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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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suffisamment l’anglais pour nous traiter des noms les plus infâmes. »)
    Le convoi, condamné à l’immobilité, demeurait toutefois imprenable. Aux environs de midi, les chefs indiens ordonnèrent de hisser le drapeau blanc afin de mettre un terme à cette impasse. Quelques minutes plus tard, un cavalier portant des vêtements en peau de daim sortit du cercle des chariots. Les frères Bent parlant anglais, ce fut eux que l’on envoya à la rencontre de l’émissaire. L’homme, un Mexicain jovial du nom de Juan Suse, fut tout aussi surpris d’entendre les Bent s’exprimer en anglais que de voir la veste d’uniforme bleue de George. Comme il ne parlait que très peu anglais, il dut avoir recours au langage des signes, mais parvint tout de même à leur faire comprendre que le commandant du convoi était disposé à parlementer avec les chefs.
    Une rencontre fut rapidement organisée, les Bent faisant office d’interprètes pour Red Cloud et Dull Knife. Le colonel Sawyers et le capitaine George Williford sortirent du cercle de chariots accompagnés d’une petite escorte. Le titre de Sawyers était purement honorifique, ce qui ne l’empêchait pas de se considérer comme le commandant du convoi. Par contre, Williford était bien capitaine. Il avait été placé à la tête de deux compagnies de soldats appelés les Galvanized Yankees, en fait d’anciens prisonniers de guerre confédérés (16) . Williford était d’une extrême nervosité. Il n’était sûr ni de ses hommes, ni de son autorité sur l’expédition. La vue de l’uniforme bleu porté par l’interprète métis – George Bent – le rendit furieux.
    À Red Cloud qui voulait connaître la raison de la présence des soldats sur le territoire indien, il répondit en demandant pourquoi les Indiens avaient attaqué des Blancs pacifiques. Charlie Bent, aigri par le souvenir du massacre de Sand Creek, lui déclara que les Cheyennes combattraient tous les Blancs jusqu’à ce que le gouvernement pende Chivington. Sawyers protesta, expliquant qu’il n’était pas venu combattre les Indiens, qu’il cherchait un moyen d’atteindre rapidement les filons aurifères du Montana et avait simplement l’intention de traverser le pays.
    « J’ai fait l’interprète pour les chefs, raconte George Bent, et Red Cloud a répondu que si les Blancs quittaient ce territoire et n’y construisaient aucune voie de communication, tout irait bien. Dull Knife a déclaré la même chose au nom des Cheyennes ; puis les deux chefs ont demandé à l’officier [Williford] de prendre la direction de l’ouest avec le convoi et de se diriger vers le nord une fois sorti des collines. Lorsqu’il aurait dépassé les Bighorn Mountains, il se trouverait hors du territoire indien. »
    Sawyers protesta de nouveau. Suivre un tel itinéraire l’écarterait trop de son chemin ; il voulait aller vers le nord en suivant la Powder River, afin de rejoindre un fort que le général Connor faisait construire dans cette région.
    C’était la première fois que Red Cloud et Dull Knife entendaient parler du général Connor et de l’invasion qu’il préparait. Les deux chefs se déclarèrent surpris et furieux d’apprendre que des soldats osaient construire un fort en plein cœur de leurs territoires de chasse. Voyant qu’ils devenaient hostiles, Sawyers s’empressa de leur proposer un chariot empli de marchandises – de la farine, du sucre, du café et du tabac. Red Cloud lui suggéra de compléter son offrande avec de la poudre, du plomb et des amorces, ce qui suscita des protestations énergiques de la part du capitaine Williford, lequel aurait préféré ne rien donner du tout aux Indiens.
    Finalement, les chefs acceptèrent la proposition de Sawyers, s’engageant en échange à laisser le convoi avancer jusqu’à la Powder. « L’officier m’a ordonné, raconte George Bent, de faire reculer les Indiens pour que les marchandises soient déchargées et déposées par terre. Il était pressé d’atteindre la rivière et d’y installer son campement. Tout cela s’est passé à midi. L’officier a atteint la Powder et a formé le cercle avec les chariots. Alors, est arrivé du village un autre groupe de Sioux. Les marchandises offertes ayant déjà été toutes réparties entre nous, les nouveaux venus ont exigé qu’on leur en donne d’autres. Devant le refus de l’officier, les Sioux ont tiré. »
    La seconde bande de Sioux harcela Sawyers et Williford

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