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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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qu’il avait capitulé devant Géronimo au Mexique et conclu avec le chef chiricahua un pacte pour sauver sa tête. Quant à Géronimo, ils le dépeignaient comme un véritable démon, inventaient à son propos toutes sortes d’histoires plus atroces les unes que les autres et invitaient les groupes d’autodéfense à le pendre si le gouvernement s’y refusait. Mickey Free, l’interprète officiel des Chiricahuas, rapporta ce que disait la presse à Géronimo, lequel fit le commentaire suivant : « Quand un homme s’efforce de bien agir, de telles choses ne devraient pas apparaître dans les journaux. »
    Après la Saison-où-l’on-plante-le-maïs (le printemps 1885), le mécontentement commença à gronder chez les Chiricahuas. Les hommes n’avaient pas grand-chose à faire, si ce n’est aller chercher leurs rations, s’adonner au jeu, se quereller, traînasser et boire du tiswin. Bien que ce dernier fût interdit sur la réserve, les Indiens avaient suffisant de maïs pour le fabriquer, et boire était l’un des rares plaisirs qui leur restaient.
    La nuit du 17 mai, après avoir un peu forcé sur la bouteille, Géronimo, Mangas, Chihuahua et le vieux Nana décidèrent de partir au Mexique. Ils invitèrent Chato à se joindre à eux, mais celui-ci étant sobre, il refusa. Géronimo se disputa avec lui, et l’affaire faillit tourner au drame. Le groupe qui quitta la réserve se composait de quatre-vingt-douze femmes et enfants, de huit jeunes garçons et de trente-quatre hommes. En partant, Géronimo coupa les fils du télégraphe.
    Plusieurs explications furent données par la suite, aussi bien par les Apaches que par les Blancs, pour expliquer ce départ soudain d’une réserve où tout semblait se passer en douceur. D’après certains, l’abus de tiswin était en cause ; pour d’autres, c’était les histoires circulant à propos des Chiricahuas qui leur avaient fait craindre d’être arrêtés. Si l’on en croit Jason Betzinez, « [c]omme ils avaient déjà été mis aux fers une fois quand la bande avait été expédiée à San Carlos, certains des chefs décidèrent de ne plus se laisser infliger un tel traitement ».
    Voici comment Géronimo expliqua plus tard sa décision : « Quelque temps avant mon départ, un Indien qui s’appelait Wadiskay est venu me parler. Il m’a dit : “Ils vont t’arrêter”, mais je n’y ai pas prêté attention, parce que je savais que je n’avais rien fait de mal. Ensuite, la femme de Mangas, Huera, m’a annoncé qu’ils allaient me prendre et me mettre avec Mangas au cachot, et puis les soldats américains et apaches, Chato, mais aussi Mickey Free m’ont affirmé que les Américains allaient m’arrêter et me pendre. Je suis donc parti. »
    La fuite de Géronimo à travers l’Arizona fut le point de départ d’un torrent de rumeurs folles. Les journaux titrèrent : LES APACHES RONDENT  ! Rien que le nom de Géronimo se transforma en un appel au meurtre. Voyant là l’occasion de provoquer une campagne militaire profitable, les entrepreneurs du « cartel de Tucson » demandèrent au général Crook d’envoyer de toute urgence des troupes afin de protéger les citoyens blancs sans défense de ces bandes d’Apaches meurtriers. Pourtant, Géronimo s’efforçait d’éviter une confrontation ; tout ce qu’il voulait, c’était traverser la frontière le plus vite possible et gagner la Sierra Madre, son ancien refuge. Les Chiricahuas voyagèrent deux jours et deux nuits sans s’arrêter. En chemin, Chihuahua, changeant d’avis, décida de quitter le groupe avec sa bande et de retourner sur la réserve. Des soldats lancés à la poursuite des fuyards le rattrapèrent, le forcèrent à combattre, à la suite de quoi il se lança dans une série de pillages sanglants avant de parvenir à traverser la frontière du Mexique. Peu de gens en Arizona ayant entendu parler de lui, ses attaques furent attribuées à Géronimo.
    Pendant ce temps, Crook tentait d’empêcher le déclenchement de la vaste opération militaire que les membres du cartel de Tucson et leurs amis des sphères politiques de Washington lui réclamaient. Il savait que seule une négociation personnelle lui permettrait de traiter avec les guerriers apaches. Pour rassurer les habitants blancs, il ordonna toutefois que chacun des forts sous son commandement envoie quelques cavaliers en mission. Mais il ne pouvait compter que sur ses fidèles éclaireurs apaches pour

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