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Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890

Titel: Enterre Mon Coeur à Wounded Knee: Une Histoire Américaine, 1860-1890 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dee Brown
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aller. Nous, nous partons ce soir. » Sa femme parvint cependant à persuader certains des membres de sa famille de préparer leurs affaires. Le groupe quitta le village avant la tombée de la nuit et descendit la Tongue sur quelques kilomètres.
    Le lendemain, au petit matin, alors que Chef-Étoile Connor s’apprêtait à attaquer le campement arapaho, un guerrier qui s’était levé pour entraîner l’un de ses chevaux de course vit par hasard les troupes rassemblées derrière une crête. Il rentra au triple galop pour donner l’alerte, permettant ainsi à quelques Arapahos de s’enfuir par la rivière.
    Quelques instants plus tard, au son du clairon et de l’un de leurs obusiers, quatre-vingts éclaireurs pawnees et deux cent cinquante cavaliers chargèrent le village sur deux côtés. Les Pawnees se dirigèrent tout de suite vers les trois mille mustangs arapahos que leurs gardiens essayaient désespérément de disperser le long de la rivière. Le camp, paisible quelques minutes auparavant, devint le théâtre d’un tumulte atroce – ruades et hennissements, aboiements des chiens, hurlements des femmes, pleurs des enfants, cris et jurons des soldats et des guerriers.
    Les Arapahos tentèrent de former une ligne défensive afin de couvrir la fuite des non-combattants, mais à la première rafale, des femmes et des enfants se retrouvèrent coincés entre les deux camps. « Les troupes, raconta l’un des officiers de Connor, ont tué un guerrier qui, en tombant de cheval, a lâché les deux enfants qu’il portait. Dans leur retraite, les Indiens les ont abandonnés entre leur ligne et celle des soldats, à un endroit où il était impossible de les récupérer. Les enfants ont été tués. »
    « J’étais dans le village, déclara un autre officier, au beau milieu d’un combat au corps à corps contre les Indiens et leurs squaws, car parmi la gente féminine de cette bande, nombreuses en effet furent celles qui se battirent aussi courageusement que leurs féroces seigneurs. Malheureusement pour les femmes et les enfants, nos hommes n’avaient pas le temps de bien viser (…). Parmi les blessés et les morts, il y eut aussi bien des guerriers que des squaws ou des enfants. »
    Les Arapahos enfourchèrent les mustangs qu’ils avaient réussi à rattraper et, poursuivis par les soldats, s’enfuirent en remontant Wolf Creek. Avec les Blancs se trouvait un homme portant des vêtements en peau de daim. Jim Bridger était une vieille connaissance des Arapahos, un ancien trappeur des vallées de la Tongue et de la Powder qui avait pris pour épouse l’une des femmes de la tribu. Les Indiens le considéraient autrefois comme un ami et l’avaient baptisé Couverture Jim. À présent, c’était un mercenaire, comme les Pawnees.
    Les Arapahos battirent en retraite sur plus de quinze kilomètres ce jour-là. Enfin, lorsque les chevaux des soldats montrèrent des signes de fatigue, les guerriers se retournèrent et, tirant sur les Tuniques Bleues avec leurs vieilles pétoires et leurs arcs, les repoussèrent en début d’après-midi jusqu’au village. Or, les artilleurs avaient installé là deux obusiers. Les gros fusils cracheurs de feu criblèrent l’air de billes métalliques sifflantes. Les Arapahos ne purent aller plus loin.
    Repliés sur les collines, ils virent les soldats mettre à terre tous les tipis, entasser perches, peaux de bison, couvertures, fourrures, et trente tonnes de pemmican, et y mettre le feu. Tout ce que les Indiens possédaient – leurs abris, leurs vêtements et leur réserve de nourriture pour l’hiver – partit ainsi en fumée. Puis les soldats et les Pawnees s’en allèrent, emmenant les mustangs qu’ils avaient capturés, mille bêtes en tout, c’est-à-dire un tiers du troupeau de la tribu.
    Au cours de l’après-midi, Little Horse, le Cheyenne qui avait averti les Arapahos de l’arrivée des soldats, avait entendu les détonations des « grands fusils ». Dès que les soldats furent partis, il retourna au village avec sa femme et sa belle-famille. Ils y découvrirent les corps de plus de cinquante Indiens. Panther, le beau-frère de Little Horse, gisait à côté d’un cercle d’herbe jaunie indiquant l’endroit où, le matin encore, se dressait son tipi. De nombreux Arapahos, dont le fils de Black Bear, devaient rapidement succomber à leurs blessures. Il ne restait rien d’autre aux Indiens que les mustangs qu’ils avaient réussi à protéger,

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