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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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flanc, a levé l’autre bras, et il lui a cassé celui-là aussi ; ensuite il est parti, l’abandonnant sur place. Les soldats massacraient les hommes, les femmes et les enfants, visiblement sans faire de distinction. Un groupe de trente ou quarante squaws s’était réfugié quelque part. Elles ont fait sortir de leur cachette une fillette de six ans environ munie d’un bout de tissu blanc au bout d’un bâton. La petite n’avait pas fait cinq pas qu’elle a été abattue. Les squaws ont toutes été tuées plus tard, ainsi que quatre ou cinq hommes. Elles n’ont offert aucune résistance. Les morts que j’ai vus ont tous été scalpés. Il y avait une femme au ventre ouvert, avec ce qui m’a paru être un fœtus à côté d’elle, ce que le capitaine Soule m’a confirmé plus tard. J’ai vu le corps de White Antelope émasculé, et j’ai entendu un soldat dire qu’il allait se faire une poche à tabac avec ses testicules. J’ai vu une squaw dont on avait également coupé les parties génitales. (…) J’ai vu une petite fille de cinq ans cachée dans le sable. Deux soldats l’ont découverte, ont sorti leurs pistolets et l’ont abattue, et ensuite ils l’ont tirée par les bras pour la faire sortir du sable. J’ai vu un bon nombre de nouveau-nés tués avec leurs mères. » (Dans un discours fait en public à Denver peu de temps avant ce massacre, le colonel Chivington avait demandé que soient tués et scalpés tous les Indiens, même les nourrissons, déclarant : « C’est de la graine de vermine ! »)
    Le récit fait par Robert Bent des atrocités commises par les soldats fut corroboré par le lieutenant James Connor : « Lorsque j’ai parcouru le champ de bataille le lendemain, déclara ce dernier, je n’ai pas vu un cadavre d’homme, de femme ou d’enfant qui n’ait été scalpé, et dans de nombreux cas, mutilé de la manière la plus atroce qui soit – parties génitales coupées, etc ; j’ai entendu un homme dire qu’il avait coupé les parties génitales d’une femme et les avait exhibées au bout d’un bâton ; un autre a raconté comment il avait coupé les doigts d’un Indien pour lui prendre ses bagues ; à ma connaissance, et à ce que je crois, le colonel Chivington était parfaitement au courant des atrocités commises, et n’a, d’après ce que je sais, pris aucune mesure pour les empêcher. On m’a parlé d’un enfant de quelques mois jeté dans la mangeoire (14) d’un chariot et abandonné mourant après avoir été transporté ainsi un certain temps. On m’a également rapporté de nombreux exemples de soldats qui, après avoir coupé les parties génitales d’une femme, les ont posées sur l’arçon de leur selle pour les étirer, puis ont défilé en les arborant sur leur chapeau. »
    À Sand Creek, un régiment bien entraîné et extrêmement discipliné n’aurait certainement eu aucun mal à tuer presque tous les Indiens. Mais le manque d’ordre, auquel il convient d’ajouter les rasades de whiskey ingurgitées pendant la chevauchée de nuit, la lâcheté et le piètre talent de tireurs des troupes du Colorado permirent à de nombreux Indiens de s’échapper. Certains des Cheyennes creusèrent des trous dans les berges du ruisseau asséché, où ils se terrèrent jusqu’à la nuit. D’autres parvinrent à se sauver, individuellement ou par petits groupes. Lorsque les soldats cessèrent de tirer, cent cinq femmes et enfants ainsi que vingt-huit hommes gisaient morts. Dans son rapport officiel, Chivington affirma avoir tué entre quatre cents et cinq cents guerriers. Il avait lui-même perdu neuf soldats et déplorait trente-huit blessés, pour une bonne part victimes de la maladresse de leurs propres camarades. Parmi les chefs indiens morts figuraient White Antelope, One-Eye et War Bonnet. Quant à Black Kettle, il s’était miraculeusement échappé en escaladant un ravin, mais sa femme était grièvement blessée. Et Left Hand, bien que touché, avait survécu.
    À la fin des combats, le nombre des captifs s’élevait à sept – la femme cheyenne de John Smith, celle d’un autre civil de Fort Lyon et ses trois enfants, et les deux jeunes métis, Jack Smith et Charlie Bent, que les soldats voulurent tuer parce qu’ils portaient des vêtements indiens. Le vieux Beckwourth sauva Charlie Bent en le dissimulant dans un chariot où se trouvait un officier blessé, puis le remit à son frère Robert. Mais il ne put rien faire pour

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