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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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l’été venu, nous sommes retombés malades. Nous étions comme l’herbe piétinée, nous et nos bêtes. Puis est arrivée la saison froide. Combien de nos frères ont péri ? Impossible de le savoir. »
    L’un de ceux qui moururent était le fils aîné de Standing Bear. « Il ne me restait plus qu’un fils. Et celui-là est tombé malade. Au moment de mourir, il m’a fait promettre quelque chose. Il m’a supplié de le ramener après sa mort à l’endroit où nos ancêtres reposent près de la Niobrara, la Rivière-aux-eaux-vives. Je lui ai promis. Quand il est mort, avec mes compagnons, j’ai mis son corps dans une boîte, la boîte sur un chariot, et nous avons pris la direction du nord. »
    Soixante-six Poncas, tous membres du clan de Standing Bear, suivirent le vieux chariot tiré par deux chevaux efflanqués. La Lune-où-la-neige-fond avait commencé. Nous étions en janvier 1879. (L’ironie de l’Histoire voulut qu’au même moment, tout là-bas dans le nord, les Cheyennes de Dull Knife livraient leur dernier combat pour leur liberté à Fort Robinson.) Pour Standing Bear, c’était le deuxième retour au pays en plein hiver. Suivi de son peuple, empruntant des pistes à l’écart des fermes et des forts, il arriva à la réserve omaha avant que les soldats puissent le rattraper.
    Pendant ce temps, Schurz avait tenté à plusieurs reprises par l’intermédiaire de ses agents de faire revenir Standing Bear et les siens dans le Territoire Indien. Enfin, en mars, il demanda au Département de la Guerre de télégraphier à Crook à son quartier général d’Omaha (Nebraska) pour qu’il arrête les fugitifs au plus vite et les ramène dans le Territoire Indien. Crook réagit en envoyant une compagnie de soldats à la réserve omaha ; ils arrêtèrent Standing Bear et les siens et les ramenèrent à Fort Omaha, où ils furent placés sous bonne garde, en attendant que des dispositions soient prises pour leur transport.
    Cela faisait plus de dix ans que Crook combattait les Indiens, les rencontrait lors de conseils, leur faisait des promesses qu’il ne pouvait pas tenir. Il avait fini par admettre, tout d’abord avec bien des réticences, qu’il admirait leur courage. Depuis les redditions de 1877, il commençait à éprouver un mélange de respect et de compassion pour ses vieux ennemis. La façon dont les Cheyennes avaient été traités à Fort Robinson au cours des dernières semaines l’avait révolté. « Insister pour que cette partie de la tribu retourne sur leur ancienne réserve était une démonstration de pouvoir parfaitement inutile », déclara-t-il sans ménagements dans son rapport officiel.
    Lorsqu’il alla voir les Poncas dans leur prison de Fort Omaha, il fut horrifié de l’état pitoyable où il les trouva. La sobriété avec laquelle Standing Bear expliqua les raisons qui l’avaient fait retourner dans le Nord, sa capacité à accepter stoïquement les conditions qui lui étaient imposées l’impressionnèrent. « Je croyais que Dieu voulait que nous vivions, dit le chef ponca à Crook, mais je me trompais. Dieu a l’intention de donner cette terre aux Blancs, et il nous faut mourir. Peut-être est-ce mieux ainsi. »
    Crook fut tellement ému de ce qu’il avait vu et entendu qu’il promit à Standing Bear de faire son possible pour annuler les ordres concernant le retour des Poncas dans le Territoire Indien. Joignant cette fois-ci les actes aux paroles, il alla voir le rédacteur en chef d’un journal d’Omaha, Thomas Henry Tibbles, et gagna la presse à sa cause.
    Pendant que Crook bloquait les ordres de transfert des Poncas, Tibbles diffusa leur histoire dans la ville, dans l’État, puis dans le pays tout entier par le biais du télégraphe. Les représentants des églises d’Omaha supplièrent Schurz de faire relâcher les Poncas, mais Mah-hah Ieh-hon – Gros-Yeux – ne se donna même pas la peine de répondre. Un jeune avocat d’Omaha, John L. Webster, proposa alors ses services à titre gracieux, et reçut rapidement le soutien du principal avocat de l’Union Pacific Railroad, Andrew Poppleton.
    Les deux hommes durent monter leur dossier dans les plus brefs délais. En effet, le général Crook pouvait à tout moment se voir contraint par Washington d’expédier les Indiens vers le sud, auquel cas plus rien ne pourrait être fait pour eux. Ce qu’il fallait à tout prix, c’était obtenir la coopération du juge Elmer S. Dundy, un

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