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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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Jack Smith : un soldat abattit le fils du négociant en lui tirant dessus à travers un trou de la tente où il était retenu prisonnier.
    Le troisième fils de Bent, George, séparé de son frère Charlie dès le début de la bataille, rejoignit les Cheyennes qui avaient creusé des trous dans les berges du ruisseau. « Au moment où le groupe dont je faisais partie atteignait cet endroit, j’ai été touché à la hanche et me suis affalé. J’ai tout de même réussi, en roulant sur moi-même, à gagner l’un des trous où je me suis terré avec les guerriers, les femmes et les enfants qui s’y trouvaient. » À la tombée de la nuit, les survivants sortirent en rampant de leurs refuges. Malgré le froid mordant qui gelait le sang de leurs blessures, ils n’osèrent pas faire de feu. Ils ne pensaient qu’à une chose : fuir vers l’est et la Smoky Hill pour tenter de rejoindre les guerriers. George Bent devait évoquer plus tard un trajet « éprouvant, la plupart d’entre nous étant à pied, sans nourriture, peu vêtus, avec des femmes et des enfants ». En sus du vent glacial, les Indiens durent supporter sur plus de quatre-vingts kilomètres la faim et la douleur causée par leurs blessures. Mais ils finirent par atteindre le campement des chasseurs. « Lorsque nous sommes arrivés, il y a eu des scènes déchirantes, raconte Bent. Tout le monde pleurait, même les guerriers, les femmes et les enfants hurlaient et se lamentaient. Presque tous avaient perdu un parent ou un ami, et nombreux sont ceux qui, fous de douleur, se sont entaillé la chair avec leurs propres couteaux jusqu’à ce que le sang ruisselle. »
    Dès que sa blessure fut guérie, George regagna le ranch de son père, où il apprit de la bouche de son frère Charlie des détails supplémentaires sur les atrocités commises par les soldats à Sand Creek – les scalps, les terribles mutilations, le massacre des enfants et des nourrissons. Quelques jours plus tard, les deux frères décidèrent de concert de refuser en bloc la civilisation de l’homme blanc. Reniant le sang de leur père, ils quittèrent son ranch discrètement, accompagnés de la mère de Charlie, Yellow Woman, laquelle jura que plus jamais elle ne vivrait avec un Blanc. Le petit groupe prit la direction du nord, afin de retrouver les Cheyennes.
    Nous étions à présent en janvier, la Lune-du-grand-froid, le moment de l’année où, d’habitude, les Indiens des Plaines faisaient de grands feux dans leurs tipis, passaient les longues soirées à raconter des histoires, et se levaient tard le matin. Mais c’était une mauvaise année, et à mesure que la nouvelle du massacre de Sand Creek se répandait, les appels à se venger des Blancs meurtriers retentirent dans les Plaines, relayés par les messagers cheyennes, arapahos et sioux.
    Lorsque Yellow Woman et les jeunes frères Bent retrouvèrent leurs familles au bord de la Republican River, les Cheyennes s’étaient déjà assuré le soutien de milliers d’alliés – les Sioux Brûlés de Spotted Tail, les Sioux Oglalas de Pawnee Killer, ainsi que d’importantes bandes d’Arapahos du Nord. Les Dog-Soldiers cheyennes (menés désormais par Tall Bull) qui avaient refusé d’aller à Sand Creek étaient là, dont Roman Nose et ses jeunes guerriers. Pendant que les Cheyennes pleuraient leurs morts, leurs chefs fumèrent le calumet et mirent au point leur stratégie.
    Il avait suffi de quelques heures de folie à Sand Creek pour que Chivington et ses hommes détruisent la vie ou le pouvoir de tous les chefs cheyennes qui avaient œuvré pour la paix avec l’homme blanc. Après la fuite des survivants, les Indiens, rejetant Black Kettle et Left Hand, se tournèrent vers leurs chefs de guerre pour que ceux-ci les sauvent de l’extermination.
    Au même moment, des officiels américains réclamaient une enquête sur les agissements du gouverneur Evans et du colonel Chivington. Malgré le peu d’espoir qu’il restait d’éviter la guerre générale avec les Indiens, ils envoyèrent Beckwourth en émissaire auprès de Black Kettle pour voir s’il n’y avait pas une petite chance de sauver la paix.
    Beckwourth trouva les Cheyennes, mais pas Black Kettle, parti on ne savait où avec quelques membres de sa famille et des vieillards. Le chef était désormais Leg-in-the-Water.
    Voici le récit que fit Beckwourth de sa mission : « Je suis allé dans le tipi de Leg-in-the-Water. À mon arrivée, il s’est

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