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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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qui retournaient chercher leur arme dans leur tente. (…) En tournant la tête vers le tipi du chef, j’ai vu que Black Kettle avait attaché un immense drapeau américain au sommet d’une perche qu’il tenait, debout devant son tipi, avec le drapeau flottant tout là-haut dans la lumière grise de l’aube hivernale. J’ai entendu le chef dire aux autres qu’il ne fallait pas avoir peur, que les soldats ne leur feraient aucun mal ; puis les troupes ont ouvert le feu sur deux côtés du campement. »
    Pendant ce temps-là, le jeune Edmond Guerrier avait rejoint Smith et Louderback dans la tente du négociant. « Louderback a suggéré d’aller retrouver les soldats, devait-il expliquer par la suite. Nous nous sommes levés. Je sortais tout juste de la tente quand j’ai vu des soldats qui descendaient de cheval. Je me suis dit que c’était des artilleurs et qu’ils allaient bombarder le village. J’avais à peine ouvert la bouche qu’ils se sont mis à tirer avec leurs fusils et leurs pistolets. Comme je ne pouvais pas m’approcher d’eux, j’ai filé, en laissant le soldat et Smith. »
    Louderback s’arrêta un instant, tandis que Smith continuait à avancer. « Tirez-lui dessus, à ce fils de pute ! cria un soldat. Y vaut pas mieux qu’un Indien. » Dès que les premières balles sifflèrent autour d’eux, Smith et Louderback firent demi-tour et coururent vers leur tente, où Jack, le fils métis de Smith, et Charlie Bent avaient trouvé refuge.
    Des centaines de Cheyennes, femmes et enfants, s’étaient rassemblés autour du drapeau de Black Kettle. D’autres Indiens du camp de White Antelope les rejoignirent en remontant le lit asséché du ruisseau. Après tout, le colonel Greenwood n’avait-il pas assuré à Black Kettle qu’aucun soldat ne lui tirerait dessus tant que le drapeau flotterait au-dessus de lui ? White Antelope, qui n’avait pas d’arme sur lui, s’avança à grands pas vers les soldats. C’était un vieil homme de soixante-quinze ans au visage brun raviné par le soleil et les rigueurs du climat. Il demeurait convaincu que les soldats cesseraient de tirer dès qu’ils verraient le drapeau américain et le drapeau blanc que Black Kettle avait également hissé.
    Beckwourth, qui chevauchait à côté du colonel Chivington, vit s’approcher White Antelope. « Il est venu à la rencontre du commandant les mains en l’air, devait-il plus tard déclarer sous serment, en criant “Arrêtez ! Arrêtez !”, dans un anglais aussi clair que le mien. Il s’est immobilisé, a croisé les bras, et ils l’ont abattu. » Selon certains Cheyennes survivants, White Antelope entonna son chant de mort avant de rendre le dernier souffle :
    Rien ne vit longtemps
    Que la terre et les montagnes.
    Left Hand et les siens tentèrent également de se rapprocher du drapeau de Black Kettle. En voyant les soldats, Left Hand s’arrêta et, croisant les bras, déclara qu’il ne combattrait pas les Blancs car ils étaient ses amis. Il fut abattu lui aussi.
    Robert Bent, contraint de rester auprès du colonel Chivington, fera des scènes auxquelles il assista le récit suivant : « Il y avait le drapeau américain qui flottait dans le vent. J’ai entendu Black Kettle dire aux Indiens de s’en rapprocher. Alors, ils se sont regroupés – hommes, femmes et enfants. À ce moment-là, nous étions à environ cinquante mètres des Indiens. Il y avait également un drapeau blanc hissé. Les deux drapeaux étaient dans une telle position qu’il était impossible de ne pas les voir. Quand les soldats ont tiré, les Indiens se sont mis à courir, certains des hommes sans doute pour aller chercher leurs armes dans leur tipi. (…) À mon avis, il devait bien y avoir six cents Indiens en tout, dont trente-cinq braves et quelques vieillards, soixante hommes environ. (…) Les autres étaient partis chasser. (…) Après la fusillade, les guerriers ont rassemblé les femmes et les enfants et se sont placés autour d’eux pour les protéger. Il y avait cinq squaws réfugiées près d’un talus. Quand les soldats se sont approchés, elles se sont redressées pour qu’ils voient qu’elles étaient des femmes et les ont implorés, mais ils leur ont tiré dessus. J’en ai vu une allongée sur le talus avec la jambe cassée ; un soldat est venu vers elle sabre au clair ; elle a levé le bras pour se protéger ; il a abattu son sabre et lui a cassé le bras ; elle a roulé sur l’autre

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