comanches et les Kiowas récoltèrent environ quatre mille boisseaux de maïs. Mais les stocks, répartis entre environ cinq mille cinq cent Indiens et plusieurs milliers de mustangs, s’épuisèrent rapidement. Au printemps 1870, les tribus mouraient de faim, si bien que Crâne-Chauve Tatum leur accorda la permission de chasser.
    À la Lune-d’été de 1870, les Kiowas organisèrent une grande danse du Soleil sur les berges de la North Fork, à laquelle ils convièrent les Comanches et les Cheyennes du Sud. Au cours des cérémonies, de nombreux guerriers déçus exprimèrent leur envie de rester sur les Plaines où la nourriture était abondante grâce aux bisons, au lieu de se contenter des maigres rations qu’on leur donnait sur la réserve.
    Ten Bears, chef comanche, et Kicking Bird, de la tribu des Kiowas, protestèrent. Pour eux, les tribus ne devaient pas lâcher la main de l’homme blanc. Les jeunes Comanches ne condamnèrent pas la position de Ten Bears. Après tout, il était trop vieux pour chasser et se battre. Mais les Kiowas n’eurent que mépris pour les conseils de Kicking Bird. Lui qui était un grand guerrier avant que les Blancs ne le parquent sur une réserve ! Voilà que maintenant il parlait comme une femme !
    À peine la fête terminée, nombreux furent les jeunes guerriers qui partirent au Texas à cheval pour y chasser le bison et attaquer les Blancs qui leur avaient pris leurs terres. Leur colère se porta surtout contre les chasseurs venus du Kansas, qui tuaient les bisons par milliers, prenaient les peaux et laissaient pourrir les carcasses. Aux yeux des Kiowas et des Comanches, les Blancs haïssaient la nature tout entière. « Ce pays est vieux, avait dit Satanta à Vieil-Homme-Tonnerre Hancock à Fort Larned en 1867. Mais vous abattez tous les arbres, alors ce pays n’est plus rien. » À Medicine Lodge Creek, le chef kiowa s’était de nouveau

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