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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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les Indiens installés au nord de la Platte « devaient être traqués comme des loups », organisa l’invasion de la vallée de la Powder par trois colonnes de soldats. La première, commandée par le colonel Nelson Cole et partant du Nebraska, aurait pour objectif les Black Hills du Dakota. La deuxième, placée sous les ordres du colonel Samuel Walker, partirait de Fort Laramie et rejoindrait les troupes de Cole au nord. Connor lui-même dirigerait la troisième colonne, qui suivrait la piste Bozeman en direction du nord-ouest, vers le Montana. Le général comptait ainsi enfermer les Indiens entre sa colonne et les forces combinées de Cole et de Walker, afin de les piéger. Il ordonna à ses officiers de refuser toute proposition de paix, ajoutant brutalement : « Attaquez et tuez tous les Indiens mâles de plus de douze ans. »
    Les trois colonnes se mirent en mouvement début août. Si tout se déroulait comme prévu, elles se retrouveraient aux environs du 1 er  septembre au bord de la Rosebud River, en plein territoire indien.
    Une quatrième colonne venue de l’est et sans aucun lien avec celles de Connor progressait également vers la région de la Powder. Constituée par un civil du nom de James A. Sawyers, elle s’était donné pour destination les filons aurifères du Montana. Conscient qu’il allait pénétrer à l’intérieur de territoires attribués par traité aux Indiens, Sawyers s’attendait à rencontrer des résistances et avait pour cette raison obtenu que sa caravane, composée de soixante-trois prospecteurs et de quatre-vingts chariots de provisions, soit escortée par deux compagnies de fantassins.
    Les Sioux et les Cheyennes installés le long de la Powder apprirent l’arrivée du convoi de Sawyers le 14 ou 15 août. « Nos chasseurs sont rentrés au campement dans un état de grande excitation, devait expliquer plus tard George Bent, en disant qu’ils avaient vu des troupes en amont. Le crieur de notre village, un homme du nom de Bull Bear, a enfourché son mustang et est allé de tipi en tipi annoncer l’arrivée des soldats. Red Cloud a fait de même dans le camp sioux. Chacun s’est cherché une monture. Dans ce genre de situation, un Indien prend le cheval qu’il veut. Si le mustang est tué pendant les combats, le cavalier n’est pas obligé de dédommager le propriétaire, mais par contre c’est à ce dernier que revient tout ce dont il s’empare lors de la bataille. Une fois tous les guerriers à cheval, nous avons remonté la Powder sur environ vingt-cinq kilomètres, et là, nous sommes tombés sur le “groupe de constructeurs de route” de Sawyers, un immense convoi d’immigrants escorté de soldats sur les deux flancs. »
    Une partie du butin rapporté de la bataille de Platte Bridge par les Indiens se composait d’uniformes et de clairons de l’armée. En quittant le campement, George Bent avait rapidement enfilé une veste d’officier tandis que son frère Charlie se munissait d’un clairon. Tous deux comptaient ainsi semer le trouble chez les soldats et les déstabiliser. Cinq cents guerriers sioux et cheyennes se tenaient prêts au combat. Red Cloud et Dull Knife, furieux que des soldats se soient aventurés ainsi dans leur territoire sans permission, s’étaient joints au groupe.
    Le convoi, suivi d’un troupeau de quelque trois cents têtes, s’engagea entre deux collines. Les Indiens se séparèrent alors en plusieurs groupes afin de prendre position sur des crêtes opposées. Puis, au signal convenu, ils se mirent à tirer sur l’escorte armée. En quelques minutes, le convoi forma un cercle avec le bétail à l’intérieur et les roues des chariots coincées les unes dans les autres.
    Au début, les guerriers s’amusèrent à s’approcher du convoi en rampant au fond des ravines, puis à ouvrir le feu subitement sur les Blancs. Les plus audacieux des cavaliers déboulèrent au galop et firent le tour des chariots avant de filer se mettre à l’abri des balles. Lorsque les soldats commencèrent à utiliser leurs obusiers de montagne, les Indiens coururent s’abriter derrière des petits monticules en poussant des cris de guerre et en les insultant. Charlie Bent fit retentir son clairon plusieurs fois et proféra en anglais tous les jurons qu’il avait appris au comptoir de son père. (« Ils nous ont accablés des pires insultes, raconterait plus tard l’un des prospecteurs assiégés. Certains d’entre eux connaissaient

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